Un nouveau parcours qui enchante Katie Charest

Elle n’avait pas de plan B, Katie Charest. Elle adorait le contact avec le public que lui procurait le commerce La Bonbonnière du centre-ville, dont elle était copropriétaire avec son père Gilles. Elle aurait assurément continué, mais la vie, sans prévenir, en a décidé autrement. Aujourd’hui, sur le point de terminer son programme de formation accélérée qui fera d’elle une préposée aux bénéficiaires (PAB), un de ces «anges gardiens» comme on les appelle, Katie Charest se considère chanceuse. «C’est drôle la vie, parfois. Il faut faire confiance», confie-t-elle en entrevue.

Pourtant, il y a six mois à peine, Katie Charest ignorait tout de la nouvelle avenue qu’elle allait emprunter. C’est qu’après 80 ans dans le paysage victoriavillois, La Bonbonnière a dû fermer ses portes. La pandémie a porté le coup fatal en quelque sorte. «Les dernières années, ce n’était quand même pas une période facile, observe-t-elle. Mais quand la COVID s’est pointée, tout a vite déboulé dès le 12 mars avec les mesures annoncées (confinement, fermeture des entreprises). Pour nous, Pâques et Noël représentaient nos deux grosses saisons. Et on avait effectué nos achats, on s’attendait à connaître notre meilleure période de Pâques.»

Le mois de novembre 2019 a marqué le 50e anniversaire de l’acquisition du commerce par les parents de Katie. «On a vécu de belles années. On ne s’attendait pas que ça se termine ainsi. On ne manquait pas de projets. Ça a été un gros deuil», exprime-t-elle, consciente que tout un ensemble de facteurs a eu raison de l’entreprise commerciale.

Comme les travaux du centre-ville et l’implantation des horodateurs. Katie Charest considère toutefois qu’ils étaient nécessaires les travaux. «On avait encore beaucoup de gens au magasin. Mais nous avons constaté une diminution de l’achalandage dans notre beau centre-ville», note-t-elle.

Et si bien des gens ont fait preuve de réticence avec la venue des nouveaux horodateurs, Katie Charest trouve, pour sa part, que le système est bien fait, permettant aux utilisateurs de pouvoir se déplacer sans devoir payer à nouveau.

L’histoire montre finalement que personne n’est à l’abri. «J’y aurais fait ma vie, mais on se trouve quand même chanceux d’avoir pu être là pendant autant d’années», dit-elle avec philosophie.

Une suite logique

Sur le coup, Katie Charest a eu peine à réaliser la situation. «Il me semblait que cela ne se pouvait pas que ça se termine. Il m’a fallu un peu de temps pour me raisonner et réaliser que c’était vrai», souligne-t-elle. Elle se demandait aussi ce qu’elle allait faire et doutait de pouvoir dénicher un emploi qui la ferait autant triper. Et pourtant…

Katie aurait pu continuer à se poser des questions pendant des mois, mais tout s’est enchaîné quand même rapidement. Elle a entendu parler de la formation pour finalement décider de s’y inscrire. Un choix qui allait devenir une révélation. «Au départ, je n’ai pas trop allumé, mais plus j’y pensais, plus je me reconnaissais dans ce milieu et plus ça me rejoignait. Au magasin, c’était vraiment le côté humain que j’aimais avant tout le reste, le contact avec les gens, l’échange, témoigne-t-elle. Je me suis dit que c’est une belle façon, une belle continuité, car ces gens ont fait vivre ma famille pendant 50 ans. C’est comme une façon pour moi d’être là pour eux. C’est à mon tour de prendre soin d’eux. Tout ça a bien du sens pour moi.»

Katie Charest a entrepris sa formation de trois mois à la mi-juin. Dès le début des cours, elle a senti qu’elle avait fait le bon choix. «Ça a tout de suite confirmé ce que je pensais et encore davantage en commençant les stages. Les résidents sont tellement attachants. Chacun a ses particularités, sa personnalité», fait valoir Katie qui effectue son stage au Centre d’hébergement de Warwick, la ville qu’elle habite.

En début de parcours, son groupe a passé un mois sur les bancs d’école. Puis, à la fin juillet, les stages ont commencé à raison de trois jours par semaine, alors que les deux autres journées étaient consacrées à la formation à distance.

Interrogée sur la formation dispensée, Katie Charest n’a que de bons mots. «On a été chanceux, une formation impeccable! Je lève mon chapeau à l’équipe-école qui a dû tout mettre en branle rapidement et aux professeurs qui ont levé la main, acceptant ainsi de sacrifier leur été», signale-t-elle.

Son chapeau, elle le lève aussi à l’intention des préposés en place dans les centres et avec qui on jumelait les stagiaires. «Au fil du temps, raconte Katie Charest, on prenait de l’autonomie et on voyait s’ajouter des résidents à s’occuper, une clientèle variée, et autant des hommes que des femmes.» La stagiaire apprécie l’ambiance au centre. «C’est un travail d’équipe. On a des résidents attitrés, mais les gens s’aident beaucoup», fait-elle remarquer.

Par ailleurs, la COVID-19 ne l’effraie pas. «Nous sommes super vigilants avec les mesures d’hygiène. Nous avons reçu l’enseignement qu’il fallait pour éviter les transmissions. Et puis, précise-t-elle, nous sommes testés régulièrement, toutes les semaines.»

Quand on lui demande si ce qu’elle vit correspond à ce à quoi elle s’attendait, Katie répond sans hésiter : «C’est au-delà de mes espérances, c’est mon coup de cœur. Je me sens vraiment bien. Je m’étais dit que si j’avais à choisir un autre métier, c’en serait un avec un côté humain fort. Et bien là, je suis servie. Je tripe autant que je tripais à faire ce que je faisais au magasin.» Le programme de formation accélérée prend fin le 14 septembre. Dès le lendemain, la préposée aux bénéficiaires Katie Charest accomplira sa tâche là où on l’affectera.

Au moment de l’entrevue, rien n’était encore décidé. Et cela ne fait aucune différence pour elle. Peu importe l’endroit où les autorités l’enverront, la nouvelle recrue verra aux bons soins et au bien-être des résidents.

Elle se sent confiante et prête pour sa mission. «Il est certain que je n’aurai pas, au début, la vitesse d’exécution des personnes en place depuis longtemps, mais ça viendra avec le temps. J’ai l’impression aussi que, dans mon groupe, tout le monde se sent prêt. C’est ce que j’entends», relate-t-elle.

Après la dure épreuve printanière, Katie Charest se réjouit du dénouement des choses. «En s’inscrivant à la formation, on s’engageait à être disponible à temps plein pour un an, au moins. Moi, ce sera pour tout le temps. Je suis bénie. Je ne me vois pas ailleurs, vraiment», conclut-elle.