Sylvie Roy explique son départ de la CAQ

VICTORIAVILLE. C’est dans sa circonscription, à Victoriaville, jeudi avant-midi, au complexe L’Évasion, que la députée d’Arthabaska Sylvie Roy avait convoqué la presse régionale et nationale pour expliquer les raisons motivant son départ de la Coalition avenir Québec (CAQ).

«Je tenais à le faire, ici. Je respecte trop les gens d’ici à qui je dois la plus grande allégeance», a-t-elle dit, d’entrée de jeu, avant de préciser ce qui l’a amenée à claquer la porte du parti de François Legault.

«Je voulais reprendre ma liberté d’expression et retrouver la liberté de mon agenda pour les citoyens d’Arthabaska», a-t-elle confié qualifiant la CAQ de parti autoritaire. «C’est un parti très exigeant pour la présence au Parlement, du temps perdu qui m’empêchait de venir plus souvent dans le comté», a indiqué Sylvie Roy.

La députée cite en exemple les trois semaines complètes d’étude des crédits qui l’empêchait de visiter son comté, ou encore la CAQ qui l’envoyait en Abitibi un lundi, une journée habituellement réservée au comté. «J’étais toujours au Parlement, ça n’en finissait plus, tout ce temps coupé pour m’occuper du comté. Ça me fatiguait parce que c’est ici, dans la circonscription, que je trouve ma source, mon énergie», a-t-elle fait valoir.

En retrouvant sa liberté d’expression, la députée d’Arthabaska pourra, a-t-elle précisé, «talonner sans autorisation» le ministre de la Santé pour qu’aboutisse enfin le projet de l’urgence de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.

Pendant trois ans à la CAQ, Sylvie Roy affirme ne pas s’être fait entendre. «C’est ça que je veux ravoir, cette liberté de parole, je veux la retrouver pour les citoyens du Québec et d’Arthabaska, a plaidé l’avocate de formation. En campagne électorale, j’étais le trophée de François Legault, j’étais toujours à ses côtés. On me demandait de parcourir tout le Québec pour se servir de «Miss intégrité, Miss Charbonneau». Puis après la campagne, on m’envoyait dans le garde-robe avec un dossier gros comme ça sur lequel je ne pouvais pas intervenir. Et quand j’avais des idées, c’était tellement compliqué. On ne pensait tellement pas de la même façon. Comme si on ne parlait pas la même langue. Je n’arrivais pas à leur faire comprendre que c’était un bon dossier.»

Pas question d’abandonner

En quittant la CAQ, Sylvie Roy siègera maintenant comme députée indépendante. Jamais il n’a été question, pour elle, de démissionner. «Ce n’est pas dans mon tempérament. Je vais terminer mon mandat. Je n’ai pas l’intention de quitter avec une prime de séparation. J’ai l’intention de consacrer mes efforts dans des dossiers qui me tiennent à cœur et pour les citoyens d’Arthabaska», a-t-elle assuré, soulignant qu’elle aime la politique. «J’aime être au service des citoyens du comté et du Québec», a-t-elle confié.

Le fait de siéger comme indépendante comportera des avantages pour les citoyens d’Arthabaska. «J’aurai le micro pour demander ce dont ils ont besoin. J’aurai du temps pour monter des projets, et je disposerai d’un plus grand budget. L’argent que je remettais à la CAQ pour la recherche me revient. J’aurai donc une marge de manœuvre supplémentaire, a-t-elle signalé. Vous savez, pour un organisme communautaire, un montant de 200 $ peut faire une différence. J’aurai beaucoup de 200 $ pour les aider.»

Par ailleurs, Sylvie Roy estime que les électeurs d’Arthabaska ont davantage voté pour la femme que pour le parti. «J’ai souvent entendu la phrase : c’est vous qu’on voulait et non la CAQ. Plusieurs m’ont aussi avoué leur déception envers François Legault», a-t-elle indiqué, tout en disant croire qu’elle sera désormais plus performante au service d’Arthabaska que lorsqu’elle faisait partie de la CAQ.

S’abaisser

En claquant la porte du parti, Sylvie Roy s’attendait à des attaques personnelles. «Je savais qu’il (François Legault) serait vindicatif. Je m’y attendais aux attaques. Ça renforce ma décision de quitter le parti», a-t-elle dit.

La CAQ s’abaisse en agissant de la sorte, estime la députée d’Arthabaska qui dit avoir reçu des témoignages d’appui de collègues et d’employés de la CAQ. «Ils trouvent surprenant voire inconcevable qu’un représentant d’un chef de parti avec son assentiment s’attarde à salir la réputation de quelqu’un, c’est rare en politique. François Legault m’a dit : tu veux faire mal au parti, on va te faire mal. Ça en dit long sur l’esprit qui anime les représentants de ce parti», a fait savoir la députée tout en ajoutant qu’il y a «d’autres priorités en politique que de tenter de nuire consciemment à la réputation de quelqu’un malgré les défauts et faiblesses qu’on veut m’imputer.»

Sylvie Roy croit que François Legault commence à paniquer. Elle rejette, par ailleurs, du revers de la main le problème d’alcool que certains semblent vouloir lui attribuer. «Essayez de trouver une photo de moi au Parlement, dans une activité de comté ou de parti, avec un verre de vin à la main. Je ne bois que de l’eau», a-t-elle répliqué.

La CAQ n’a pas tenté de retenir Sylvie Roy. «Non, je savais que si je téléguidais mon départ, ils allaient fourbir leurs armes et m’attaquer. Je savais que c’est ce qui arriverait. J’ai même avisé ma mère qu’une tempête s’en venait», a exprimé la députée soutenant que la population n’apprécie guère ces attaques personnelles.

Quant à la rencontre avec François Bonnardel de la CAQ, lundi, Sylvie Roy  qualifie l’homme de «paternaliste» et à la limite de «macho». «Je pense qu’elle a agi comme un déclencheur de ma réflexion et de mon accélération pour devenir indépendante. Il n’a pas à venir me dire ce que je dois faire dans ma vie. Qu’il s’occupe de son parti, moi, je m’occuperai de mes affaires», a-t-elle déclaré.