SIUCQ : des bénévoles passionnés et motivés

Trois retraités, mais trois hommes toujours actifs, passionnés et motivés par leur engagement au sein du Service d’intervention d’urgence civil du Québec (SIUCQ). Par beau ou mauvais temps, le jour comme la nuit, Michel Brouillet, Serge Lebel et Yves Gareau n’hésitent aucunement à répondre à l’appel lorsque sonne leur téléavertisseur.

«Il n’y a pas d’âge pour faire du bénévolat», assure Michel Brouillet, 74 ans, bientôt 75. Retraité de Postes Canada, il a aussi été pompier à temps partiel, d’abord dans l’ancienne Arthabaska, puis à Victoriaville.

Il a encore en mémoire deux incendies importants qu’il a combattus, ceux du centre commercial Bellevue et de l’entreprise Hockey Victoriaville.

Yves Gareau, lui, a fait carrière pendant près de 32 ans comme pompier à Montréal, dont 23 ans à conduire, au centre-ville, le camion-pompe, celui qui sortait, dit-il, le plus souvent à raison de 2800 fois par année. Installé dans la région il y a quatre ans, il n’a pas tardé à joindre les rangs du SIUCQ en décembre 2017.

Serge Lebel, pour sa part, a œuvré pendant 20 ans chez Posi + et autant d’années à l’ancienne Forano. Il fait partie du SIUCQ depuis la mise sur pied du service au printemps 2012.

L’organisation a connu un début en lion avec, comme toutes premières interventions, l’émeute de mai 2012 à Victoriaville suivie, quelques heures plus tard, du violent incendie chez Olymel à Princeville.

Un élément caractérise particulièrement les trois hommes : le bénévolat. L’inactivité pour eux, non merci!

Le moment de la retraite venu, Serge Lebel s’est mis au bénévolat, devenant notamment chauffeur d’autobus pour la Fondation de l’Ermitage. «Ma motivation, c’est de rendre service aux gens, de faire quelque chose qui fait une différence», confie-t-il.

Même son de cloche pour Yves Gareau. «À Montréal, j’ai notamment participé aux paniers de Noël des pompiers pendant 29 ans. J’ai aussi fait Nez Rouge durant six ans. En arrivant dans la région, je me cherchais quelque chose à faire. Le bénévolat, j’ai ça dans le sang», raconte-t-il.

Michel Brouillet, lui, a joint les rangs du SIUCQ il y a cinq ans. Depuis, il répond présent, tout comme Yves et quelques autres membres, à presque toutes les interventions. Il a d’ailleurs reçu, en 2019, le mérite d’argent pour avoir pris part au plus grand nombre d’interventions et avoir consacré le plus d’heures, derrière Michel Pellerin qui a décroché l’or, tandis qu’Yvon Charland méritait le bronze.

Les trois bénévoles ne s’en cachent pas : ils aiment l’action. Ils font partie de ceux qu’on retrouve le plus souvent lors des interventions. «On en mange», lance Yves Gareau.

Aujourd’hui, Serge Lebel, devenu adjoint à la direction générale et responsable des communications, fait un peu moins de terrain. «Mais, les cinq, six premières années, j’étais présent partout», souligne celui qui, comme les sept autres officiers du SIUCQ, assure son tour de garde, déterminé en fonction des disponibilités de chacun. «L’officier de garde est celui qui assume la responsabilité de l’intervention lorsque sonnent les téléavertisseurs», explique-t-il.

Et les interventions surviennent à tout moment. Les bénévoles du SIUCQ, quand on fait appel à leurs services, se mettent en direction, peu importe les conditions.

Cet hiver, une nuit, en pleine tempête, ils ont dû se rendre à Kingsey Falls. «J’ai passé par Sainte-Élizabeth. J’ouvrais le chemin», se souvient Michel Brouillet. «Les forts vents secouaient l’autobus», ajoute Yves Gareau.

Il se rappelle aussi une autre tempête, il y a deux ans, où il devait, avec un collègue, patrouiller la route de la Grande-Ligne entre Victoriaville et le site d’enfouissement à Saint-Rosaire pour ralentir la circulation et vérifier les fossés pour découvrir de possibles sorties de route.

Parfois, les bénévoles ont à composer avec des froids sibériens, comme lors du récent feu de garage à la Station du Mont Gleason ou encore lors de l’incendie d’un immeuble de 12 logements, il y a quelques années, sur la rue Sylvain à Victoriaville. «C’est remarquable le travail qu’ils font. De les voir plantés par grand froid au coin d’une route pour faire la circulation, il faut le faire, surtout avec le salaire qu’on a, nous sommes bénévoles», rappelle Serge Lebel.

Pourtant, malgré le travail qu’ils effectuent, le soutien qu’ils apportent et bien qu’on se soit habitué à leur présence depuis neuf ans, certains citoyens trouvent le moyen de rechigner. «Ce qui me frappe le plus, c’est que nos gens donnent du temps, ce sont des bénévoles et ils se font insulter parce qu’un chemin est bloqué. C’est très ordinaire», déplore Serge Lebel.

«D’autant qu’on ne fait qu’obéir aux ordres. Les décisions, les directives viennent d’en haut», renchérit Yves Gareau.

Malgré toute la visibilité et l’information dont le SIUCQ a fait l’objet, l’organisation, observe Serge Lebel, demeure encore méconnue auprès d’une grande majorité de la population.

Ce service regroupe une quarantaine de bénévoles et dispose d’une flotte de 11 véhicules, dont deux autobus, l’un destiné aux sinistrés et l’autre pour assurer un temps de repos aux pompiers.

Le SIUCQ intervient, non seulement, sur les lieux d’incendies, mais en diverses situations, comme les inondations pour veiller à des périmètres de sécurité et aider aux évacuations. Certains bénévoles ont aussi reçu une formation pour aider à la recherche de personnes disparues en forêt.

Des formations, les membres du SIUCQ en suivent de toutes sortes, à commencer par les premiers soins. Un cours de conduite a également été dispensé.

On fait aussi appel aux bénévoles du SIUCQ en soutien à diverses activités populaires pour les questions de sécurité, de périmètre et de fermeture de rues.

Quelques statistiques

Le SIUCQ, en 2019, a connu une année record avec 48 interventions, sans compter sa participation à quelque 35 événements.

L’an dernier, on a dénombré 28 interventions, mais, pandémie oblige, les événements populaires ont tous été annulés. «Un jour, ça reviendra à la normale», dit Yves avec philosophie.

Depuis le début de l’année 2021, les services du SIUCQ ont été requis à cinq ou six occasions.

En tout temps, les bénévoles sont prêts. Il est valorisant pour eux de s’occuper de personnes sinistrées, de les héberger dans leur véhicule avant l’intervention de la Croix-Rouge et de les reconduire ensuite à l’hôtel.

«Je me souviens, se remémore Michel, d’une famille avec neuf enfants éprouvée lors d’un incendie. On les avait conduits à l’hôtel d’abord, puis dans un commerce où avec l’argent qu’elle avait reçu, elle a pu pendant deux heures magasiner des vêtements.»

«Les policiers apprécient également notre présence. On les libère. Ils peuvent effectuer leur travail de police au lieu de faire la circulation», mentionne Serge Lebel.

Il y a aussi l’entraide, au besoin, entre les SIUCQ des MRC d’Arthabaska, de Drummond et de la Mauricie.

Pour Michel, Yves et Serge, le SIUCQ constitue une petite famille. «On est un petit groupe qui se tient», confie Yves Gareau. En temps normal, ils se réunissent tantôt au camping, tantôt à la cabane à sucre ou pour un café. «On se tient ensemble. Moi qui suis de l’extérieur, c’est ma famille, mes amis, mon monde», exprime-t-il.

«C’est valorisant le bénévolat. Ça permet de rencontrer des gens. Si tu aimes les défis et travailler en équipe, viens te joindre à nous», lance Michel Brouillet en guise de conclusion.