Les producteurs agricoles du Centre-du-Québec se mobilisent 

Escortés par 300 tracteurs, près de 500 producteurs agricoles de la région du Centre-du-Québec ainsi que leurs partenaires ont lancé un cri du coeur aux décideurs politiques de tous les paliers quant à l’urgence d’agir pour l’avenir agricole à l’occasion d’une mobilisation d’envergure, ce jeudi, à Drummondville. 

La mobilisation a débuté par le passage d’un convoi de véhicules agricoles sur le boulevard Saint-Joseph avec des pancartes et des messages inspirants affirmant leur engagement envers un avenir agricole durable. À l’arrivée du cortège au point de rassemblement, des allocutions ont été prononcées par Martin Caron, président général de l’Union des producteurs agricoles, Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, ainsi que Julie Bissonnette, administratrice du Syndicat de l’UPA de Drummond et membre de la relève, pour rappeler les défis auxquels le secteur agricole est confronté et l’urgence d’agir en ce sens. 

Protection des terres et des activités agricoles 

Soutenir notre agriculture passe par la protection de nos terres agricoles. Celles-ci sont essentielles à la production d’aliments et directement reliées à notre autonomie alimentaire. Il s’agit d’une ressource précieuse et non renouvelable. La zone agricole au Centre-du-Québec représente près de 10,2% des terres en culture au Québec et génère un PIB de 1,05 G $ pour l’industrie bioalimentaire, dont 470 M $ pour l’agriculture. Malgré leur rareté, les terres agricoles centricoises sont soumises à une pression croissante et sont très convoitées. Depuis 1988, la région du Centre-du-Québec affiche une perte nette de 730,6 hectares de territoire agricole, soit l’équivalent de 1460 terrains de football. 

« On demande aux productrices et producteurs d’être plus performants, plus efficaces et plus résilients dans un contexte de désengagement généralisé quant à la protection des terres et des activités agricoles. Comment un agriculteur pourrait cultiver plus de grains, produire plus de bétail ou récolter plus de fruits ou de légumes avec moins de terres, et en plus des conditions climatiques difficiles? L’autonomie alimentaire du Québec est menacée. Il faut agir maintenant », s’est exprimé Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, lors de la mobilisation. 

Adaptation des programmes d’aide financière 

Les producteurs agricoles centricois, tout comme ceux des autres régions du Québec, vivent une crise financière sans précédent. La hausse importante et rapide des taux d’intérêt a empiré la situation d’un nombre grandissant d’entreprises agricoles et continue de plomber leur rentabilité depuis plusieurs mois. Selon un sondage de l’UPA, 60% des agriculteurs centricois rencontrent des difficultés financières et peinent à maintenir leurs activités agricoles. Bien que des programmes de soutien ont été offerts aux entreprises par le passé, la complexité pour adresser les demandes et les critères étaient tels que plusieurs producteurs ne réussissaient pas à se qualifier ou devaient faire appel à des professionnels pour compléter les demandes, ce qui engendre des coûts importants. 

« L’avenir du garde-manger des Québécois et des Québécoises dépend de la capacité de la relève agricole à faire vivre leurs entreprises aujourd’hui. Il est crucial, impératif, urgent de leur fournir un soutien financier, qui est à la hauteur des difficultés qu’ils rencontrent maintenant, pour assurer la pérennité de l’agriculture de demain. Personne ne veut d’une assiette vide », a soulevé Julie Bissonnette, administratrice du Syndicat de l’UPA de Drummond et représentante de la relève. 

Il faut non seulement que des programmes d’aide financière soient mis en place, mais que ces nouveaux mécanismes soient également accessibles aux producteurs agricoles en n’augmentant pas leur charge administrative. La coopération des autorités à cet effet est urgente. 

Présences politiques remarquées 

Sébastien Schneeberger, député provincial de la circonscription de Drummond–Bois-Francs, Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, ainsi que Stéphanie Lacoste, mairesse de la Ville de Drummondville, étaient également de passage durant la mobilisation pour s’adresser à la foule. 

À défaut de pouvoir profiter de la présence du député fédéral de la circonscription de Drummond, Martin Champoux, sa directrice de bureau, Andrée-Anne Béliveau, était sur place pour discuter avec les producteurs présents. Le ministre provincial responsable de la région du Centre-du-Québec, qui est aussi ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a également été représenté par son attaché politique, Louis-Philippe Harnois-Arel, durant l’évènement. 

Les producteurs agricoles de la région avaient d’ailleurs symboliquement stationné un tracteur devant les locaux de M. Lamontagne, à Drummondville, durant la mobilisation afin d’exprimer leur appui envers le travail qu’il accomplit pour la communauté agricole centricoise.