Nos équilibres fragiles

Universel, essentiel et quotidien, l’acte alimentaire est pourtant un enjeu fragile et complexe. 

Du champ à l’assiette, notre système alimentaire repose sur l’interrelation de nombreux acteurs (ceux de la production, distribution, transformation, consommation, disposition des résidus, gestion des ressources et des territoires) et mécanismes (naturels, technologiques, sociaux, économiques, internationaux, législatifs et politiques). En sourdine depuis plusieurs décennies, les impacts de ce système alimentaire, sur fond de guerres, de crise sanitaire et d’urgence climatique, sont plus que jamais criants et positionnent chacun d’entre nous comme une partie intégrante du problème et donc de la solution. 

Les défis sont de taille. Comment réduire la distance parcourue ainsi que l’impact environnemental de nos aliments, de leur production, de leur emballage? Comment s’assurer de maintenir tout au long de l’année une diversité alimentaire dans nos conditions climatiques? Comment améliorer l’accessibilité aux terres et la valeur nutritive des aliments tout en permettant aux producteurs et productrices de vivre convenablement? Comment adapter la chaîne entière d’approvisionnement pour y apporter une plus-value sociale, économique et écologique? Comment accentuer notre autonomie et modifier nos habitudes de consommation tout en restant dans l’ouverture? 

Ces réflexions nous renvoient à l’essence même du mot « économie » : prendre soin de la maison, gérer durablement ses ressources. Pour une économie et un approvisionnement durable, il faut se doter d’une feuille de route partagée et se donner des moyens concrets pour atteindre nos objectifs. 

Ces derniers mois ont démontré que la résilience alimentaire repose en grande partie sur des réseaux locaux d’échanges et de collaborations, ceux-ci favorisés naturellement par la proximité et les affinités de communautés solidaires et le partage d’information et de savoir-faire. La résilience repose ainsi sur l’humain et sa façon d’être au monde et aux autres.

Il s’agit aussi de comprendre et d’être sensibilisé au rôle des agriculteurs et agricultrices, aux défis de travailler avec du vivant dans des conditions variables et imprévisibles, à leur savoir-faire indispensable et leur travail silencieux de gardiens de nos semences, de notre nourriture.

Ces enjeux sont certes complexes, mais il existe une façon simple et significative de contribuer au développement d’une alimentation saine et durable : encourager la production locale! La belle saison commence. Kiosques à la ferme, marchés, abonnements aux paniers, glanage, expériences gourmandes, etc. Autant de gestes et d’habitudes qui permettent d’aller à la rencontre des artisans du terroir, de créer des liens, de participer à la prospérité de notre région, et ce, tout en savourant ses richesses.