Un cercueil victoriavillois à la mesure de René Angélil

FABRICATION. Le cercueil noir dans lequel repose à jamais René Angélil a été fabriqué sur mesure par le manufacturier Fournitures funéraires Victoriaville. «Ça a été une grande et belle aventure», a commenté le président de l’entreprise, Alain Dumont. Lui et son épouse, Michelle Bouffard, se sont d’ailleurs rendus, jeudi matin, à la Basilique Notre-Dame pour offrir leurs condoléances à Céline Dion et à ses proches.

Ils se sont brièvement entretenus avec la vedette qui leur aurait manifesté sa satisfaction, contente que le cercueil ait été fabriqué par des mains québécoises et corresponde aux dernières volontés de son mari, rapporte l’industriel.

C’est René Angélil lui-même qui souhaitait que son cercueil soit fait de bois et qu’il soit noir. «Il avait utilisé l’expression knock on wood pour illustrer ce qu’il voulait.»

M. Dumont raconte que la commande s’est conclue le lundi soir 18 janvier, au terme d’échanges amorcés par un premier coup de fil la veille entre le Centre funéraire Côte-des-Neiges du Réseau Dignité et avec des membres de la famille Dion-Angélil.

Plusieurs manufacturiers auraient été sollicités et pas qu’au Canada, soutient l’industriel. «On a été les premiers à dire «oui»».

Le défi était de taille, non seulement parce que l’usine ne sort jamais de tombe noire, mais parce que l’entreprise disposait d’un délai très serré. Il lui fallait livrer le cercueil pour le mercredi matin. Ce qu’on a réussi.

Dans l’usine de la rue de la Jacques-Cartier, on a mobilisé une équipe réduite d’une dizaine de personnes pour concevoir cet exemplaire unique.

Tout est noir dans ce cercueil de type sofa, sculpté pour ainsi dire, dans de l’acajou massif, même les pièces de quincaillerie. On a recouru à une technique spéciale pour couvrir le bois d’une peinture noire, au fini mat, l’acajou étant naturellement rouge. On n’en connaîtra pas le prix.

Et si le modèle est unique, n’en reste pas moins que certains de ses aspects pourraient influer une ligne de production.

«Oui, on peut en parler comme d’une œuvre. Ç’a été stressant, mais je suis tellement fier du travail de l’équipe! Tellement fier qu’on ait pu travailler pour Céline et René, un couple qui nous a inspirés, Michelle et moi!»

M. Dumont va jusqu’à dire que de tous les célèbres contrats que l’entreprise a honorés, c’est celui dont il est le plus content. «Parce que ça nous a obligés à sortir de notre zone de confort et à montrer que l’on était capables de fabriquer ce que d’autres manufacturiers ne pouvaient pas.»

De l’usine victoriavilloise sont sortis d’autres cercueils pour des personnages, comme l’ancien premier ministre Robert Bourassa, le hockeyeur Maurice Richard, le soldat inconnu, les trois policiers de la Gendarmerie royale – dont le Victoriavillois Dave Ross – tués au Nouveau-Brunswick à l’été 2014, le caporal Nathan Cirillo tué lors de l’attentat d’Ottawa et plus récemment, pour le grand Jean Béliveau.

Alain Dumont ne prend pas parti pour l’un ou l’autre des clans qui s’affrontent sur le bien-fondé d’organiser des funérailles nationales pour René Angélil. «Je ne connais pas les critères pour décider cela. Ce que je peux dire, c’est qu’il y avait du monde! Et que tout cela a donné une vigueur au rituel.»

Pour lui et, particulièrement pour sa conjointe, une admiratrice de la chanteuse courant ses spectacles, «cette rencontre a été un grand jour que d’aller lui offrir nos condoléances».

Parlant toujours de Céline Dion, Alain Dumont dit que c’est une «grande dame». «La rencontre n’a beau durer que quelques minutes, elle sait nous faire sentir qu’on est la personne la plus importante au monde», conclut le président de Fournitures funéraires Victoriaville.