P.G. Poitras : un bel exemple de repreneuriat

Économie. L’entreprise P.G. Poitras plancher décor, devenue un leader dans le revêtement de sol et la vente de mobiliers, assure sa relève et sa pérennité. Les propriétaires Michel Leblanc et William Mayrand ont complété un processus de repreneuriat avec le nouveau venu Michaël Ouellet-Roy.

Le nouvel actionnaire a profité de prêts totalisant 80 000 $ provenant des fonds FLI et FLS par l’entremise de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR). « Quand Michaël a cogné à notre porte, nous avons été enchantés par son projet. P.G. Poitras, entreprise fondée en 1935, a une belle histoire. C’est un magasin emblématique important dans la région, commente le directeur général de la CDEVR, Frédérik Boisvert. Nous acceptons entre 10 et 15 projets par année environ. On est très méticuleux dans ce qu’on choisit et on trouvait que le projet de Michael était solide et que le plan de relève, au cœur de la transaction, était aussi valide. Bref, un projet de grande qualité et l’un des premiers projets de repreneuriat que nous avons acceptés. Nous en sommes bien fiers. »

Avoir de l’audace, oser, voilà le conseil que donne Michaël Ouellet-Roy aux personnes tentées par l’acquisition d’une entreprise. C’est ce qu’il a fait lui-même d’ailleurs. Carreleur de métier, il a démarré sa propre entreprise en 2012 et a travaillé une dizaine d’années sur les chantiers de construction. L’idée d’un magasin mijotait dans son esprit. « Je me disais que ce serait le meilleur des mondes d’avoir un magasin un jour. Je ne savais pas alors à quel point c’était réalisable et réaliste. Puis j’ai décidé d’aller cogner à leur porte et d’aller les voir, ayant appris l’existence d’un poste à pourvoir comme chargé de projet au secteur commercial », raconte-t-il.

Michaël Ouellet-Roy connaissait déjà très bien P.G. Poitras. « J’ai fait beaucoup de sous-traitance pour eux pendant plusieurs années », rappelle-t-il. Michel Leblanc, pour sa part, se retirera éventuellement, d’où l’importance de la relève. « Mais la main-d’œuvre est rare, la main-d’œuvre de qualité, celle qui va se donner à l’entreprise aussi », exprime-t-il. « Michel a dit quelque chose d’important : ça prend quelqu’un qui a envie de se donner. Car reprendre une entreprise exige de l’investissement personnel », soutient Frédérik Boisvert.

Michel Leblanc se souvient d’ailleurs d’une question qu’il avait adressée, au début, à Michaël, sur sa motivation d’achat. « Est-ce pour l’argent ou pour le plaisir d’avoir une entreprise? », avait-il questionné.

Pour le nouvel acquéreur, l’argent ne constituait aucunement la motivation première. « Je n’ai pas senti ici que l’argent était un grand enjeu », note-t-il. « Au plan salarial, nous étions au même niveau d’attentes », souligne William Mayrand. « Il demeure important aussi de respecter l’entreprise », observe Michel Leblanc qui avait vu en Michael le potentiel de devenir actionnaire.

Tout s’est finalement concrétisé le 1er octobre 2022. « Et nous avons élaboré un plan sur cinq ans », précise Michaël Ouellet-Roy. Parce que les processus de repreneuriat s’échelonnent sur plusieurs années, note Frédérik Boisvert de la CDEVR. « Cela prend du temps, de trois à cinq ans, normalement. Il y a beaucoup de facteurs à considérer. » Une bonne chimie anime le trio en place qui se complète bien, chacun ayant ses forces. Michael, un gars de terrain, connaît bien le domaine de la construction. William, lui, a commencé jeune dans le commerce de détail, de l’entrepôt au départ jusqu’à la vente et à la gestion d’une franchise. « Son bagage dans le meuble est vraiment un plus pour nous. Il amène souvent une manière différente de penser », fait valoir Michaël.

Quant à Michel, il apprécie la façon dont les plus jeunes évoluent. « Je vois cela comme un plus en les regardant aller. Il y a certaines choses qui échappent à ma compréhension. Je m’arrange pour tenter de comprendre, mais j’ai pleine confiance en ça. C’est vraiment une autre ère », exprime-t-il.

Ses complices saluent l’esprit d’ouverture dont il fait preuve. « Il y en a qui sont réticents, mais toi, tu es toujours ouvert, tu t’adaptes facilement à tout ce qu’on te présente. C’est plaisant », confie Michaël. P.G. Poitras plancher décor, qui emploie une quinzaine de personnes, a su se bâtir une notoriété dans la région et ailleurs. Des projets, l’entreprise en réalise à Montréal, Québec, Trois-Rivières, notamment. Mais les principaux clients se trouvent dans un rayon d’une heure de Victoriaville.

Même que M. Poitras, un octogénaire et fils de Paul-Gérard, fondateur de l’entreprise, ne peut s’empêcher encore d’y travailler. « Quand il a vendu, se remémore Michel, il a dit : je vais rester deux mois avec vous. Ça fait maintenant 13 ans. Les gens et les employés l’aiment, M. Poitras. »

Un exemple à suivre

À la CDEVR, on souligne que le cas de P.G. Poitras représente un bel exemple à suivre. « On en veut de beaux cas comme le vôtre, c’est solide, on en souhaite beaucoup de tels repreneuriats dans la région. C’est important pour les entreprises », plaide Frédérik Boisvert qui lance l’invitation à toute personne intéressée à reprendre une entreprise. « On peut faire comme Michaël qui s’est montré proactif en allant carrément voir le propriétaire sur la base d’une information. On peut venir aussi frapper à notre porte au départ, assure Frédérik Boisvert. On prodigue des conseils et on a embauché une ressource, Julie Laroche. Elle est en place pour appuyer les processus de repreneuriat, pour soutenir les gens, autant ceux qui ont des projets de repreneuriat que les cédants qui se demandent comment s’y prendre. »

Avec le Fonds local d’investissement (FLI), le Fonds local de solidarité (FLS) et le Fonds Jeunes Promoteurs (FJP), la CDEVR, en 2023, a pu soutenir 11 entreprises locales, dont P.G. Poitras plancher décor, principalement dans les domaines de l’économie circulaire et du repreneuriat pour un montant total de 672 250 $. Les investissements ont permis la création de 15 emplois et le maintien de 42 autres.