Projet éolien : une rencontre d’information courue à Saint-Albert

Après Sainte-Élizabeth-de-Warwick, c’est à Saint-Albert, mardi soir, que s’est tenue la deuxième de trois rencontres d’information qu’organise la MRC d’Arthabaska au sujet du projet éolien. Une rencontre de deux heures qui a permis, pendant 75 minutes, aux nombreux citoyens présents de poser des questions.

Dans son mot de bienvenue, le maire de Saint-Albert, Claude Thibodeau, a dit souhaiter que tous, malgré les positions diverses, puissent s’exprimer dans le respect. Et son souhait a été exaucé. Le responsable du dossier éolien à la MRC et maire de Victoriaville, Antoine Tardif, a fait savoir qu’il s’impliquait dans le dossier parce qu’il s’agit, selon lui, d’un projet porteur pour la région.

Il a rappelé que, même si la MRC a récemment pris position en faveur des éoliennes, les élus n’ont pas voulu, même s’ils le pouvaient, imposer un tel projet aux citoyens. « La MRC aurait pu adopter un règlement de contrôle intérimaire qui aurait permis les éoliennes sur l’ensemble du territoire, a-t-il souligné. Mais les élus n’ont pas emprunté cette voie. On est favorable à ce projet avec l’information dont on dispose. Mais on veut respecter les processus dans chaque municipalité, ce qui nécessite des changements de règlements. Et c’est à ce niveau que les citoyens ont leurs mots à dire. »

Avant la période de questions, le directeur général de la MRC d’Arthabaska, Frédérick Michaud, a présenté le projet éolien, indiquant qu’Hydro-Québec a finalement lancé son appel d’offres, que le gouvernement prévoit implanter quelque 200 éoliennes annuellement au cours des prochaines années. « Le train arrive rapidement. Veut-on embarquer? », a-t-il lancé. C’est en septembre que les projets doivent être déposés. Hydro-Québec pourrait annoncer au printemps 2024 les projets retenus pour une mise en service quelque part entre 2026 et 2030, mais plus probablement en 2028.

Avant d’en arriver là, toutefois, plusieurs étapes doivent être franchies, a rappelé M. Michaud, dont les études d’impact et les audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Les sites envisagés ont été établis, a-t-il expliqué, à la suite d’une étude sur le potentiel des vents et en tenant compte de la proximité d’une ligne de transport d’électricité. Ainsi, le projet Boralex dans la MRC d’Arthabaska présente un potentiel de 67 éoliennes qui pourraient être réparties ainsi : Sainte-Séraphine (19), Sainte-Élizabeth-de-Warwick (16) Warwick (15), Saint-Albert (13) et Victoriaville (4).

La question des retombées a aussi été abordée : les propriétaires des terres, mais aussi les voisins immédiats d’une éolienne dans un rayon de 1,2 km et les municipalités toucheraient des redevances. Un voisin immédiat toucherait une somme minimale annuelle de 500 $. « Il faut se décider maintenant puisque l’appel d’offres est lancé. On a visité des parcs, on a consulté différents partenaires et les retombées économiques sont réelles. Dans tous les endroits où des parcs éoliens se sont implantés, les communautés en bénéficient, je ne l’invente pas. Nous, on a fait le tour, on a visité des sites, étudié des documents et on en est venu à la conclusion qu’il y avait plus d’avantages que d’inconvénients », a exposé Antoine Tardif.

La parole au public

Avant que les personnes concernées ne puissent s’exprimer par un vote (ou une signature de registre), il faudrait bien une information précise sur les redevances réelles, par exemple, a demandé Pascale Boilard. « Ce serait assez essentiel avant de passer au vote », a-t-elle soulevé. D’autres aussi ont déploré le manque d’informations, certains auraient souhaité la présence d’un représentant d’Hydro-Québec pour apporter des précisions.

Reconnaissant que toute l’information n’est pas complète, Frédérick Michaud a répondu que la MRC préférait venir tôt dans le processus à la rencontre des citoyens avec les informations disponibles pour les compléter ensuite selon l’évolution du dossier. « On vous livre ce qu’on a comme info pour que vous puissiez construire avec nous votre compréhension du dossier », a-t-il dit. « Il faut savoir que nous en sommes en bas de l’échelle, au tout début du processus. Le projet est embryonnaire. On ne sait pas si le projet de Boralex sera retenu. Il n’y en aura peut-être pas de projet », a renchéri le maire Thibodeau.

Par ailleurs, certaines personnes, comme la productrice warwickoise Valérie Dumas, ont questionné à savoir pourquoi ils n’avaient pas été conviés, lundi, à une rencontre à laquelle participaient la MRC et certains producteurs. « Est-ce que c’était un groupe en faveur du projet? Pourquoi je n’ai pas été invitée? C’est une question d’équité et de transparence. Tous ont droit à la même information », a-t-elle fait valoir.

C’est que la MRC a répondu à la demande de ce groupe, comme elle rencontrera sous peu la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs, a répliqué Frédérick Michaud. « Nous sommes disposés à aller rencontrer ceux qui nous invitent », a-t-il ajouté. D’autres citoyens ont jugé nettement insuffisant le montant évoqué de 500 $ comme redevance annuelle pour les résidents à proximité des éoliennes. « C’est rire du monde », a lancé l’un d’eux.

Une propriétaire de terre, qui n’a pas été approchée par Boralex, a évoqué la division, rappelant « la guerre des canneberges » à Sainte-Séraphine et plaidant pour l’agriculture. « Ma position, c’est que le milieu agricole, c’est fait pour semer, pour récolter. La terre, c’est fait pour cultiver », a-t-elle soutenu. Une opinion qui rejoint celle de Jean Morin de Sainte-Élizabeth-de-Warwick. « As-t-on les moyens de perdre nos terres? », a-t-il interrogé, tout en rappelant « le trouble, le bordel, la division » que suscite le projet. « Un climat malsain règne dans la région », a ajouté Denis Dumas de Warwick.

Les intervenants de la MRC ont cependant évoqué cette possibilité de compensation aux producteurs, cet objectif de « zéro perte nette ». Dans un autre ordre d’idées, un résident de Saint-Albert, Alexandre Bergeron, a voulu savoir si, par exemple, le refus d’une municipalité de permettre les éoliennes remettait en cause tout le projet. 

Selon Frédérick Michaud, Boralex pourrait continuer même si une municipalité n’autorisait pas le projet. Mais advenant deux ou trois refus, cela est moins certain. Il en va d’une question de rentabilité. Pour sa part, le commerçant Claude Lacharité de Saint-Albert a mentionné que le Québec aura besoin d’énergie. « Il faut être réaliste, a-t-il exprimé. On ne pourra pas toujours dire : non, pas dans ma cour. »

Selon lui, alors que bon nombre de fermes sont en danger, les éoliennes pourraient aider les petits producteurs en leur assurant un certain revenu. La rencontre d’information a pris fin vers 21 h. Une troisième rencontre du genre aura lieu au début du mois de mai à Warwick.