Sept étages font ombrage au projet du Réseau Sélection

Si le projet de complexe résidentiel pour retraités que projette construire pour 45 millions $ le Réseau Sélection en lieu et place du Loblaws en fait tiquer certains, c’est surtout en raison de sa hauteur. Le promoteur propose sept étages pour deux ailes et six pour la troisième. Des résidents du voisinage craignent que le nouveau bâtiment leur fasse ombrage.

Une trentaine de personnes ont assisté à la séance de consultation publique convoquée par la Ville de Victoriaville à laquelle participaient des représentants du promoteur et de la firme d’architectes ACDF ayant l’habitude de travailler avec le Réseau Sélection. Ce dernier développe, construit et gère quelque 10 000 unités au Québec.

Il n’y avait pas que des résidents du voisinage dans la salle du conseil. On y a aussi reconnu des entrepreneurs espérant que le promoteur s’adjoigne des fournisseurs locaux ainsi que des représentants d’autres résidences pour aînés.

Matthieu Gioanni, directeur de projets, développement du Réseau Sélection, a présenté des esquisses du futur complexe qu’il souhaiterait voir commencer à s’élever dès le printemps prochain. Le promoteur prendrait tout au plus 12 mois pour le bâtir en une seule phase. Il a spécifié que le cadre de vie était idéal dans ce secteur et que, dans le paysage, il ferait contrepoids à ce qui existe actuellement.

Du 7 et du 6 étages

Pour l’instant, parce que le projet en est à ses «premiers balbutiements», on a surtout pu voir l’emplacement et la volumétrie du bâtiment.

Les trois ailes du complexe prendraient la forme d’un U, dont la base longerait la rue Carignan. Les deux «bras» du U seraient ainsi perpendiculaires à la rue Carignan. Seule l’aile du côté de la rue Octave comporterait six étages. Le tout serait ceinturé d’une haie d’arbres, des conifères et des feuillus, a précisé M. Gioanni. Le rez-de-chaussée ferait place à des commerces et à l’intérieur des aires communes – pour manger ou se récréer – seraient aménagées.

La Ville a imposé deux conditions. L’une porte sur la distance séparatrice entre le futur bâtiment et les résidences actuelles, l’autre liée à la volonté municipale d’augmenter les espaces verts.

Le complexe d’environ 250 unités résidentielles n’occuperait qu’une portion du vaste terrain de 217 000 pieds carrés qu’a acquis le promoteur, 30 000 pieds carrés alors que le supermarché déserté par Loblaws en occupe 75 000 pieds carrés. La «mer d’asphalte» disparaîtrait, a dit le directeur de projets, alors que 15 000 pieds carrés tourneraient au vert. On compterait 191 aires de stationnement. «Trop coûteux», a répondu M. Gioanni pour construire un stationnement souterrain.

Pourquoi ne pas étaler le complexe sur l’ensemble du terrain et, ainsi, le réduire de sept à quatre étages?, ont demandé des résidents de la rue Octave, disant «voir venir» plus tard, une autre construction de plus de trois étages comme l’autorise le zonage actuellement.

Matthieu Gioanni a opposé deux arguments pour justifier la hauteur du complexe. En bâtissant en hauteur, on réduit son empreinte au sol, ce qui laisse place à plus d’espaces verts, a-t-il souligné. Il a également dit qu’un édifice plus compact favorisait à l’intérieur, la distance à parcourir pour les résidents, tous les aînés n’ayant pas la même mobilité.

S’il se construit sur sept étages, le complexe deviendrait l’un des trois plus hauts bâtiments de Victoriaville, avec l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska et la Résidence pour étudiants du Cégep, a-t-on fait remarquer. «On va vivre sous un parapluie», s’est exclamée une citoyenne bien peu convaincue, par ailleurs, que tous les résidents pourront se déplacer à pied… pour leur épicerie ou leurs emplettes aux centres commerciaux.

Déjà, certains se préparent à amasser les signatures nécessaires pour demander l’ouverture d’un registre, s’opposant à ce que la Ville autorise une construction d’une telle hauteur. Un avis devant être publié le 21 janvier appellera ces signatures.

D’autres questions

Beaucoup d’autres questions ont été abordées au cours de la séance de consultation ayant duré près de deux heures.

Il a été question de «pollution lumineuse» et d’une nouvelle pression sur la circulation dans ce secteur. Là-dessus, le directeur du service de gestion du territoire, Jean-François Morissette, a répondu qu’au temps du Loblaws, y circulaient 1600 véhicules par jour.

Une jeune femme se demande si la Ville entretenait une vision à long terme avec toutes ses unités résidentielles pour aînés qui s’élèvent au centre-ville, craignant qu’un jour elles se vident. Les prévisions démographiques justifieraient l’ajout de telles habitations résidentielles et pour longtemps, a indiqué Patrick Préville. Et puis, déjà, le Réseau Sélection bâtit aussi des édifices multigénérationnels.

«C’est un projet fantastique qu’il faut appuyer!», a soutenu un homme d’affaires et résident du voisinage parce qu’il amène des investissements à Victoriaville, qu’il crée des emplois (une trentaine) et qui «réveillera le centre-ville!»

Y’aura-t-il climatisation, unité de soins, souci de l’acoustique, services de restauration, lockers et quel sera le prix des loyers?, ont demandé d’autres citoyens… plus âgés.

Les gens du Réseau Sélection ont répondu affirmativement à toutes ces questions, sauf pour le coût des logements locatifs (du deux à du quatre et demi). Le projet n’est pas assez avancé pour lancer un prix, ont répondu les gens du Réseau, se contentant de dire que les prix «seraient abordables».

Et, non, le personnel des complexes qu’a construit le Réseau n’est pas syndiqué.