Projet novateur menacé par le gouvernement Couillard
VICTORIAVILLE. Joie, mais aussi déception, ont marqué l’annonce, mercredi après-midi à Victoriaville, d’un nouveau projet novateur visant à favoriser la participation citoyenne et l’implication des adolescents pour les aider à devenir de super citoyens.
Déception parce que la récente annonce du gouvernement d’abolir les Forums jeunesse régionaux menace les deux dernières années ce projet prévu sur trois ans par les promoteurs, soit le Regroupement des maisons de jeunes du Centre-du-Québec et le Forum jeunesse Centre-du-Québec.
Le projet qu’on élabore depuis environ deux ans constitue une première au Québec. Il rejoindra plus de 2800 jeunes âgés de 12 à 17 ans, membres de 15 des 17 maisons de jeunes du Centre-du-Québec. Toutes les maisons de jeunes des MRC d’Arthabaska et de L’Érable y prennent part. «On veut, avec ce projet, aider les jeunes à devenir de super citoyens, leur permettre de développer leur expertise en matière de participation citoyenne et d’implication sociale. Les jeunes feront l’apprentissage des mécanismes de la démocratie et les expérimenteront», a expliqué Josée Binette, porte-parole du Regroupement et coordonnatrice de la Maison des jeunes de Saint-Ferdinand, devant plusieurs maires et élus des Bois-Francs et de L’Érable réunis pour l’occasion à l’hôtel de ville de Victoriaville.
Dans chacune des maisons de jeunes participantes, on élaborera des outils de vulgarisation de la démocratie. On prévoit également des formations et des ateliers de sensibilisation à l’aspect démocratique. «On sortira aussi des maisons de jeunes pour visiter les municipalités, les hôtels de ville. Les jeunes découvriront ce qui s’y passe, en apprendront sur les mandats d’une municipalité, sur les règles et procédures. Ils assisteront aussi à une séance du conseil municipal. Et à la fin, une visite à l’Assemblée nationale figure aussi à la programmation. Les participants pourront voir les députés en action», a indiqué Mme Binette.
Le maire de Victoriaville, Alain Rayes, s’est dit fier de voir la réalisation du projet. «Il y a une volonté dans la population de s’impliquer à tous les niveaux. On doit trouver des façons d’impliquer les jeunes, de les intéresser aux questions importantes. Et ça commence très jeune. Il y a un cynisme à combattre vis-à-vis les politiciens, a souligné le maire Rayes. Plus on sera à s’impliquer dans la société, si petit soit le geste, meilleures seront les chances d’avoir une société qui nous ressemble.»
Sombre avenir
L’abolition des Forums jeunesse met en péril, selon Josée Binette, les deux dernières années de ce projet totalisant 229 000 $ devant être financés à la hauteur de 195 000 $ par le Forum jeunesse Centre-du-Québec alors que les 15 maisons de jeunes du Regroupement doivent consentir 54 000 $.
«La première année, heureusement, est confirmée, représentant plus de 50% du budget. Il restera à dénicher 90 000 $ pour les années 2 et 3 du projet. On verra comment ça se passera avec le Secrétariat jeunesse. Pour le moment, on ne connaît pas les tenants et aboutissants au sujet de la fermeture des forums jeunesse», a fait savoir Josée Binette.
Le geste du gouvernement libéral, les intervenants ne l’avaient pas vu venir. «M. Couillard nous a pris par surprise. Notre projet était attaché pour trois ans», a confié Mme Binette.
Présidente du Forum jeunesse Centre-du-Québec, Jessica Poiré, a fait savoir que les partenaires auraient souhaité que ce projet perdure. «On aurait souhaité qu’il s’exporte dans d’autres régions, qu’il s’inscrive comme référence et soit cité en exemple comme étant un modèle de partenariat jeunesse en participation citoyenne entre les maisons des jeunes et les forums jeunesse. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard en aura décidé autrement», a-t-elle exprimé.
L’abolition des forums jeunesse, a-t-elle ajouté, représente «14 ans d’expertise et d’actions vouées à l’amélioration des conditions sociales, culturelles et de participation citoyenne des jeunes qui sont balayées du revers de la main».
«Perdre le Forum jeunesse, a fait valoir la présidente, équivaut à mettre en sourdine la voix de la jeunesse d’ici et à sacrifier des projets structurants mis de l’avant par et pour les jeunes d’ici. Le Forum jeunesse, c’est une voix qui permettait aux jeunes d’ici de s’exprimer, de prendre part au développement, de s’engager, et d’échanger sur leurs réalités.»