Les policiers de la Sûreté du Québec sont épuisés

PAR PIER-OLIVIER GAGNON – Des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) ont bien du mal à accepter la récente restructuration de leur organisation, dont la révision de la desserte autoroutière.

Plusieurs rapportent un cafouillage dans les opérations courantes de cette transition et disent en subir les contrecoups. L’augmentation des congés de maladie, l’ajout de tâches administratives et le mandat encore plus élargi avec la desserte autoroutière, sans nécessairement avoir les effectifs en conséquence, en sont quelques exemples.

Pour ces policiers, il s’agit d’irritants qui affectent actuellement le moral des troupes dans plusieurs postes de la province où les kilomètres à couvrir sont nombreux, notamment dans les zones plus rurales.

«Au niveau des effectifs, chez nous, on a de la difficulté à atteindre le minimum requis. On fait face à un manque de personnel et c’est généralisé. Ça ne s’en va pas en s’améliorant. La pression est énorme sur nos épaules», témoigne un policier évoluant dans le district Ouest Mauricie-Lanaudière, qui souhaite conserver l’anonymat.

«En plus, nous tombons parfois sous le nombre de policiers requis dans la MRC. Avec des responsabilités supplémentaires sans avoir de personnel supplémentaire, ce sont les citoyens qui écopent. Tout ça se fait au détriment de leur sécurité et de la nôtre. On n’ira pas se mettre à risque pour rien en sachant que personne ne peut venir t’aider rapidement s’il arrive quelque chose».

«Sur le terrain, les effectifs sont épuisés, confie pour sa part une policière du Centre-du-Québec. On répond aux appels et c’est pas mal tout. On ne fait pratiquement plus aucune patrouille. On a de la difficulté à pallier au manque de personnel à notre poste et on nous demande régulièrement d’aider des postes voisins qui sont eux aussi en manque de policiers. Tout le monde est découragé. Ça fait longtemps que je n’avais pas vu ça.»

«Les temps sont difficiles à la Sûreté du Québec, fait valoir une autre source policière. Il manque de patrouilleurs partout. Le moral des troupes est aussi affecté par des plaintes futiles, notamment en déontologie, qui sont déposées contre nous.»

L’épuisement des troupes aurait même un impact sur leur rendement. Par exemple, certains policiers admettent qu’ils ont décidé de ne plus émettre de constats d’infraction à moins qu’une situation ne l’oblige réellement.

Suicides policiers
En 2017, la Sûreté du Québec a été secouée par une vague de suicides policiers dans son organisation alors que huit policiers se sont enlevé la vie.