Rassemblement monstre du Front commun

En grève pour une deuxième journée, les travailleuses et travailleurs regroupés au sein du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) ont été nombreux, mercredi, à marcher depuis le Pavillon Agri-sports jusqu’à la Place Sainte-Victoire où ils se sont rassemblés après avoir emprunté la rue de la Gare tout juste devant les bureaux du député d’Arthabaska et whip en chef du gouvernement, Eric Lefebvre.

Musique, nourriture et café, structure gonflable pour enfants, la manifestation a pris des airs de fête familiale à laquelle ont pris part, selon les estimations des représentants syndicaux, plus de 2000, voire près de 3000 personnes. 

Le rassemblement regroupant des grévistes de différents milieux, des enseignants du réseau scolaire, des travailleuses des services de garde, des professionnels, des employés de soutien, des professeurs du Cégep et des employés du réseau de la santé.

Des représentantes syndicales ont pris la parole, dénonçant notamment l’attitude du gouvernement. 

« Il fait peut-être froid dehors, mais pas aussi froid que l’attitude du gouvernement face à nous. Présentement, si rien ne change, notre système public est en train de couler. Partout, on voit des pénuries de personnel, des gens quittent le bateau. Le bateau n’est plus en train de couler, le bateau est maintenant dans le fond », a lancé Manon Hamel de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) du Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). 

Le gouvernement, selon elle, manque d’ouverture en demeurant axé sur ses propres demandes.  « On veut ouvrir le dialogue sur nos demandes et parler des vraies choses. On veut parler des choses qui sont bonnes pour vous.

Mais malgré tout, c’est toujours un non, toujours les propres demandes du gouvernement qui passent avant les vôtres. Et ça c’est fini, on ne peut plus tolérer ça, a-t-elle soutenu. Il faut continuer à tenir tête, continuer d’être dans les rues, faut se tenir tous ensemble pour faire face à ce gouvernement qui ne veut rien savoir de vous. »

Le rassemblement de tous les syndiqués, a poursuivi Nathalie Lacourse du Syndicat du personnel de soutien scolaire des Bois-Francs (CSN), vise un même but. « On veut de belles conditions de travail, on veut un salaire, on veut que notre métier de travailler avec les jeunes soit encore le plus beau métier du monde », a-t-elle fait valoir. 

Mais elle dit constater qu’avec les conditions actuelles, les gens quittent le navire de plus en plus tôt. « On a déposé nos demandes il y a plus d’un an et toujours pas de nouvelles, ils ne veulent rien savoir. Pourtant, ils se votent des 30%,  mais on nous propose 10,3% tandis qu’ils offrent des millions de dollars à des joueurs de hockey », a-t-elle déploré, en faisant référence à la décision du gouvernement de subventionner la venue des Kings de Los Angeles au Colisée Vidéotron à Québec.

« Ils en trouvent de l’argent quand c’est pour leur bien. On ne lâche pas, solidarité! », a-t-elle terminé.

Pour sa part, Nancie Lafond du Syndicat de l’enseignement des Bois-Francs (SEBF-CSQ) a mis l’accent sur « la pénurie qui nous concerne tous et qui affecte cruellement les services publics dispensés auprès de la population ».

« Le Québec, a-t-elle souligné, n’a pas les moyens de se priver de celles et ceux qui soignent, qui enseignent, qui accompagnent, qui surveillent, qui guident, qui soutiennent, bref, ceux et celles qui prennent soin. » 

Elle a fait valoir que les employés de l’État participent aussi au développement de la société québécoise.  « Nous contribuons à sa richesse et à sa prospérité.

La population a besoin de pouvoir compter sur des personnes qui tiennent à bout de bras le réseau de la santé et des services sociaux, le réseau de l’enseignement supérieur et le réseau scolaire. »

Rappelant que le personnel est à bout de souffle, Nancie Lafond déplore que leur cri du cœur soit ignoré par les patrons. Elle aussi a fait référence à la décision de Québec concernant le hockey. « Que doit-on faire pour être entendus, valorisés et reconnus? Jouer au hockey? Eh bien, passez-nous la puck et on va en compter des buts! Solidarité! », a-t-elle conclu.

Pareille mobilisation, a confié Mme Lafond, n’est pas chose fréquente avec, en plus, un très grand appui de la population. Cela ne s’est pas vu depuis plusieurs décennies, selon elle.