Un portail pour se rappeler le cimetière oublié

Encore aujourd’hui, certains résidents de Notre-Dame-de-Ham ignorent que le premier cimetière de la municipalité était situé en haut de la côte du rang 1 Sud, où pousse maintenant une plantation d’épinettes. C’est pour le rappeler à tous qu’un trio de citoyens vient d’installer un portail en fer forgé à l’entrée de ce qui, jusqu’à 1952, accueillait les défunts de Notre-Dame-de-Ham.

Ce groupe de citoyens est formé de Frédéric Metthé ainsi que des frères Claude et Jules Langlois. Ils travaillent sans relâche depuis quelques semaines afin de ramener, dans la mémoire, ce cimetière abandonné où reposent encore environ 350 personnes.

C’est en 1952 que le diocèse de Sherbrooke a autorisé la fermeture du cimetière (érigé en 1898) et demandé aux citoyens de déménager leurs morts dans le nouveau installé en bordure de la route 161. Seulement 150 dépouilles y ont été transférées sur les 544. En 1959, puisque les lieux avaient été abandonnés, les voisins ont voulu acheter le terrain pour en faire la culture. Leur demande a été acceptée et tout ce qui restait a été poussé dans un ravin tout près.

Les trois hommes souhaitent aujourd’hui, près de 70 ans plus tard, remettre sur la carte le fait qu’un cimetière se trouvait à cet endroit et qu’il ne faut pas l’oublier.

Un mémorial

Marquis Leclerc s’est occupé de la création, avec ses talents de soudeur, du portail (inspiré de l’original selon les souvenirs de Claude Langlois) déjà installé. «On veut rendre hommage aux gens enterrés là et en faire un site de recueillement», ont indiqué les trois hommes rencontrés à la forge. Parce jusqu’à maintenant, il était impossible pour ceux qui passaient de savoir qu’un cimetière a pris place à cet endroit.

Ils ont obtenu l’accord de la succession propriétaire du terrain (grâce à Claude qui est revenu à la charge après un premier refus il y a quelques années) et la Municipalité donne aussi son coup de main notamment avec la mise en place d’un ponceau. Le portail est déjà en place et l’aménagement avance bien. L’inauguration est prévue pour le dimanche 19 juillet, à 14 h.

Le désir de mémoire de ce lieu date de 2016 alors que Jules Langlois, un des fils du propriétaire du terrain où se trouve l’ancien cimetière, souhaitait rendre hommage à ces défunts oubliés. Ayant beaucoup voyagé aux États-Unis, il ne comprenait pas pourquoi partout les cimetières sont conservés même si on n’y enterre plus personne, mais pas chez lui à Notre-Dame-de-Ham.

L’objectif alors était de créer un mémorial fait à partir des pierres tombales abandonnées et poussées dans le ravin. Frédéric Metthé devait documenter le tout avec un film, mais la démarche a finalement été abandonnée, faute de trouver assez de pierres.

Frédéric a tout de même réussi cette année-là à réaliser un documentaire (qu’il vient de remettre au goût du jour) qui s’intitule «Le cimetière oublié» et qu’on peut visionner sur YouTube. De plus, c’est au cours de cet automne 2016 qu’une croix de fer et un mémorial contenant les noms des défunts ont été mis en place dans le deuxième cimetière.

Les plans ont changé, mais l’objectif demeure le même soit de rappeler à tous ce cimetière trop longtemps oublié. Le nouveau portail sera accompagné d’un panneau explicatif et la croix installée au 2e cimetière a déjà été rapatriée et sert de lien d’union entre les deux clôtures. Les autres panneaux seront aussi déménagés du nouveau à l’ancien lieu de sépulture.

Les gens pourront donc venir voir, même s’il est difficile d’imaginer qu’un cimetière se trouvait là tellement la plantation d’épinettes est dense, l’endroit où reposent encore plusieurs centaines de personnes, mais dans l’anonymat. D’ailleurs, pour les aider à avoir une idée des lieux, une vue de Google Earth annotée permettra de voir l’étendue de l’ancien cimetière.

Pas question pour les initiateurs du projet de vouloir déterrer de vieilles chicanes, mais bien de rendre un hommage à ces hommes, femmes et enfants qui ont œuvré à bâtir la petite municipalité. Les visiteurs pourront même sentir l’odeur des roses sauvages qui, à l’époque, décoraient le cimetière et qui refleurissent encore chaque année, peut-être pour rappeler des lieux importants dont il faut se souvenir.