Une coalition s’active autour d’une mobilisation référendaire

Société. Réunis lundi avant-midi à Kingsey Falls, où se trouve le siège social de Boralex, promoteur du projet éolien, des membres de la coalition Non aux éoliennes Arthabaska ont rencontré la presse pour faire part d’une mobilisation référendaire qui se met en branle.

« L’objectif est d’informer la population de l’état de situation dans trois municipalités visées par le projet (Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Saint-Albert et Warwick) et de préparer la mobilisation référendaire. Notre coalition est un mouvement social qui s’oppose au projet de 33 à 67 éoliennes prévues dans cinq municipalités de la MRC. Il n’y a pas de leader ni chef ni président. Nous sommes tous ensemble », a souligné, d’entrée de jeu, Diego Scalzo, ex-maire de Warwick.

Le groupe d’opposants, a fait valoir Jean Morin, producteur fromager à Sainte-Élizabeth, travaille à défendre les intérêts de la ruralité et de ceux qui ont envie de vivre de leur campagne.

L’implantation d’éoliennes, avec ses blocs de béton et ses chemins, fera mal à l’agriculture, a-t-il plaidé, précisant que « c’est immense, ce qui s’en vient ».

S’il n’a rien à reprocher au promoteur qui ne fait que son travail, Jean Morin, en revanche, dénonce le gouvernement « qui a choisi de nous planter ça dans la gorge à toute vitesse ».

Le producteur a évoqué l’arrivée de Michael Sabia à la tête d’Hydro-Québec. « Les éoliennes fonctionneront environ 25 ou 30% du temps. Michael Sabia aurait-il investi, alors qu’il était à la Caisse de dépôt et placement, dans une entreprise roulant à 25 ou 30% pour les 30 prochaines années?  Jamais il ne l’aurait fait », a soutenu Jean Morin, tout en précisant que les terres agricoles, elles, roulent à 100% de leur capacité.

Le producteur a aussi interpellé André Lamontagne, le ministre de l’Agriculture. « Vous êtes où, vous qui parlez d’autonomie alimentaire? Comment on va le faire si nos terres deviennent des parcs éoliens? », a-t-il lancé, tout en rappelant qu’il existe des espaces pour les éoliennes. « Laissez l’agriculture et les citadins en paix pour prospérer dans les milieux où ils sont », a-t-il demandé, tout en invitant également le premier ministre François Legault à faire marche arrière. « M. Legault, vous n’en êtes pas à votre premier pardon, a-t-il dit, évoquant les questions d’immigration et du troisième lien. Vous avez encore le temps de reculer. Un peu de respect, un peu d’indulgence pour l’agriculture et SVP soyez respectueux des gens qui vous nourrissent. »

De son côté, Pascal Aguettaz, un chimiste de formation, a questionné le choix des terres agricoles pour l’aménagement d’un parc éolien. « Ce sont 98% des terres au Québec qui ne sont pas exploitées. Pourquoi des éoliennes sur le 2%? », a-t-il exprimé, tout en exposant, comme il l’a fait à la séance du Conseil de la MRC d’Arthabaska, les effets néfastes que peuvent générer les éoliennes sur la santé humaine et les animaux. « Il existe beaucoup de documentations qui expliquent clairement les problèmes reliés à l’implantation des éoliennes. Et dans ces documents, on parle d’éoliennes qui n’existent même pas encore ici, des éoliennes beaucoup plus grosses, 30% plus haute que le stade olympique, a-t-il relevé. Il est inconcevable d’imaginer qu’il n’y a pas de contrecoups à cela. Il y en a et c’est documenté par Santé Canada. »

Et Santé Québec, a-t-il noté, évalue à un maximum de 30 ou 35 décibels le bruit dans une chambre pour un sommeil réparateur. « La MRC d’Arthabaska, pour sa part, parle d’un objectif de 50 décibels.  Avec ces éoliennes séparées de 700 m des habitations, cela signifie que vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte. On n’est pas des politiciens ni des experts en communication. Toutefois le factuel, les faits, la réalité, parlent assez pour prendre position », a-t-il affirmé.

Producteur à Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Rémi Barmettler, mentionne ne pas être opposé aux éoliennes. « On dit oui, mais pas sur les terres agricoles ni dans les régions habitées. On sent la pression politique pour nous imposer à tout prix ce projet simplement parce que les coûts de production pour les éoliennes sur les terres agricoles sont moins dispendieux qu’ailleurs », a-t-il confié, ajoutant qu’avec un projet d’une telle ampleur, les citoyens devraient être mieux informés sur les aspects physiques, visuels, sur les effets sur la santé. « Et sur le côté social parce que le projet, a-t-il signalé, nous sépare en deux mondes, les pour et les contre. »

Des citoyennes de Warwick et de Saint-Albert, Valérie Dumas et Pascale Boislard, ont aussi pris la parole pour présenter les grandes lignes des démarches référendaires, invitant les citoyens à bien s’informer et à s’exprimer.

« Les citoyens ont la possibilité de s’opposer à ce changement qui aura des effets à long terme sur notre qualité de vie et nos activités agricoles. La première étape pour se rendre au référendum du 27 août est une demande de participation à un référendum. Une telle demande doit être acheminée au plus tard le 15 juin. Des bénévoles cognent aux portes pour recueillir les signatures des opposants.

Considérant la grande division que ce projet engendre auprès de notre communauté, nous misons beaucoup sur cette étape », a-t-elle souligné, tout en disant souhaiter que le conseil municipal, qui a le pouvoir d’arrêter le changement de réglementation à tout moment, le fasse le plus tôt possible « pour limiter les dégâts au sein de notre population ».

Pour sa part, Pascale Boislard s’est adressée aux citoyens de Saint-Albert. « Il est de première importance  que les citoyens s’informent sur la procédure référendaire et qu’ils se présentent aux dernières séances d’information. J’invite les citoyens à se présenter nombreux à la prochaine séance du conseil municipal le 5 juin. Le conseil nous a fait savoir qu’il est à l’écoute de la population. Il faut se présenter nombreux et signifier notre opinion pour ensuite suivre la procédure référendaire, signer l’ouverture des registres, comprendre la procédure et ensuite faire un choix éclairé lors d’un référendum. »

Un premier référendum, à Sainte-Élizabeth-de-Warwick, est prévu à la mi-juillet, selon les informations fournies lors de la séance du Conseil de la MRC d’Arthabaska.