«On sent la grogne dans les régions!»
SAINT-LOUIS-DE-BLANDFORD. Président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Richard Lehoux s’attend à un «signal» du gouvernement du Québec quant au sort qu’il réserve aux régions. «Québec a-t-il un plan de match? Remettra-t-il des sous dans la cagnotte?», demande M. Lehoux.
Élu à la présidence de la FQM il y a un an, le maire de Saint-Élzéar et préfet de la MRC de la Nouvelle-Beauce s’est attardé à Saint-Louis-de-Blandford mercredi, y offrant un point de presse en après-midi avant sa rencontre, en soirée, avec une trentaine d’élus de la région Centre-du-Québec.
Devant les journalistes, entouré du maire hôte, Gilles Marchand, des maires de Manseau et de Saint-Célestin, Guy St-Pierre et Raymond Noël, M. Lehoux a dit que pour l’instant, le gouvernement du Québec n’émettait aucun «signal» sur ce qu’il attend des régions du Québec.
«On sent la grogne dans les régions!», dit le président de la FQM, ayant déjà effectué plus de la moitié de sa tournée du Québec.
M. Lehoux fait allusion aux coupes de 55% infligées par Québec dans les fonds d’investissement locaux et régionaux, la disparition des centres locaux de développement et les conférences régionales des élus.
Et les récentes déclarations du ministre de l’Économie, Jacques Daoust n’ont rien pour rassurer, selon M. Lehoux. À la Presse canadienne, le ministre a déclaré que l’État n’avait pas à sauver à tout prix les entreprises en difficulté et à protéger l’ego d’un entrepreneur en faillite, même s’il était un pilier de sa localité. «Ça fait surtout mal à l’ego en région, parce que quand vous êtes le roi du village, et vous devez faire faillite, c’est difficile», aurait déclaré le ministre.
Même si M. Daoust s’est finalement excusé, le président de la FQM estime qu’il a fait preuve d’une méconnaissance des régions du Québec. «Ce genre de réflexion nous interpelle», a poursuivi M. Lehoux, craignant qu’elle préfigure le plan de Québec.
«Croit-il à l’importance du développement économique en région?», demande encore le président de la FQM. Parce que c’est en région, poursuit-il, que les PME se développent et peuvent devenir des entreprises de plus grande taille. Mais pour cela, il faut des outils.
Reconnaissant que des efforts sont nécessaires pour assainir les finances publiques, M. Lehoux s’attend toutefois à ce que Québec, sans remettre les 300 millions $ qu’il a ponctionnés l’automne dernier, réinjecte de l’argent dans les régions. Le prochain budget du ministre Leitao devrait fournir des réponses à ses questions.
Plusieurs sujets ponctuent la tournée du président de la FQM, alors que commenceront les négociations avec Québec pour un nouveau pacte fiscal. Les maires déplorent, par ailleurs, les modalités complexes de la reddition de comptes, la fameuse politique de gestion contractuelle. Une municipalité comme Manseau doit payer quelques centaines de dollars à un comptable pour rendre des comptes d’une subvention de 5000 $ pour la voirie, déplore le maire St-Pierre. Il est aussi question du concept de la gouvernance de proximité.
Deux associations, «c’est correct»
La FQM regroupe quelque 900 municipalités et 84 des 87 MRC du Québec. Oui, répond Richard Lehoux, «c’est correct» qu’existent deux associations de municipalités, la FQM représentant surtout des municipalités rurales ou de plus petites tailles. Les enjeux sont différents entre les petites municipalités et les villes, soutient le président de la FQM.
Il donne l’exemple de la formation des pompiers volontaires, les coûts pesant plus lourd dans une petite municipalité que dans une ville. Autour d’une seule grande table, pas certain que la voix du maire de Saint-Elzéar aurait la même portée que celle du maire de Laval, donne-t-il aussi comme exemple.
La tournée du président sert à présenter les services de la FQM qui forme et qui informe et à «écouter» ce que les élus ont à dire. Se prépare, pour le 3 juin, un Rendez-vous des régions, avant l’annuel congrès des 25, 26 et 27 septembre.