Les femmes prennent leur place dans l’agroalimentaire

Ce sont majoritairement les femmes qui se chargent des emplettes alimentaires pour leur famille. Pas étonnant alors de voir que ces mêmes femmes prennent de plus en plus leur place dans l’industrie agroalimentaire, comme c’est le cas chez Mon Marché de Victoriaville, où cinq des sept membres du conseil d’administration sont désormais de sexe féminin.

D’entrée de jeu, il faut rappeler que Mon Marché a été fondé afin de faciliter l’accès à des produits régionaux de qualité pour la population de Victoriaville et sa région, tout en favorisant la proximité entre le producteur et le consommateur. Son mode de fonctionnement est la précommande en ligne, puis la livraison hebdomadaire ainsi que la vente dans la boutique du 460, boulevard Jutras Est à Victoriaville, les jeudis, vendredis et samedis.

Du nouveau au CA

Depuis quelques jours, un nouveau conseil d’administration a été constitué. Se sont ajoutés à l’équipe Anne-Marie Tanguay (une productrice), Sylvie Lampron (une transformatrice) et Karen Mackenzie (une cliente) qui viennent en appui à la présidente Véronique Allard (qui est également directrice générale par intérim), Suzie Larrivée, Benoit Variot et Sébastien Trottier.

Pour ce qui est d’Anne-Marie Tanguay, elle connaît bien Mon Marché, qu’elle fournit des légumes et pousses de son entreprise de Bécancour, Ana Serres et saveurs. « Je suis productrice pour Mon Marché depuis 2012 », a-t-elle précisé avec fierté. Si elle a choisi de donner de son temps pour cet organisme, c’est tout simplement parce qu’on l’a approchée et, voyant que le CA avait besoin de sang neuf, elle a voulu y apporter son énergie et ses idées. Agronome de métier ainsi que productrice, elle estime que Mon Marché est un point de vente important. « C’est un organisme qui vise à mettre en valeur les produits locaux et biologiques », apprécie-t-elle.

Si pour Anne-Marie, Mon Marché figure parmi ses lieux de vente, elle considère important de faire des efforts afin qu’il soit prospère et perdure dans le temps. « Je ne peux pas seulement espérer y vendre mes produits », estime-t-elle. Elle rejoint ainsi l’équipe du CA et apporte son soutien afin d’augmenter le rayonnement de ce marché et fidéliser la clientèle. « Je m’implique parce que j’y crois », insiste-t-elle.

L’achat local est un défi pour tous et, comme l’indique Anne-Marie, plusieurs en ont une perception erronée, croyant que les produits du coin (et bio)) seront plus coûteux que ceux achetés dans les grandes surfaces. « Ceux qui font la grosse marge, ce sont les intermédiaires », résume-t-elle en insistant sur le fait que beaucoup d’aliments proposés, notamment chez Mon Marché, sont moins chers qu’à l’épicerie « traditionnelle ».

Chaque semaine, une fois la période de précommande terminée, la productrice vient donc à Victoriaville apporter les commandes aux clients. Cela lui donne l’occasion de voir ce qui se passe dans l’organisme et déterminer comment elle pourrait contribuer à améliorer toujours davantage la situation. Et bien entendu, elle profite de son passage afin d’encourager ses collègues en faisant quelques emplettes dans la boutique. 

Même son de cloche du côté de la transformatrice Sylvie Lampron. Propriétaire du service de traiteur sans gluten Douceur gourmande, de Sainte-Perpétue, elle vient aussi d’accéder au conseil d’administration. Sylvie à toujours beaucoup de pain sur la planche, mais souhaite aussi prendre du temps pour appuyer cet organisme qu’elle alimente de ses petits plats cuisinés depuis 2015. « Je n’avais pas vraiment le temps de le faire, mais il y avait un besoin à combler, alors j’ai décidé de m’investir », a-t-elle dit. 

Son expérience de 24 ans à titre d’entrepreneure sera sans doute appréciée au sein du conseil d’administration où elle souhaite amener davantage de transparence, autant du côté des marchands fournisseurs que des clients. « Cela afin de développer un sentiment d’appartenance », croit-elle. Pour Sylvie, Mon Marché est un organisme important qui se démarque des grandes surfaces grâce à ses produits régionaux. D’ailleurs, ce sont entre 15 et 20% de ses ventes qu’elle réalise à cet endroit,

Et bien sûr elle se fait un devoir d’encourager ses collègues fournisseurs lorsque possible, notamment pour les légumes. « Mon Marché, ça amène aussi les producteurs et transformateurs à se connaître même si on n’a pas souvent la chance de se croiser », confie-t-elle. Quant à la place des femmes dans l’agroalimentaire, Sylvie estime qu’elle est presque naturelle et affirme que dans son entourage, beaucoup d’entre elles développent leur fibre entrepreneuriale, comme elle le fait aussi. « Ce sont des emplois exigeants dans lesquels on retrouve des gens passionnés », résume-t-elle. Ainsi, peu importe que l’on soit un homme ou une femme, elle considère qu’il y a une place pour tout le monde qui souhaite y travailler et mettre les efforts nécessaires.

Elle veut aussi donner son apport au conseil d’administration de Mon Marché parce qu’elle estime primordial qu’il garde sa place (et en prenne une plus grande encore) et poursuive son importante mission réalisée avec « des gens de qualité », comme elle dit, et qu’elle vient épauler avec plaisir. « C’est à mon tour et je vais faire ma part parce que j’y crois », termine-t-elle. Faire ses achats chez Mon Marché, c’est avoir un impact sur l’économie régionale tout en contribuant au développement durable. Un moyen simple d’encourager l’agroalimentaire d’ici tout en se procurant d’excellents produits.