L’éolienne… alternative de Réjean Leblond

Réjean Leblond rêve du jour, pas trop lointain il l’espère, qu’une éolienne de sa conception s’érigera sur le mont Arthabaska – sans déguiser le paysage, précise-t-il – pour alimenter en énergie et pour pas cher la Ville de Victoriaville, du moins ses équipements municipaux, l’éclairage de ses rues. Illumination? Faudra voir.

Sa demande de brevet pour un «capteur à engrenage d’énergie éolienne» a été acceptée par l’Office de la propriété intellectuelle du Canada.

Mais il n’a pas besoin de détenir le brevet pour, avec des associés, entreprendre la production de son «éolienne». Il croit même que la fabrication pourrait commencer dès 2018.

Sous plusieurs aspects, son dispositif se distingue des éoliennes plantées dans le décor québécois et fonctionne aussi différemment.

Et parce son éolienne se distingue de celle que l’on connaît, elle serait moins encombrante, plus efficace, plus abordable à l’achat (le prix d’une voiture moyenne, précise-t-il) et plus «rentable» puisqu’elle pourrait emmagasiner l’énergie, prétend-il. Et ne serait pas bruyante. «C’est la vibration des pales au bout pointu qui fait le bruit», prétend-il.

Il explique que contrairement aux grandes éoliennes des montagnes, la sienne, pourtant plus petite, peut capter plus de vent. «Habituellement, le vent frappe les pales parallèlement à leur axe et il se perd dans les espaces entre ces pales. En fait, l’éolienne de montagne ne capte que 10% de l’énergie qu’elle reçoit. Avec mon éolienne, le vent souffle perpendiculairement à son axe et comme elle peut faire une rotation complète peut capter 100% de l’énergie.

M. Leblond dit encore que les grandes éoliennes ne peuvent tourner à plus de 90 km/heure. «Elles sont limitées parce qu’elles risquent de se briser. Ce ne serait pas le cas de la mienne.»

Parce que plus petites, ses éoliennes pourraient s’installer dans les quartiers pour alimenter en énergie des maisons, des usines, imagine-t-il.

Depuis 17 ans, d’abord aiguillonné par une «écoeurantite aigue» de la dépendance au pétrole… et à ses fluctuations de prix, Réjean Leblond n’a jamais cessé de fouiller, de dessiner, de concevoir, de penser à des façons d’utiliser des sources d’énergie naturelle, non polluantes. «Et elles sont nombreuses! On pourrait parler de celles qu’on pourrait tirer des rivières, des marées… et sans avoir à construire des barrages.»

On avait déjà parlé en 2010 dans La Nouvelle Union de son amplificateur relatif de puissance sur lequel il travaillait depuis 2000, cherchant à faire rouler un véhicule avec quelques gouttes d’essence et une impulsion électrique. Dans la foulée de ces travaux il s’apprête à déposer une autre demande de brevet pour ce qu’il appelle maintenant un transformateur mécanique d’énergie.

Originaire de Sainte-Apolline-de-Patton (région de Montmagny), installé à Victoriaville depuis 40 ans, Réjean Leblond s’est toujours présenté comme un «patenteux» de nature. Il a gagné sa vie comme serrurier pendant 25 ans.

Il persévère dans ses recherches, admettant avoir été`, à un certain moment, rasséréné par les encouragements d’un de ses amis ayant travaillé dans un centre de recherche d’Hydro-Québec, lui ayant dit qu’il fallait jusqu’à 25 ans de travaux en R&D pour mettre un dispositif au point. «Et ils ont du budget, des ingénieurs et des équipements. Moi, je travaille tout seul, sans un sou… et depuis 17 ans seulement», dit-il en souriant.

À 74 ans, Réjean Leblond n’ambitionne pas de diriger… et de faire tourner l’entreprise qui produirait les éoliennes de sa conception.

Il a déjà songé à la possibilité que cette nouvelle entreprise victoriavilloise puisse vendre des licences à d’actuels fabricants, ne cherchant pas à les rivaliser. S’il tenait à rendre publique maintenant sa nouvelle conception, c’est qu’il voulait démontrer que depuis ses premières apparitions publiques… il n’avait pas que brassé du vent.