Minuit moins une… pour un immigrant français menacé d’expulsion!

Un imbroglio administratif du gouvernement fédéral menace d’expulsion le 28 août prochain un cuisinier qualifié immigrant français qui demeure à Saint-Pierre-Baptiste depuis deux ans.

Lorenzo Élie Favilli, 33 ans, se sent tout simplement trahi à l’approche de la date fatidique. Une implication politique à tous les niveaux, pour infirmer la décision, demeure sa seule planche de salut. C’est un cri du cœur qu’il lance aux élites politiques, car à moins d’un changement de cap, on le renverra chez lui.

« C’est un sentiment de trahison qui m’habite. C’est comme si on m’avait poignardé dans le dos. J’ai choisi le Québec plus que n’importe quelle région dans tout le Canada, pas seulement parce qu’il s’agissait d’une province francophone, mais parce qu’il y a un côté humain qui m’avait tout de suite plu la première fois que j’étais venu ici en 2013 », raconte-t-il.

Il appréhende vivement son retour en France. « Ce sera très difficile de retourner là-bas d’autant plus que je n’aurai pas d’emploi, pas de logement et pas plus d’argent », ajoute-t-il.

 

Six ans au Québec

M. Favilli est un citoyen français qui possède une grande expérience en tant que chef cuisinier. Il est arrivé au Québec en 2017 afin de parfaire ses études en cuisine, hôtellerie et restauration. Des permis post-études lui ont permis de demeurer en sol québécois pendant deux ans et donné l’occasion de travailler à titre de cuisinier à temps plein pour le Groupe Restos Plaisirs qui compte plusieurs dizaines de restaurants, dont les succursales Cochon dingue à Québec.

En janvier 2020, il a fait une demande pour obtenir un permis de travail qui aurait dû être un permis de travail permanent. « Malheureusement, sa demande s’est retrouvée parmi les quelque 100 000 dossiers qui ont été perdus pendant la pandémie à la COVID-19 faisant en sorte qu’il se retrouve maintenant sans statut et sans emploi », d’indiquer Benoit Brais qui est responsable du volet alimentaire et des familles démunies chez les Chevaliers de Colomb de Saint-Ferdinand qui lui sont venus en aide.

 « Nous avons contacté différents organismes pour éclaircir, voire régler ce dossier, mais sans résultat. Il est comme devenu un immigrant légal sans statut », de poursuivre M. Brais.

 

Surseoir à son renvoi

M. Favilli a l’appui total des Chevaliers de Colomb de Saint-Ferdinand qui demandent l’intervention du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Mark Miller afin de surseoir à son renvoi en France et lui permettre de déposer une nouvelle demande de permis de travail.

La Municipalité de Saint-Ferdinand lui a déjà signifié son soutien par voie de résolution et d’autres municipalités limitrophes l’imiteront également. Le député de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold, a déjà fait parvenir une demande d’intervention auprès du ministre.

M. Brais mentionne pour sa part que M. Favilli a pourtant la possibilité de demeurer dans la région alors que le Programme Expérience internationale Canada lui assurerait un emploi au Resto Bar le William à Saint-Ferdinand qui est prêt à lui offrir un travail à raison de plus de 30 heures par semaine pendant deux ans.

« C’est lorsque nous avons voulu valider son statut, qu’une semaine plus tard, le responsable de son dossier à l’Agence des Services frontaliers a choisi plutôt d’accélérer son processus de renvoi dans son pays d’origine, sans motifs raisonnables, sans analyse complète de la situation et sans aucune volonté d’intégrer de nouveaux immigrants », de faire savoir M. Brais.

Martin Boulet, propriétaire du Resto-Bar le William, souligne que son restaurant est en pénurie de main-d’œuvre. « Je passe des annonces pour l’embauche de cuisiniers, mais à part les étudiants, je ne reçois pas de C.V.. C’est désolant ce qui se passe au niveau de l’immigration. J’espère qu’il pourra venir travailler chez nous. Il nous serait d’un grand coup de pouce. »

 

Une pétition à la grandeur du Québec

« Nous lançons aussi dès aujourd’hui une pétition à la grandeur du Québec (NON au RENVOI de LORENZO en France) exigeant du gouvernement fédéral de surseoir au renvoi prévu pour le 28 août et de redonner à M. Favilli son statut légal d’immigrant afin qu’il puisse retrouver son droit au travail. Nous avons déjà amassé 1000 signatures au village seulement », de faire savoir M. Brais.

Celui-ci ajoute que le premier ministre du Québec, François Legault, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau et la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette sont aussi sollicités pour intervenir favorablement auprès du ministre Miller.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qui persiste, surtout dans le secteur de la restauration, le jeune immigrant comprend mal ne pas pouvoir exercer son métier en toute légalité et de pouvoir continuer à demeurer au pays. « J’aime le Canada et j’aime le Québec. Je sais qu’il y a beaucoup d’opportunités d’emploi dans mon domaine en tant que cuisinier et que je possède les qualifications et je suis certain que de travailler dans ce champ d’activité me permettrait de réussir pleinement mon intégration », a-t-il conclu.