Logement : discriminée dans sa recherche en raison de ses enfants

Bien que la Charte des droits et libertés de la personne du Québec précise qu’un propriétaire ne peut refuser la location d’un logement en lien avec la situation familiale, Josée Desmeules s’est vu refuser, preuves à l’appui, trois logements en raison de ses quatre enfants.

«C’est depuis le mois de janvier que je fais des recherches à la suite de ma séparation. Je veux emménager à Nicolet ou à Saint-Grégoire et je ne me suis jamais rendue à pouvoir visiter un logement. Les propriétaires se permettent de demander combien j’ai d’enfants et quel âge ils ont pour ensuite préférer ne pas m’offrir un logement. J’ai même une conversation Messenger qui appuie un refus pour cette raison», déplore la maman pour qui l’achat d’une maison n’est pas envisageable.

«Je sais que dans un 5 1/2 nous serons plus à l’étroit que dans une maison, mais pour l’instant, ma situation familiale ne me permet pas d’acheter une maison à un prix exorbitant», ajoute celle qui occupe un emploi d’assistante technique en pharmacie au CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec depuis 2002. «Je suis sérieuse, je suis même prête à payer à l’avance six mois de loyer».

La discrimination que vit Josée Desmeules l’étonne et la décourage. «Mes enfants ont toujours été ma richesse. J’en viens à me dire «est-ce que je dois mentir aux propriétaires sur mon nombre d’enfants»? Est-ce qu’on en est rendu là en 2021? Je trouve cela triste et angoissant. On est rendu à la mi-avril et je n’ai rien trouvé», indique-t-elle.

Bien que la mère de famille ait des éléments pour étayer sa preuve, elle ne s’adressera pas à la Régie du logement ou à la Commission des droits de la personne. «J’ai peur de porter plainte. Si je le fais, j’ai la crainte d’avoir une réputation de mauvaise locataire auprès des propriétaires. C’est délicat. De plus, si je gagnais ma cause, quelle attitude aura le propriétaire envers moi? Également, ça prend du temps», souligne la femme qui, avec l’expérience qu’elle vit, porte un regard inquiet sur la pénurie de logements dans la région.

«Il y a peu 5 ou de 6 1/2 et ceux disponibles sont souvent à plus de 1000 $. Seule, je n’ai pas les moyens de payer ça. Et pour les loyers subventionnés, j’ai fait des recherches et j’ai un revenu trop élevé pour être admissible», conclut exaspérée Josée Desmeules.

Rappelons que la Charte des droits et libertés de la personne du Québec interdit la discrimination basée sur :

La race et la couleur;

Le sexe;

L’identité ou l’expression de genre;

La grossesse, c’est-à-dire le fait d’être enceinte ou en congé parental;

L’orientation sexuelle;

L’état civil, c’est-à-dire la situation familiale d’une personne (être célibataire, marié, divorcé, avoir ou non des enfants);

L’âge;

La religion;

Les convictions politiques;

La langue;

L’origine ethnique ou nationale;

La condition sociale, c’est-à-dire la situation sociale d’une personne en raison de son revenu, de son métier ou de son niveau de scolarité (être étudiant, retraité ou sans-emploi, par exemple);

Le handicap et l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap.

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