Protéines végétales vs animales : «Il y a de la place pour tout le monde», a dit la ministre Bibeau

Malgré une montée en popularité remarquée des produits à base de protéines végétales, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, Marie-Claude Bibeau, n’anticipe en rien un déclin de la production animale au pays. « Il y a de la place pour tout le monde », insiste-t-elle.  

Son ministère a bien investi des «centaines de millions» dans la Supergrappe des industries des protéines du Canada, mais la députée libérale ne prévoit cependant pas de grande transition de la viande vers les plantes sur les terres agricoles canadiennes.

«Un moment donné, ça devient des décisions d’affaires. Je vois encore de l’avenir pour les deux, probablement un plus grand potentiel de croissance du côté des protéines végétales, mais la population mondiale grandit et la classe moyenne mondiale augmente aussi», avance-t-elle.

Une récente chronique du directeur du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, rapportait des statistiques de Nielsen démontrant que depuis le début de l’année 2020, les ventes de produits à base de protéines végétales ont augmenté de 31% au pays. «Au détail, le marché des substituts à base de protéines végétales atteint presque les 300 millions de dollars. D’ici 2025, avec la restauration, ce marché pourrait dépasser le cap du milliard de dollars», rapportait le spécialiste dans son texte publié par les Coops de l’information.

Sylvain Charlebois déplorait du même coup la vente de la division de yogourt d’Agropur à l’important groupe laitier français Lactalis, ces premiers n’étant pas prêts à entreprendre le virage végétal comme le désiraient les consommateurs.

Devant ces chiffres, Mme Bibeau y voit plutôt une grande opportunité pour les producteurs de grains canadiens. «C’est définitivement un secteur sur lequel on mise beaucoup et dans lequel on investit beaucoup, et la Supergrappe nous permet de la faire», mentionne-t-elle à propos de cette entité d’innovation, dont l’objectif est d’augmenter la valeur des principales cultures canadiennes (canola, blé et légumineuses) et de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger, notamment en répondant à la demande de substituts de viande.

Viande de laboratoire

En décembre, l’entreprise Eat Just célébrait la légalisation de sa viande de poulet fabriquée entièrement en laboratoire à Singapour, une première dans le monde, selon elle. Le prochain défi, selon l’entreprise aux grandes ambitions qui vante la durabilité et l’humanité de son produit, sera de rendre plus abordable ce type de production.

Pourrait-on voit ce type de viande débarquer au Canada bientôt? «C’est certain que l’Agence canadienne d’inspection des aliments suit ça, répond Marie-Claude Bibeau. Ce n’est pas quelque chose sur lequel je suis sollicitée, ni d’un côté ni de l’autre. On regarde ça avec un peu de distance, pour le moment.»

La Tribune