Les demandes d’admission explosent au Cégep

Un nombre «jamais vu» de demandes d’admission, un retour vraisemblable à un calendrier normal à l’automne, bref, le directeur des études du Cégep de Victoriaville, Christian Héon jubilait, lundi soir, en annonçant ces bonnes nouvelles aux membres du conseil d’administration.

Au premier mars, les demandes d’admission au premier tour s’établissent à 1030. «Je suis au Cégep depuis 25 ans, je n’ai jamais vu ça de mémoire», a souligné le directeur des études.

Tableaux à l’appui démontrant, entre 2006 et 2021, l’évolution des demandes d’admission, Christian Héon a rappelé qu’en 2006, le nombre de demandes se situait à son plus bas niveau dans un contexte de décroissance démographique. «Sous l’impulsion du directeur général Vincent Guay, arrivé vers 2005, on a redressé la barre jusqu’en 2011-2012», a-t-il expliqué.

Le conseil d’administration réuni, lundi soir (Capture d’écran)

Par la suite, un plateau, intéressant vu la décroissance démographique, a été observé jusqu’en 2017 avant que la courbe ne reprenne son ascension en raison notamment des efforts déployés par l’établissement collégial pour une meilleure intégration des gens, mais aussi du travail de l’ancienne Commission scolaire des Bois-Francs pour relever les taux de réussite et de diplomation. «Ça nous a aidés», a observé M. Héon.

Aujourd’hui, plusieurs raisons, a-t-il noté, expliquent les 1030 demandes d’admission reçues qu’il s’empresse, cependant, de distinguer avec les inscriptions. Une demande ne signifie pas une inscription automatique.

L’ajout des nouveaux programmes Techniques d’éducation à l’enfance, Technologie de l’architecture et Agriculture urbaine a produit son effet.

Ainsi, 36 demandes ont été enregistrées pour l’éducation à l’enfance et une soixantaine pour l’architecture. L’agriculture urbaine a recensé une trentaine de demandes à Victoriaville et autant à Montréal. «Il y a un véritable engouement», a signalé Christian Héon.

Les demandes provenant des étudiants internationaux ont joué aussi dans la balance. À ce chapitre, le nombre total de demandes, incluant celles des étudiants français, a quintuplé en cinq ans, passant de 50 en 2017 à 250 en 2021.

Les demandes d’admission des étudiants de France, quant à elles, ont décuplé, grimpant de 10 en 2017 à plus d’une centaine cette année. «Quand les étudiants français font une demande d’admission, il existe de fortes chances qu’ils s’inscrivent», a fait remarquer le directeur des études.

Christian Héon, directeur des études (Photo lanouvelle.net – Archives

On retrouvera, a-t-il confié, un grand pourcentage de ces étudiants français à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie. Ces jeunes vont diplômer et on a de bonnes chances de les voir demeurer dans la région. On importe carrément des travailleurs, des gens qui vont contribuer dans la région et au Québec dans des métiers en demande. On est très fier de ça», a exprimé Christian Héon.

De grands défis

L’augmentation anticipée du nombre de cégépiens amène d’importants défis, à commencer par l’hébergement. «Chose certaine, si on veut des étudiants, il faut qu’ils puissent dormir quelque part», a fait valoir M. Héon.

Des besoins d’espace se font sentir et amèneront les autorités collégiales à réfléchir à la question. «Construira-t-on une autre résidence? Pourrait-on s’associer avec des locateurs privés?», a-t-il soulevé.

La réussite constitue aussi un défi pour ces étudiants venus d’ailleurs. «Ces étudiants qui arrivent doivent s’adapter, non seulement au Cégep, mais aussi à la société québécoise. Le fait qu’ils soient éloignés de leurs familles représente également un défi supplémentaire. Il faudra garder cela en tête lorsque nous nous pencherons sur le prochain plan de la réussite», a indiqué Christian Héon qui a fait part d’une autre bonne nouvelle, l’accréditation CRIEE (conseiller réglementé en immigration pour étudiants étrangers) obtenue par deux professionnelles du Cégep. «Cela facilite le travail, assure de donner de bons conseils aux étudiants et empêche des mauvaises surprises», a-t-il confié.

Le Cégep s’assure aussi de bien préparer la session automnale. «On a prévu des cours d’accompagnement pour les étudiants qui arriveront du secondaire afin de les accueillir adéquatement en leur donnant ce dont ils ont besoin pour qu’ils soient rassurés et accompagnés», a-t-il dit.

Retour à la normalité?

Avant d’entretenir le conseil d’administration sur les admissions, c’est avec une joie non dissimulée que Christian Héon a traité du prochain calendrier scolaire qui pourrait revenir à la normale. «Si tout va bien, si M. Arruda veut bien, on aura deux sessions régulières de 82 jours. C’est donc un calendrier normal qu’on planifie. La Santé publique nous envoie des signes positifs», a fait savoir le directeur des études.

«C’est certain qu’il y aura des mesures sanitaires, mais on espère pouvoir avoir 100% de nos étudiants en présence», a-t-il ajouté.

D’ailleurs, les étudiants des programmes d’agriculture et de technologie de l’électronique industrielle auront une session estivale cet été. «On a fait les premières estimations avec les mesures sanitaires actuelles. Les étudiants vont avoir une session 100% en présence. Yeah, yes!», s’est-il exclamé.

Denis Deschamps, directeur général du Cégep de Victoriaville (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Des prévisions

L’augmentation du nombre d’étudiants au Cégep de Victoriaville devrait se poursuivra ces prochaines années, et peut-être même au-delà des projections effectuées par le ministère de l’Enseignement supérieur et basées sur la démographie.

C’est, du moins, ce que croit le directeur général du Cégep, Denis Deschamps. «Le ministère nous fournit des données démographiques des tendances qu’on devrait voir sur un horizon de 10 ans dans les établissements collégiaux en termes de population étudiante», a-t-il explicité.

Pour l’année 2020, le ministère prévoyait 1468 étudiants au Cégep de Victo. Or, l’institution en a accueilli près de 1600.

Pour 2028, les projections ministérielles font état de 1750 étudiants. Mais, pour Denis Deschamps, ce chiffre doit être revu à la hausse puisque les projections se basent sur des calculs de 2018. «Cela ne tient donc pas compte de nos nouveaux programmes d’agriculture, d’architecture et d’éducation à l’enfance, ni des étudiants internationaux. Sans compter que d’autres programmes pourraient s’ajouter d’ici là. On risque d’être plus près de 2000 étudiants», a évalué le directeur général, ajoutant que tout cela mènera à d’importantes réflexions.