Maison de thérapie : la «complainte» du «père Noël»

Le «père» Noël, comme l’appelle Benoît Prince, Fernand de son prénom, repart en campagne de financement afin de soutenir la Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska pour laquelle il demeure un fidèle bénévole.

La «quête» de Fernand Noël prend plusieurs dimensions alors que si l’aide gouvernementale pour le fonctionnement de la Maison s’est améliorée récemment, reste que l’organisme n’a jamais complètement récupéré les 150 000 $ qu’elle recevait annuellement avant les coupes de 2015, précise le directeur général, Benoît Prince.

Ayant amassé 40 000 $ l’an dernier, M. Noël s’est fixé un objectif de 75 000 $ cette année. Il sollicitera les donateurs en personne et par courrier. Ces 75 000 $ représentent en quelque sorte la récupération du budget annuel que l’organisme recevait avant les coupes.

Plus encore, depuis un an et demi, les Centres locaux d’emploi paraissent avoir resserré leurs règles d’admissibilité quant à l’aide financière accordée à certains résidents de la Maison, soutiennent MM. Noël et Prince.

Ayant adressé sa «complainte» à tous les députés québécois, Fernand Noël recense plusieurs exemples qui ont fait en sorte que la Maison a dû absorber, en deux ans, une perte de 39 000 $.

Pour une cure d’un mois, par exemple, l’aide de dernier recours (un per diem de 52 $ pour la thérapie et les frais d’hébergement) ne sera accordée à un jeune de moins de 25 ans que s’il peut démontrer qu’il a travaillé et vécu hors du foyer de ses parents pendant deux ans; sinon, ce sont les parents qui devront assumer les frais de la thérapie.

La Maison a aussi essuyé des refus si le compte du bénéficiaire excédait 887 $. Ne sera considérée que l’évaluation de la maison qu’un résident a dû vendre, mais pas l’hypothèque qui lui restait à payer, précise encore M. Noël. Il note encore que les délais de traitement des demandes d’aide prennent du temps, de sorte que si le résident retourne en détention au terme de sa thérapie d’un mois, les frais de la Maison ne seront pas payés, le dossier étant classé «inactif».

«Nous ne voulons refuser personne, dit M. Prince, parce qu’on ne voudrait pas les retourner chez les loups. Mais on ne peut tous les accepter gratis.»

Avec son équipe de douze personnes, dont six intervenants et intervenantes, la Maison peut accueillir jusqu’à 35 – elle en logeait 33 la semaine dernière – hommes aux prises avec des problèmes de dépendances, à l’alcool, aux drogues, aux médicaments. Depuis les coupes de 2015, la Maison n’accueille que des hommes.

Créée il y a cinq ans, la Maison a vu passer 570 femmes et hommes. Et la moyenne d’âge baisse graduellement. «Elle était de 42 ans au début, elle est de 32 ans maintenant.» M. Prince dit encore que 20% des résidents ayant terminé leur thérapie sont toujours sobres un an plus tard, ce qui représente un bon taux de réussite, selon lui. Des thérapies de trois mois et de six mois s’offrent aux résidents.

Benoît Prince ne s’étonne pas que chaque fois qu’on parle de la Maison de thérapie, beaucoup manifestent leur malaise. «L’alcoolisme et la toxicomanie demeurent des sujets tabous, honteux. Je suis toujours le dernier qu’on veut aider, mais le premier qu’on appelle lorsqu’il y a un problème de ce genre.»

«Aidez-nous à nous aider!», serait le slogan que Fernand Noël arborerait au nom des résidents pour mener sa campagne.

Une autre activité doit avoir lieu le 24 avril au profit de la Maison avec le spectacle des finissants de l’École de l’humour au Carré 150. Benoît Prince en parle davantage comme d’une activité de visibilité.