Un peu de Jean-Paul L’Allier à Victo… au temps du «complexe culturel»

HISTOIRE. Avant d’être maire de Québec (1989) et après avoir été ministre libéral des Affaires culturelles (1975-1976), Jean-Paul L’Allier – décédé le 5 janvier dernier – a aussi été consultant. Et il l’avait été pour la Ville de Victoriaville, mandaté par le conseil municipal alors présidé par le maire Denis Saint-Pierre afin de dresser l’inventaire des besoins culturels de la Ville. C’était en 1985, une année où l’on a abondamment échangé sur l’éventualité d’un «complexe culturel»

Après avoir orchestré des audiences publiques en septembre de cette année-là, M. L’Allier avait déposé un rapport d’une centaine de pages où il soumettait trois hypothèses à la Ville de Victoriaville.

La première, qu’il ne recommandait pas, consistait à conserver le statu quo. À l’époque, seule infrastructure culturelle de la Ville, la bibliothèque figurait au 179e rang (sur 179) des villes où les dépenses par habitant étaient les moins élevées.

La seconde proposition du consultant consistait à «aller au plus pressé» en construisant une bibliothèque d’animation et à bonifier les plateaux existants, comme l’auditorium du cégep de Victoriaville et de la salle de spectacles de la Poly Le Boisé.

La troisième, celle qu’il favorisait, visait la construction d’un complexe intégré comprenant entre autres une grande salle de 800 places, une plus petite d’une centaine de places, une aire d’exposition, un café lieu de spectacle et des espaces extérieurs. Les coûts étaient alors estimés à 8 millions $.

Son rapport avait suscité toutes sortes de réactions. Favorables du côté des intervenants culturels comme le défunt Regroupement des organismes culturels des Bois-Francs et Le GRAVE. Indignées du côté des autorités du cinéma Laurier, dont le regretté Paul Gendron. Ce dernier avait déclaré que le cinéma Laurier ne pourrait survivre à la construction d’une salle de spectacles municipale. Et comme s’il avait préfiguré l’avenir, il avait ajouté que si la ville et le gouvernement décidaient d’aller de l’avant avec un projet public, il allait déposer une requête pour que la Ville achète le Laurier. «On va clairer la place car on considère qu’une telle action serait malhonnête et immorale de la part de la municipalité et de la province», lisait-on dans L’Union du 29 octobre 1985 sous la plume de la journaliste Renée Blanchet.

Le maire Saint-Pierre avait accueilli le rapport en disant qu’il ferait l’objet d’une analyse. Il souhaitait qu’il ne soit pas «tabletté».

Il l’aura été pendant trois décennies.