Projet éolien : des opposants questionnent les élus de la MRC

Dossier de l’heure, le controversé projet éolien dans la MRC d’Arthabaska a, de nouveau, été soulevé, mercredi soir, lors de la séance du Conseil de la MRC à Victoriaville.

Pierre-Paul Leblanc, un résident de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, a lancé les discussions, s’interrogeant sur le respect de la démocratie à la suite de la signature du registre qui a recueilli au-delà du nombre requis de signatures pour la tenue d’un référendum. « Notre conseil municipal a décidé de reporter la décision », a-t-il indiqué.

Mais il y aura bel et bien référendum, ont assuré le préfet Christian Côté et la mairesse Claire Rioux. La date n’a pas encore été fixée, mais on avance que le référendum pourrait être tenu le 9 ou le 16 juillet.

Cependant, un vieux règlement a refait surface. C’est ce qui, d’ailleurs, a amené le conseil municipal a reporté sa décision afin d’obtenir un avis juridique. « On a reporté de deux semaines la décision afin d’obtenir des informations, mais nous n’avons jamais dit qu’il n’y aurait pas de référendum. J’ai toujours maintenu qu’on se rendrait au référendum », a soutenu la mairesse Rioux.

Ce règlement retrouvé, qui aurait été adopté, pense-t-on, vers 2007 ou 2008, autorise à Sainte-Élizabeth-de-Warwick l’implantation d’éoliennes à des fins commerciales.

En vertu de ce règlement, a souligné le directeur général de la MRC d’Arthabaska, Frédérick Michaud, la Municipalité, advenant une demande de permis, n’aurait d’autre choix que de l’accorder.  « Ce que veut valider la Municipalité, ce qu’elle veut savoir : le vieux règlement permet-il des éoliennes du type de celles prévues dans l’appel d’offres d’Hydro-Québec? Si c’est le cas, la Municipalité n’a pas le droit de refuser un permis quand sa réglementation le permet », a-t-il expliqué.

L’ex-maire de Warwick, Diego Scalzo, a fait un retour dans la salle qu’il connaît bien pour adresser quelques questions au Conseil de la MRC, dont une sur l’intention de la MRC de créer un fonds agroenvironnemental. « Parle-t-on de 500 $, 5000 $ ou 5 millions? C’est combien le fonds? », a-t-il questionné.

À cela, le préfet Christian Côté a reconnu que tout n’a pas été discuté en détail. « C’est qu’on ne connaît pas encore les revenus d’un possible partenariat. Mais l’intention est là. Il faudra éventuellement, si le projet se réalise, établir des pourcentages et déterminer ce qu’on y verse », a-t-il fait savoir.

Des impacts négatifs?

Pascal Aguettaz, un scientifique, chimiste de formation, a été le dernier à prendre la parole, faisant état d’impacts négatifs produits par les éoliennes.

Il a évoqué un cas où, pendant une panne d’éoliennes pendant quatre jours, des mesures ont révélé une augmentation de la production laitière de 2,7%, une hausse de 16% de la fréquentation des robots de traite et une réduction de 62% de traites incomplètes.

« Le cinquième jour, on a redémarré les éoliennes et on en est revenu aux statistiques précédentes, à savoir une baisse de 3% de la production laitière », a-t-il observé.

« Peut-être est-ce le hasard, seulement quatre jours, c’est probablement le hasard, mais j’ai consulté d’autres documents », a-t-il poursuivi.

L’homme, qui a œuvré chez Cascades pendant 36 ans, a fait état d’un document de Santé Canada. Il a d’ailleurs invité les élus, en guise de transparence, à le publier sur le site Web de la MRC.

Il y est question, a-t-il signalé, d’hypertension, de migraine, d’acouphène, de vertige et d’augmentation du stress.

Le scientifique fait mention d’une étude montrant que seules les 110 personnes touchant des subsides se disaient favorables aux éoliennes sur les 4000 citoyens sondés.

« Posez-vous la question comme élus de la MRC?, a-t-il dit. C’est beau la business, c’est beau l’argent. C’est intéressant, vous avez raison. Mais je vous expose des faits, c’est factuel, je ne l’invente pas, c’est scientifique. Je sais que c’est très intéressant l’appât du gain. Je sais que vous avez plein d’idées et on vous en remercie. Ce n’est pas facile d’occuper votre siège. Vous voulez réaliser des investissements pour la communauté. Bravo. Mais il y a une différence entre à tout prix et à n’importe quel prix. »

Au sujet de la santé, le préfet Christian Côté a fait valoir que le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) aura un rôle à jouer à cet effet.

« La santé des gens, ce n’est pas quelque chose qu’on peut ignorer », a-t-il confié.

« Mais pourquoi, a repris Pascal Aguettaz, placer des éoliennes sur les terres cultivées qui ne représentent que 2% des terres au Québec? C’est parce que ça coûte moins cher à l’investisseur. »

Le directeur général de la MRC, Frédérick Michaud, a répondu que si Hydro-Québec décidait de placer les éoliennes dans le nord, « ce n’est pas tant les promoteurs qui mangeraient leurs profits que tous les citoyens du Québec qui devraient payer pour le surcoût ».

« Je ne m’obstinerai pas avec vous, a terminé l’homme de sciences. Il y a une différence entre l’idée du cash et les principes. Je vous laisse avec votre cash et je vais m’asseoir sur mes principes. »