Savoir se renouveler pour passer la crise

Une entreprise familiale, la boutique Sylvia, installée depuis trois ans en plein centre-ville de Victoriaville après des débuts à Princeville, a subi, comme bien d’autres, les contrecoups de la pandémie. Mais les trois artisanes n’allaient certainement pas abdiquer devant l’adversité. Elles sont su se renouveler ou «se réinventer» pour emprunter le verbe maintes fois utilisé.

Le commerce a pour spécialité la vente de robes de mariée et de bal. Or, les mesures imposées en raison de la COVID-19 ont mené à une diminution considérable de cette source de revenus. «Nos ventes de robes de mariée et de bal se font principalement de janvier à mars. On en avait conclu plusieurs en début d’année, mais à partir de mars, ça a beaucoup diminué», note Catherine Rousseau, conseillère et responsable du service à la clientèle et du site Web.

Arrivent les mesures et le confinement. Catherine, sa mère Nancy Ruel qui voit à l’administration et sa tante Sylvie, l’artiste et la couturière, profiteront donc du premier mois de confinement pour procéder au lancement de la boutique en ligne. «Nous avons bâti un tout nouveau site transactionnel, on a changé le serveur, pour que notre site soit encore plus accessible», indique Catherine.

De là, les trois commerçantes ont convenu de lancer une nouvelle division, Petits Calyn-Ours, pour développer ainsi une nouvelle gamme de produits, la literie pour enfants : du cube d’éveil aux doudous, couvertures et serviettes en passant par les peluches et coussins. Des produits qui permettent à l’artiste Sylvie Ruel de laisser libre cours à son inspiration pour peindre les tissus à la main et même les personnaliser, selon la demande des clients.

«Cette nouvelle division allait nous permettre d’avoir un revenu pendant que nous sommes fermés, pour dire aux gens que nous sommes encore là, que nous continuons, qu’on ne baisse pas les bras. On garde le cap jusqu’à ce qu’on puisse recommencer les événements», souligne-t-elle.

La pandémie a, si on veut, accélérer la mise en place de cette idée qu’on avait, mais non pas dans l’immédiat. «On ne l’envisageait pas rapidement, parce qu’on n’avait pas beaucoup de temps. 2020 s’annonçait pour être une très bonne année pour nous. On surpassait nos chiffres. Mais c’était quand même un projet qu’on avait à cœur. On a toujours aimé les produits pour bébés», raconte Catherine Rousseau.

Le ralentissement économique constituait donc un bon moment pour aller de l’avant avec ce nouveau projet. «On a alors entamé des recherches, trouver des fournisseurs de tissus, identifier des modèles qu’on souhaiter créer», explique-t-elle. Le processus a donc été enclenché. «On s’est dit : go! On fonce, on en fait le plus possible en prévision du jour où les événements (mariages et bals) reprendront de façon à avoir l’inventaire souhaité dans la division bébés afin de nous concentrer alors sur les robes», mentionne Catherine Rousseau.

Parce que, oui, la boutique Sylvia continuera d’exploiter, à l’avenir, les deux divisions. «Ce sont deux divisions quand même différentes, signale-t-elle. De toute façon, pour ma tante, notre couturière, il y avait toujours un temps mort, un temps un peu plus tranquille d’octobre à février. On profitera de cette période pour confectionner les trucs pour bébés.»

Déjà cette nouvelle collection suscite un bel enthousiasme. «Nous avons quand même été surprises parce que lancer une nouvelle collection en pleine pandémie, on ne peut l’afficher autant ni se fier au bouche-à-oreille, les gens ne pouvant venir en magasin, expose Catherine. Tout se trouve sur Internet. Mais, dans leurs commentaires, les gens qui ont acheté nous disent qu’ils aiment les tissus, les différents produits pour les nouveaux nés jusqu’à 24 mois. C’est plaisant aussi de voir les photos et les vidéos que les clients nous envoient de leurs enfants s’amusant avec, par exemple, un cube d’éveil ou des doudous.»

Malgré tout, les derniers mois n’ont pas été de tout repos. L’année a été difficile pour la petite entreprise. «On est satisfait de notre nouvelle division. Ça va bien. Ça nous permet de continuer, mais on n’a pas rattrapé ce qu’on a perdu en chiffre d’affaires. Par chance, on a pu bénéficier de l’aide gouvernementale», note Catherine Rousseau.

Maintenant, en regardant vers l’avant, les trois femmes ont hâte d’un retour à une vie plus normale. «On a hâte que les événements redémarrent, on a hâte de pouvoir relancer la machine, de rouvrir la boutique et de revoir les gens en magasin. On s’en ennuie», conclut-elle.