Les contribuables victoriavillois bénéficieront d’un gel de taxes

Pandémie oblige, le conseil municipal de Victoriaville a adopté, lundi soir, un budget en conséquence qui prévoit, pour 2021, un gel des taux de taxes de tous les secteurs : résidentiel, agricole, commercial et industriel. Ce qui fait que les avis d’imposition ne varieront que d’une dizaine de dollars.

«Il s’agit d’une année exceptionnelle. Avec ce gel, on déroge à notre politique de ne pas augmenter les taux plus que celui de l’IPC (indice des prix à la consommation)», a commenté le maire André Bellavance. Le budget de 98,3 M $, comparativement à 95,8 M $ en 2020, tient compte des pressions financières liées à la pandémie, a-t-il souligné. «Dès le départ, le conseil tenait à présenter un budget qui n’allait pas ajouter au fardeau financier des contribuables qui subissent déjà les contrecoups de la COVID. Nous avions une volonté commune d’atténuer l’impact de la pandémie et de faire en sorte que chaque dollar soit investi judicieusement», a fait valoir le maire.

Ce budget s’ajoute, a-t-il dit, aux mesures déjà prises par la Ville pour soulager un tant soit peu les contribuables : report du paiement de taxes sans intérêt, l’instauration du stationnement gratuit et, plus récemment, une nouvelle politique concernant les contrats pour les entreprises locales.

Le gel des taux de taxes, a expliqué le premier magistrat, a été rendu possible par l’obtention d’aides gouvernementales totalisant 2,9 M $ et par une saine gestion financière, notamment une limitation des dépenses. «Nous avons demandé à l’ensemble des directeurs de services de limiter au maximum les nouvelles augmentations de dépenses. Ces efforts ont été faits. Elles ont diminué de près de 4% comparativement au budget 2020», a indiqué le maire de Victoriaville.

Par secteur

Les taux de taxes demeurent donc inchangés en 2021, s’établissant à 1.05 $ du 100 $ d’évaluation pour les secteurs résidentiel et agricole, de même que pour les immeubles de six logements ou plus. Le taux demeure à 2,08 $ pour les immeubles industriels et à 1,75 $ pour les terrains vagues desservis. Quant aux immeubles commerciaux, les taux sont maintenus à 1,95 $ pour un immeuble évalué à moins de 500 000 $ et à 1,99 $ si la valeur se situe à 500 000 $ et plus.

Si certains ajustements (hausse ou baisse) touchent la tarification des services (aqueduc, égout, assainissement des eaux et voirie), ils n’affectent en rien le compte de taxes. Un seul service amène une hausse de l’avis d’imposition, la gestion des matières résiduelles. «Il nous fallait  ajuster ce tarif compte tenu de la crise du recyclage et des investissements importants de l’ordre de 25 à 30 M $ que Gesterra devra effectuer au cours des cinq prochaines années, notamment pour des cellules d’enfouissement et une plateforme de compostage», a précisé le maire André Bellavance.

La dernière hausse remonte à 2011, a-t-il rappelé, une hausse de 10 $ qui portait le tarif à 177 $ par porte, Victoriaville en dénombre 24 000. Cette fois encore, l’augmentation sera de 10 $. «Les hausses représentent plus que ça dans la gestion des matières résiduelles. Mais avec les compensations gouvernementales, nous pouvions limiter la hausse de tarif à 10 $ par porte», a indiqué le maire Bellavance. En clair, le compte de taxes augmentera de 10 $ pour tous. Pour une résidence moyenne évaluée à 182 300  $, il en coûtera 2705 $ plutôt que 2695 $. Pour un commerce d’une valeur moyenne de 434 100 $, le compte passera de  9825 $ à 9835 $, tandis que pour une industrie évaluée à 811 700 $,  le coût à payer grimpe aussi de 10 $, de 19 112 $ à 19 122 $.

Coup d’œil sur le budget

En 2021, Victoriaville voit ses revenus chuter d’environ 1 million pour se situer à 91,3 M $, une diminution attribuable au gel de la taxation et aux revenus moindres liés aux activités de loisirs et à la gratuité des stationnements. «Les revenus, à 80%, proviennent des taxes municipales et de la tarification des services», a signalé André Bellavance. Les dépenses, quant à elles, atteignent 98,3 M $ en hausse de 2,5 M $ par rapport en budget 2020. «C’est moins que les 6,6 M $ que nous anticipions. Les efforts ont été faits pour les limiter», a-t-il observé.

Pour  équilibrer son budget et combler le manque à gagner qu’entraîne le gel de taxes, la Ville a puisé dans ses surplus antérieurs et utilisé l’aide gouvernementale. Les principales dépenses touchent à l’hygiène du milieu (18,3 M $), le transport (16,7 M $), les loisirs et culture (15,4 M $), l’amortissement des immobilisations (13,5 M $), l’administration générale (11,4 M $) et la sécurité publique (11,3 M $).

Où va l’argent?

Pour chaque dollar provenant des taxes, 20 sous vont à l’environnement et l’hygiène du milieu (eau potable, eaux usées, matières résiduelles), 18 sous sont consacrés au transport (travaux publics, déneigement, pavage, Taxibus, aéroport) et 14 sous sont requis pour la sécurité publique (Sûreté du Québec, incendie).

Par ailleurs, 16 cents de chaque dollar se retrouve en loisirs et culture (sports, piscine, arénas, bibliothèques) tandis que le remboursement de la dette et l’administration générale accaparent chacun 12 sous. Enfin, 6 sous sont destinés à l’aménagement, l’urbanisme et le développement, et 2 sous pour la santé et le bien-être.

Endettement : Victo en bonne position

Les statistiques de 2019, à ce chapitre, révèlent un endettement total à long terme de 83,8 M $, en hausse de 6,5 M $ sur 2018. L’augmentation s’explique par les investissements majeurs pour le collecteur St-Henri, le prolongement du parc industriel et la mise à niveau du pavillon Jean-Béliveau. Cet endettement représente 1771 $ par habitant, ce qui place Victoriaville au 7e rang parmi les 25 municipalités de 25 000 à moins de 50 000 habitants et au 8e rang parmi les 27 cités régionales (des municipalités d’agglomération, ou villes centres, dans chaque région). L’endettement par habitant à Victo (1771 $) est ainsi nettement inférieur de 995 $ à la moyenne des villes de taille comparable et de 644 $ en comparaison à la moyenne des cités régionales.

Somme toute, le conseil municipal se réjouit de présenter un budget visant à atténuer le plus possible les impacts de la pandémie. «En allégeant la pression financière subie par les contribuables, ce budget contribuera à favoriser une relance économique plus vigoureuse et, espère-t-on, plus rapide», a conclu le maire, non sans rappeler le plan quinquennal d’immobilisations déjà annoncé et qui prévoit pour 2021 des investissements de 50 M $, notamment pour la réfection du réservoir Beaudet, le pavage de 45 rues et le prolongement de l’écoparc Daniel-Gaudreau.