Quand trois candidats et un chef se prononcent sur l’environnement

En présence d’une soixantaine de personnes, mercredi soir, dans la salle de groupement du Cégep de Victoriaville, trois candidats à l’élection dans Arthabaska et un chef de parti ont été confrontés à diverses questions liées à la gestion de l’eau, à l’agriculture et au climat.

Dans l’ordre, le chef de l’APQ, Sébastien Roy, le candidat de la CAQ, Eric Lefebvre, le candidat du PQ, Jacques Daigle et le candidat de QS, William Champigny-Fortier (Photo www.lanouvelle.net)

Organisée par le Comité citoyens sur les gaz de schiste Victoriaville en collaboration avec d’autres groupes, cette «assemblée citoyenne sur l’environnement» a réuni le député sortant et candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ), Eric Lefebvre, le candidat du Parti québécois (PQ), Jacques Daigle, le candidat de Québec solidaire (QS), William Champigny-Fortier, de même que le chef du nouveau parti Alliance provinciale du Québec (APQ), Sébastien Roy, en remplacement du candidat Jean Landry retenu, semble-t-il, par un autre engagement.

Les organisateurs n’ont eu aucune nouvelle, ni accusé de réception du Parti conservateur du Québec et de sa candidate Lisette Gaudreault. Le Parti libéral du Québec n’a, lui non plus, délégué aucun représentant pour remplacer son candidat Pierre Poirier dont l’absence était attribuable à un conflit d’horaire, a-t-on dit. «L’absence de ces deux partis est-elle le signe du peu de fierté de leur programme en matière d’environnement? À vous d’y répondre», a lancé l’animateur de la soirée, Serge Fortier, cofondateur en 2010 du mouvement devenu Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.

L’animateur Serge Fortier (Photo www.lanouvelle.net)

L’organisation de cette soirée s’inscrivait dans le contexte où les préoccupations environnementales sont très peu discutées, «voire même absentes» dans cette campagne électorale, a souligné M. Fortier.

«Chaque parti nous promet pleins de choses en santé, en éducation, en immigration et au niveau économique. Pourtant, ces promesses ne peuvent être concrétisées si l’environnement continue de se détériorer, a souligné Serge Fortier. La communauté scientifique mondiale est unanime. On est en crise climatique. Pour l’environnement, il n’est plus le temps de promettre, de remettre au lendemain ou de passer outre. Il faut agir et vite!»

Questions réponses

Les participants ont disposé de quelques jours pour se préparer, après avoir reçu les 10 questions élaborées par les organisateurs.

On a pu les entendre s’exprimer sur la protection de l’eau, sur le projet de restauration du réservoir Beaudet et des actions à privilégier pour améliorer la situation en amont.
Des questions sur l’agriculture bio, sur l’étiquetage des aliments leur ont aussi été adressées.

(Photo www.lanouvelle.net)

Voient-ils aussi la situation actuelle comme un état d’urgence climatique. Oui, cela fait l’unanimité pour les candidats qui estiment nécessaires des actions rapides. Sinon, «on fonce vers un mur», a indiqué William Champigny-Fortier de QS.
C’est lui aussi qui a fait savoir que son parti s’affichait «tellement contre la fracturation hydraulique», tandis que Sébastien Roy de l’APQ ne veut pas l’interdire. «Je ne me ferai pas d’amis», a-t-il dit.

Des propos plus nuancés pour Eric Lefebvre de la CAQ qui a affirmé l’opposition de son parti pour la fracturation en milieu hydrique. «Il faut mieux encadrer l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures. Toute exploitation de ce type doit respecter les normes environnementales et obtenir une acceptabilité sociale», a-t-il signalé.

À savoir ce qu’ils feraient dans un gouvernement pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre (GES), le péquiste Jacques Daigle a soutenu que la solution résidait dans l’électrification des transports. «Ceux-ci constituent la plus grande source de pollution», a-t-il noté.

Le candidat de QS a suscité les applaudissements de l’auditoire. «La question de l’environnement est trop sérieuse pour la laisser entre les mains des partis politiques. C’est à vous, c’est aux citoyens de se mobiliser, de faire pression sur les élus, de se faire entendre et de brasser la cage pour que ça change pour vrai», a exprimé William Champigny-Fortier.

(Photo www.lanouvelle.net)

Éric Lefebvre, pour sa part, a fait valoir la nécessité de moins dépendre des énergies fossiles en favorisant une augmentation de l’exportation d’électricité.

Le chef de l’APQ, de son côté, est plutôt d’avis d’éviter le déplacement des problèmes ailleurs. «Il faut prendre nos responsabilités et investir pour protéger l’environnement. Pas d’argent, pas de protection», a-t-il précisé.

Des questions du public

Les candidats ont également dû faire face à des questions sur le vif, des questions provenant de groupes.

S’engagent-ils à maintenir l’interdiction d’une vente massive d’eau? Pour William Champigny-Fortier de QS, cela ne fait aucun doute. «Pas question que ça se fasse, pas question de vendre de l’eau.»

«Oui, pour le moment, a répondu Sébastien Roy de l’APQ. Mais il faudrait savoir de quelle quantité on parle et dans quelles circonstances.»

Pour Éric Lefebvre de la CAQ, l’État se doit d’être responsable. «Un État responsable ne vend pas d’eau en quantité importante.»

Cette question n’a pas été abordée au PQ, a reconnu Jacques Daigle. «Mais fondamentalement, l’eau n’est pas un commerce. Et l’État a un rôle de protection de l’eau et de l’environnement», a-t-il souligné.

Chacun des participants a  aussi fait valoir l’importance d’une réduction des pesticides.

Et on les a interrogés, enfin, sur les incitatifs qu’ils pourraient apporter aux communautés pour les soutenir dans la transition énergétique.

«Je ne peux rien promettre, a répondu Sébastien Roy, mais on s’engage à défendre Arthabaska plus que n’importe quelle grosse formation politique avec sa ligne de parti.»

«Ma porte est toujours ouverte, a mentionné Éric Lefebvre. Dites-nous ce que vous voulez, les éléments qui vous intéressent et je les acheminerai à l’Assemblée nationale.»

Pour Jacques Daigle, il importe de redonner le pouvoir aux régions, aux municipalités. «Les solutions seront décidées par les citoyens en lien avec leur municipalité, leur région», a-t-il dit.

Son de cloche similaire du côté de Québec solidaire. «Il faut permettre aux régions et aux villes de développer elles-mêmes leurs projets plus verts, tout en leur donnant aussi la possibilité de pouvoir adopter des règlements plus contraignants», a confié William Champigny-Fortier.

À quelques occasions, par ailleurs, on a pu entendre les capsules environnementales du scientifique Marc Brullemans, un biophysicien engagé depuis longtemps dans la lutte pour la protection de l’environnement.

Le scientifique Marc Brullemans a présenté des capsules environnementales au cours de l’assemblée. (Photo www.lanouvelle.net)

L’état d’urgence climatique actuel, a-t-il fait savoir, s’explique par la grande utilisation, en quantité industrielle, du charbon, du gaz naturel et du pétrole depuis 1800. «On les a brûlés en grande partie, libérant dans l’atmosphère des quantités toujours plus grandes de CO2. Il faut diminuer la consommation et la production des énergies fossiles, et même la réduire à zéro d’ici 30 ans. Sinon, nous éprouverons des difficultés à faire face à la musique, au désordre climatique», a-t-il expliqué.

«L’urgence est là, les scientifiques sonnent l’alarme depuis 50 ans. Le réchauffement planétaire et les changements climatiques sont à prendre au sérieux. Ces changements vont plus vite que nous. On a les outils pour agir efficacement. Mais on manque de leadership et d’ambition pour faire ce que nous devons faire», a-t-il fait valoir.