Marianne Fréchette, l’adolescente qui se bat pour le climat

Elle n’a que 15 ans. Elle projette peut-être poursuivre des études en biologie ou en écologie. Toutefois, ce n’est pas sa première préoccupation. Pour Marianne Fréchette, l’avenir passe avant tout par une planète viable.

«Je n’ai jamais été une leader, ni celle qui prend la tête d’un groupe», confie-t-elle. Néanmoins, depuis le 22 mars, elle fait la grève de ses cours tous les vendredis et se présente devant l’hôtel de ville de Victoriaville, de 10 h à 15 h, par conviction. À l’instar de la jeune militante suédoise Greta Thunberg, Marianne se rend au plus important lieu décisionnel de sa ville afin de faire pression pour que les élus adoptent immédiatement une loi climatique, entre autres.

La direction de son école, le Collège Clarétain, désapprouve ses agissements. Comment pourrait-il en être autrement? Mais elle n’a pas l’intention de lâcher le morceau.

Il y a quelques années, Marianne a été choquée par la lecture d’articles et par le visionnement de documentaires exposant les conséquences des changements climatiques. S’intéressant au sujet, elle a poursuivi ses recherches. «Ça va affecter mon futur et celui des générations qui me suivront. On ne peut attendre à demain et frapper un mur. On doit agir maintenant, car on n’est à quelques années de ne plus pouvoir corriger nos erreurs», constate-t-elle.

Persuadée qu’il n’y a pas de gestes inutiles, elle bannit tranquillement de son quotidien les sacs et les bouteilles de plastique. Elle évite de produire des déchets et devient véganne. Elle conscientise les membres de sa maisonnée, qui lui emboitent le pas, à leur façon. Sa mère adopte le végétarisme et l’épicerie en vrac, par exemple.

Après avoir participé à la manifestation pour le climat du 15 mars, à Montréal, il lui semble clair que le mouvement «Vendredi pour le futur» devait se transporter à Victoriaville de manière permanente. «Je me suis questionnée à savoir si notre ville était trop petite, puis j’ai conclu que chaque ville compte», raconte-t-elle.

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Les premières semaines où elle squatte le parvis de l’hôtel de ville, elle se retrouve seule. «J’en ai discuté avec des personnes de ma famille et avec des élèves de ma classe, mais ce n’est pas tout le monde qui est d’accord avec ça. Beaucoup ont peur de s’absenter de l’école et leurs parents n’approuvent pas», explique-t-elle. Alors qu’elle manifeste au 1, rue Notre-Dame Ouest, des gens s’arrêtent et l’interrogent. Elle en profite pour les informer et les sensibiliser. Puis, le 5 avril, une dizaine de citoyens l’ont rejointe.

Ses parents la soutiennent dans sa démarche. «Au début, ils doutaient. Surtout parce que ça impliquait que je manque des cours. Mais puisque ça fait plusieurs années que je leur parle des changements climatiques, ils ont accepté.» Elle rapporte également qu’un professeur lui a témoigné son appui.

Certains pourfendent ses agissements, surtout sur les médias sociaux. Et ils ne mâchent pas leurs mots. À ceux qui lui reprochent de payer sa scolarité, elle répond fréquenter une école privée, donc défrayée en grande partie par ses parents. Elle constate aussi que plusieurs demeurent dans le déni des changements climatiques. «Ma génération m’apparait plus sensibilisée, car nous serons davantage touchés», avance-t-elle. En fait, Marianne Fréchette voit tout simplement plus loin que ses cours auxquels elle n’assiste pas et se désole encore plus des moments qu’elle pourrait rater, faute d’un climat sain pour les vivre. «Mes études sont importantes, mais si mon futur reste incertain, tout ça ne sert à rien», dit-elle.

Revendications

Le mouvement qu’elle représente fait valoir certaines revendications. Principalement, il exhorte les gouvernements à présenter un programme d’éducation à l’environnement, à adopter une loi climatique afin de respecter les cibles fixées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et à cesser d’investir dans les énergies fossiles.  Selon Marianne, si chaque municipalité y met du sien, tous les paliers gouvernementaux suivront. Pour elle, il n’y a pas de limite à sa démarche. Elle ira tous les vendredis, à l’hôtel de ville, «jusqu’à ce que les gouvernements agissent vraiment», confirme-t-elle.

Pour cette entrevue, Marianne a parcouru 20 minutes de marche. Pour elle, rien de plus normal. Elle reprend en sens inverse ce même trajet, souriante, mais pas sans un dernier message. «Ceux qui se sentent impuissants devant la crise climatique doivent savoir que chaque personne compte. Nous devons changer nos habitudes et exiger aux gouvernements d’agir pour vrai. Nul n’est à l’abri des changements climatiques. Mais ensemble, on crée le changement.»