Les agressions à caractère sexuel, «ça existe encore et trop souvent»

VICTORIAVILLE. Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Unies-vers-Elles créé pour soutenir les femmes victimes de violence souhaite s’ouvrir aux victimes masculines. Et on sait qu’il y en a, dit Lise Setlakwe, directrice générale du CALACS de Victoriaville. «Un homme sur six a été victime d’une agression sexuelle avant d’atteindre sa majorité, ce qui pourrait représenter un peu plus de 9000 hommes au Centre-du-Québec», a-t-elle dit.

À l’occasion de la Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d’actes criminels, l’organisme invite la population à une activité de financement visant à mettre en place un groupe de soutien pour les hommes victimes d’agression sexuelle.

L’activité, pour laquelle le CALACS a obtenu une subvention de 6000 $, prendra la forme d’un souper spaghetti le mardi 21 avril, à compter de 17 heures au Centre communautaire d’Arthabaska.

On y attend quelque 350 convives. Ils seront invités à verser une contribution volontaire. On espère amasser 12 000 $. Au cours de la soirée, on entendra des témoignages de victimes directes… et indirectes, celles-là étant des proches de personnes ayant subi des actes de violence.

Si le projet d’offrir des services aux victimes masculines provient du CALACS, c’est parce qu’il dispose des ressources et de l’expérience pour intervenir, a expliqué Mme Setlakwe. «Et l’égalité fait partie des valeurs féministes du CALACS», a-t-elle ajouté.

Elle a poursuivi en disant que le CALACS ne pouvait se montrer insensible aux appels de victimes masculines, aucun service ne leur étant offert au Centre-du-Québec. Il y a bien l’organisme Emphase de Trois-Rivières qui pourrait proposer son soutien aux hommes. «Il faudrait les inviter à se rendre à Trois-Rivières. Ou il faudrait s’assurer qu’on a la masse critique pour que l’organisme vienne ici. Comme on ne détient aucun répertoire, on lance le projet-pilote.»

L’expérience sera menée par le CALACS de Victoriaville qui s’adjoint la collaboration d’autres organismes, comme le CAVACS, Homme Alternative et le Centre de ressources pour hommes de Drummondville.

Témoignages

Lise Setlakwe a dit à quel point son travail au CALACS de Victoriaville la bouleverse, s’étonnant que la violence sexuelle touche autant de personnes… et de tous les milieux. Et à Victoriaville!, s’exclame-t-elle. Dans les écoles, les intervenantes recueillent toutes sortes de témoignages… parfois des histoires d’horreur. «Fatiguant que le sujet soit encore tabou», déplore-t-elle.

Tout en rappelant que 85% des victimes sont des femmes, elle a souligné qu’il fallait, ensemble, se lever pour dénoncer la violence, pour dire qu’elle est inacceptable.

Au cours de la soirée de sensibilisation, on entendra trois témoignages. Jean-François Picard prendra la parole tout autant à titre d’ambassadeur de la Semaine que de victime indirecte. Sa conjointe, Sarah Bureau a été victime d’agression sexuelle alors qu’elle était enfant.

Les victimes collatérales ont aussi besoin de parler, a commenté M. Picard. «On a besoin d’en parler pour être en mesure de bien supporter la personne avec qui on vit», a-t-il dit.

Outre M. Picard, la jeune femme d’affaires Élise des Loges et la chiropraticienne Geneviève Moreau ont également été choisies comme ambassadrices.

Surprenant tout le monde à la conférence de presse, Mme des Loges a révélé que la cause lui tenait particulièrement à cœur parce qu’elle-même avait été victime d’agression. «Personne ne s’en est rendu compte.»

Elle le dit aujourd’hui, maman de quatre enfants dont deux filles, comme si de révéler son terrible secret pouvait, en quelque sorte, constituer un moyen de prévention. La violence sexuelle, a-t-elle ajouté, «ça existe encore et trop souvent».

Par sa présence et son attitude, Élise des Loges incarne le message d’espoir que veut propager le CALACS avec son activité de sensibilisation. Sous la thématique «Façonner l’avenir ensemble» l’artiste et animatrice Cindy Daoust remettra à chacun des convives une pièce de la mosaïque qu’ils fabriqueront… ensemble.