Les femmes sont toujours victimes de violence parce qu’elles sont des femmes!

SOCIÉTÉ. La Maison des femmes des Bois-Francs participe à la campagne de sensibilisation des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes.

Au Québec, cette campagne de sensibilisation se déroule du 25 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) au 6 décembre (Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes).

Les trois objectifs de cette campagne sont :faire le constat de la situation des femmes dans la province et au pays; montrer que l’égalité de fait n’est toujours pas une réalité et qu’il faut donc continuer la lutte; commémorer la mémoire des victimes de Polytechnique.

De nombreuses actions

Dans le cadre de ces 12 jours, de nombreuses actions sont organisées dans toutes les régions du Québec afin de sensibiliser la population au phénomène de la violence faite aux femmes.

La Maison des femmes des Bois-Francs offrira un atelier d’autodéfense, un café-causerie sur les liens entre les stéréotypes sexistes et la violence envers les femmes ainsi qu’une distribution de rubans blancs et de chandelles.

Le port du ruban blanc signifie l’engagement à agir pour éliminer la violence envers les femmes. Des chandelles seront allumées partout au Québec le soir du 6 décembre entre 18 h et 20 h afin de se souvenir des 14 victimes de l’École polytechnique, drame survenu il y a 26 ans.

Pourquoi la thématique «Les femmes sont toujours victimes de violence parce qu’elles sont des femmes!» ?

Depuis plusieurs années, des discours proclament l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes. Ces mêmes voix remettent en question la spécificité de la violence envers les femmes : elles seraient aussi violentes que les hommes, qu’il s’agisse de violence physique, psychologique, verbale, économique et, même, sexuelle.

Or, le rapport de Statistique Canada de 2015 suggère que le principal facteur de risque d’être victime d’un crime violent est d’être une femme : «Lorsqu’on tenait compte des autres facteurs de risque, les femmes continuaient à afficher un risque de victimisation avec violence d’environ 20 % supérieur à celui des hommes.» (Source http://www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/2015001/article/14241-fra.htm#a3 )

Autrement dit, ce ne sont pas des facteurs de risque tels que la consommation d’alcool ou de drogues, ni le type d’endroit fréquenté, ni le type d’activité pratiquée, ni l’orientation sexuelle ou le lieu de résidence qui explique que des femmes soient victimes de crime violent. Le seul facteur significatif est le fait qu’elles soient des femmes.

Des chiffres décevants

En 2014, l’ensemble des crimes violents au Canada a diminué de 28 %. Cependant, les agressions sexuelles sont restées stables, soit 553 000 femmes versus 80 000 hommes. Puisque les crimes violents envers les femmes sont surtout des agressions sexuelles et des voies de fait, les femmes constituent maintenant la majorité des victimes de crimes violents soit 1 266 000 femmes versus 979 000 hommes.

Des chiffres décevants, surtout si l’on considère qu’au Canada on estime que seulement 5 % des agressions sexuelles sont dénoncées. Rappelons également que les agressions sexuelles sont à considérer dans le continuum des violences envers les femmes : violence conjugale et familiale, harcèlement sexuel et psychologique, mutilations génitales, stérilisation forcée, féminicide, traite des femmes à des fins économiques et sexuelles, exploitation sexuelle, marchandisation et objectification du corps, pornographie. Tous ces traitements dégradants sont surtout imposés aux femmes, parce qu’elles sont des femmes.

On occulte donc la spécificité de la violence envers les femmes et on véhicule simultanément l’idée que l’égalité entre les femmes et les hommes est atteinte. Ce silence sur la spécificité de la violence envers les femmes et cette croyance sur l’égalité déjà atteinte font obstacle au changement.

La violence envers les femmes est une violation des droits humains. La violence envers les femmes n’est pas seulement un problème de femmes. C’est un problème de société et les femmes veulent vivre dans une société saine, pacifique et égalitaire.

C’est pourquoi la Maison des femmes des Bois-Francs invite toute la population à porter le ruban blanc du 25 novembre au 6 décembre et à allumer une chandelle le 6 décembre à 18 h. «Notre but collectif est de pouvoir garantir, à toute femme, l’exercice effectif de son droit à la sécurité et à vivre dans une société sans violence. Les femmes sont toujours victimes de violence parce qu’elles sont des femmes. Il est impératif d’agir ! Faites partie de la solution !»