L’importance de soutenir les papas

La 11e Semaine québécoise de la paternité, ayant comme thème Faire équipe dès le départ, bat son plein jusqu’au 18 juin. « On souhaite notamment démontrer, avec cette semaine, toute l’importance et la place des pères », indique Line Verville, directrice générale de la Maison des familles de Victoriaville.

L’organisme, en action depuis 41 ans maintenant, se dit bien conscient qu’avec tout ce qui est mis en œuvre pour accompagner les mamans, les pères peuvent se demander où est leur place.

« Ainsi, on se mobilise tout le monde pour voir ce qu’on peut faire de mieux pour les intégrer, parce que les pères ont aussi des besoins particuliers. Accueillir un bébé, ça change la vie autant d’un père que d’une mère », observe Mme Verville.

Longtemps, les hommes, en raison de leur éducation, ont vu leur rôle comme celui d’un pourvoyeur, un rôle de soutien, celui qui apporte l’argent. « Soutenir, c’est bien, note Line Verville, mais aujourd’hui, on est rendu ailleurs avec la charge mentale élevée. On a besoin que le père se sente partie prenante et qu’il porte aussi cette charge mentale. »

Avec les années, la situation s’est améliorée. Les pères ont manifesté le désir de s’impliquer au-delà du simple rôle de pourvoyeur. « Ça fait en sorte qu’ils cherchent un repère parce qu’ils n’ont pas eu de modèle. J’ai entendu certains dire qu’ils ne veulent pas reproduire le genre de pères qu’ils ont eu. C’est pourquoi ils vont vers leurs pairs », souligne Line Verville.

Un endroit comme la Maison des familles, précise la directrice générale, favorise l’éducation populaire et souhaite susciter justement les échanges entre les pères.

« On en a tenu, dans le passé, différents groupes de discussions, des activités où les pères se sentaient interpellés », signale-t-elle.

Mais l’expérience montre qu’il n’est pas toujours facile d’attirer les papas. « Ils participent généralement aux activités familiales et générales. On se doit de profiter de tels moments pour qu’ils échangent entre pères, parfois avec un intervenant, pour pouvoir nourrir cette réflexion de la place du père, de ses inquiétudes et de ses questionnements », fait valoir Line Verville.

À l’automne, la Maison des familles prévoit, lors des cours prénataux, séparer les futurs mamans et papas qui, chacun de leur côté, pourraient s’exprimer en présence d’une intervenante. « Un jeune homme, vers la fin de la grossesse de sa conjointe, m’a confié, un jour, qu’il avait peur. Nous, on veut faire en sorte que les pères sentent que ce qu’ils vivent est légitime, qu’il y a une place pour eux de non-jugement », assure la directrice générale.

Il a été démontré, selon elle, que plus un père se sent investi tôt dans la grossesse, plus il prendra sa place et sera d’un bon soutien.

Il faut savoir aussi que la dépression post-partum n’affecte pas seulement les femmes. Si 15% à 20% des mères au Québec la vivent, on ignore bien souvent que 10% des pères en sont affectés. « Le père vit quelque chose à l’intérieur qui le déprime. Les responsabilités, le sentiment d’impuissance et même d’incompétence. Mais on doit se rappeler qu’on ne naît pas parent, on le devient. Ça s’apprend. On passe tous par là », fait-elle remarquer.

Une semaine de la paternité a son importance,  estime Line Verville, pour aider les pères, souligner leur importance et reconnaître les particularités de ce qu’ils vivent dans leur rôle. Un récent sondage Léger a révélé que 96% des parents estiment que les services doivent être conçus pour soutenir les pères.

« Ici,  nous avons toujours été assez proactifs, mais il faut continuer. Il existe chez nous une grande volonté d’accueillir les pères, de leur accorder une plus grande place », affirme Mme Verville.

Récemment d’ailleurs, le grand pique-nique de fin de saison de la Maison des familles avait prévu certaines activités spécifiques pour les papas. « On envisage aussi tenir des ateliers culinaires avec les pères sous peu. On a déjà fait une tentative avec des résultats intéressants », confie-t-elle.

Des activités sont aussi prévues durant l’été. L’organisme souhaite en venir éventuellement à des soirées-causeries. Mais d’abord, des liens doivent avoir été tissés. « Les hommes ont de la difficulté à démontrer leur vulnérabilité et leurs émotions. Ça demeure beaucoup en dedans. Il faut avec eux établir une relation de confiance. Ensuite, on peut aller plus loin, jaser davantage, explorer leurs réalités et leurs vécus », explique la directrice générale.

À travers ses 41 ans d’existence, la Maison des familles, qui emploie 13 personnes, en a parcouru du chemin.

Malgré toute son expertise, l’organisme, prévient Line Verville, ne peut stagner et doit constamment s’actualiser et s’adapter. De nouveaux enjeux apparaissent, comme l’identité des genres. « La société continue d’évoluer. On se doit de demeurer pertinent et de s’actualiser constamment. En fait, nous effectuons un travail de terrain. Il nous faut demeurer près des gens, écouter ce qu’ils demandent, être attentifs aux besoins qu’ils expriment, à leur réalité et à leurs défis », conclut Line Verville, tout en rappelant que la base première, dans tout, comme dans les familles, demeure la communication.