«Notre cœur est encore meurtri» – Karine Dupuis

Deux ans après le décès de Samy et presque sept ans depuis celui d’Elliot, Karine Dupuis constate que le temps n’estompe pas la douleur d’avoir perdu ses enfants. «On était bien avec eux», dit-elle. Le vide laissé par la perte de leurs enfants, elle et son conjoint, Jérôme Tardif, le comblent en s’engageant jour après jour auprès des enfants malades et de leurs proches. Aussi, il souhaite toujours accueillir un autre enfant dans leur famille.  

Quand Elliot nait en janvier 2003, Jérôme Tardif et Karine Dupuis ne connaissent pas grand-chose à la maladie. «Ça a bouleversé tout le monde. Nos amis n’avaient pas d’enfant malade, il n’y avait pas de trisomie ni d’autres handicaps autour de nous. Mais il était tellement attachant et doux, même s’il ne parlait pas et ne marchait pas», se souvient vivement la mère.

Jérôme Tardif observe que plusieurs personnes qui vivent une situation difficile vont l’utiliser comme un levier pour transformer cette expérience en quelque chose de positif. Aujourd’hui plus que jamais, la Fondation Les amis d’Elliot, qu’ils ont mise sur pied il y a 15 ans, leur offre cette tape dans le dos qui fait du bien, surtout lorsqu’ils constatent que des familles obtiennent du répit, par exemple.

«On doit beaucoup aux gens et pourtant plusieurs nous remercient de leur donner le privilège de faire une différence», s’étonne-t-il avec ravissement. Selon Karine Dupuis, s’engager donne un sens à la vie de tous les jours et au passage trop court de leurs enfants. «Perdre des enfants, c’est horrible, et c’est pire après deux ans. Sans ça, on n’y survivrait pas», témoigne-t-elle, remuée.

Après, mais comment?

Elliot a succombé à sa maladie le 23 mars 2012, à l’âge de 9 ans. Son frère, Samy, a subi le même sort le 10 octobre 2016, à 5 ans seulement. Lorsqu’on lui demande à quoi ressemble leur vie sans eux, Jérôme Tardif répond promptement : «On ne les remplacera pas. Ils sont encore ici, avec Les amis d’Elliot, d’une certaine façon».

À ce type d’épreuve, la plupart des couples ne survivent pas, note M. Tardif. «Nous nous sommes très bien complétés, ajoute sa conjointe. Nous étions fiers l’un de l’autre et nous réussissons à combler un grand trou, car nous n’avons jamais été aussi bien qu’avec nos enfants. Les gens diront que nous sommes libérés, mais c’est faux.» Selon eux, les moments partagés avec leurs enfants procédaient d’un équilibre parfait, presque impossible à recouvrer.

Le couple entretient encore l’espoir d’avoir un autre enfant, confie-t-il. De fait, ils ont entamé un processus d’adoption internationale il y a quelque sept ans. Une première démarche au Kazakhstan s’est soldée par un échec à la suite de la fermeture de l’organisme qui s’occupait de leur dossier. Depuis 36 mois, ils figurent sur une liste d’attente pour adopter un enfant né aux Philippines. Ils se croisent les doigts pour devenir parents, à nouveau, en 2019.