Le Réseau Racines tient son premier Rendez-vous annuel

Le nouveau Réseau Racine tient aujourd’hui (mardi) son tout premier Rendez-vous annuel au Pavillon Arthabaska à Victoriaville.

Pas moins de 85 personnes d’un peu partout au Québec y participent, à savoir notamment des représentants d’organismes œuvrant dans le démarrage, le développement et le soutien de projets d’incubateurs d’entreprises agricoles, des agents de développement du territoire et des personnes aspirant à démarrer une première entreprise agricole.

Le Réseau Racines, officiellement constitué en organisme à but non lucratif (OBNL) en mai 2023, a pour mission de soutenir les incubateurs d’entreprises agricoles tout en favorisant les échanges entre ces incubateurs, les aspirants agriculteurs et les organismes qui les soutiennent.

Le Rendez-vous annuel a justement pris son envol avec Pierre Olivier Ouimet, chercheur et chargé de projet au Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) du Cégep de Victoriaville et dont les travaux, depuis 2018, ont surtout porté sur le soutien à l’établissement agricole et plus particulièrement sur le développement des incubateurs d’entreprises agricoles au Québec.

À l’auditoire, M. Ouimet a exposé le contexte qui a mené à la création de Réseau Racines. Tout a commencé au CISA en 2018, a-t-il dit, quand on a voulu documenter le phénomène des incubateurs d’entreprises agricoles qui apparaissaient dans différentes régions.  « On voulait savoir qu’est-ce que c’était, ce qu’ils faisaient exactement et quels étaient leurs enjeux et défis », a-t-il précisé.

Une première enquête a révélé qu’ils faisaient face à des enjeux et défis semblables. « Mais on a aussi constaté un isolement, le peu de relations et d’échanges entre les différents incubateurs. Cependant, on nous a témoigné une volonté de pouvoir développer une relation, connaître les bonnes pratiques et connaître les solutions de certains face à certains défis », a fait savoir M. Ouimet.

Le Réseau Racines a éventuellement pris forme, a défini la notion d’incubateur comme étant une structure à utilité collective et visant à faciliter l’accès à des moyens de production et/ou à des services d’accompagnement.

Le Réseau a aussi précisé sa mission en plus de se doter d’un plan d’action qui prévoit la tenue de rendez-vous annuels, l’élargissement des membres, la représentation auprès d’instances politiques et lors d’événements, l’élaboration de différents outils, la production d’un rapport sur les impacts et les retombées des incubateurs, de même que le développement de l’offre de services du Réseau pouvant prendre la forme de formation et le parrainage, notamment.

Le Réseau Racines prévoit éventuellement l’embauche d’une personne à titre de coordonnatrice. Pour le moment, la coordination est assurée par le CISA.

Les incubateurs répondent à un contexte où il y a une préoccupation pour le renouvellement des générations en agriculture avec une relève qui provient moins du milieu rural et agricole et qui provient souvent du milieu urbain.

« Ces éléments amènent un besoin de renouveler les outils pour soutenir l’établissement agricole », a fait valoir le chercheur et chargé de projet.

Le Québec, a-t-il indiqué, a connu à la fin des années 2010, particulièrement en 2017, un phénomène d’émergence des incubateurs. En 2023, 11 incubateurs sont en activité, sans compter un certain nombre en développement.

Les incubateurs québécois adoptent une grande variété au niveau des formes organisationnelles, comme un OBNL ou une coopérative. Parfois, les projets sont

portés par une MRC ou une maison d’enseignement.

Quant aux productions ciblées, les incubateurs ciblent davantage actuellement le maraîchage, en bonne partie biologique. « Et ce qu’on voit actuellement, c’est beaucoup un modèle axé sur un lieu physique où l’entrepreneur peut expérimenter son projet sur quelques années pour ensuite aller s’établir sur une autre terre. Et on voit parallèlement des modèles où l’accompagnement est davantage mobile, l’incubateur étant plus axé sur une offre d’accompagnement », a expliqué Pierre Olivier Ouimet.

Plus tard en matinée, les participants ont pu prendre connaissance de différents modèles d’incubateurs agricoles existants.

Ils ont aussi pu entendre, par visioconférence, Jean-Baptiste Cavalier, le coordinateur national du RENETA, le réseau français des espaces-tests agricoles créé en 2012 et qui compte 86 membres, « un réseau d’échanges de pratiques et d’expériences », a-t-il noté.

L’espace-test agricole constitue un dispositif pour permettre la mise en place du test d’activité agricole. « Cela s’inscrit dans un parcours de création progressif d’activités. Le principe est de développer son activité de manière responsable et autonome. On fait ses choix, on prend ses décisions sur une durée limitée entre un et trois ans. L’objectif est vraiment de permettre à la personne d’évaluer son projet et sa capacité pour en arriver à décider si elle concrétise ou si elle laisse tomber constatant que ce n’est pas fait pour elle », a expliqué M. Cavalier.

Aujourd’hui, la France dénombre 65 espaces-tests qui fonctionnent et une quinzaine de projets représentant environ 350 personnes.

En 2023, les espaces-tests sont voués à 60% au maraîchage. « Aujourd’hui, on voit de plus en plus de gens arriver avec des idées de production animale, mais techniquement, c’est plus complexe », a fait remarquer le conférencier.

Depuis la création du RENETA, quelque 1500 personnes ont réalisé des tests d’activité. Les trois quarts des gens concrétisent leurs installations avec des entreprises qui fonctionnent. « On obtient un taux de pérennité de 97% après cinq ans, c’est énorme », a commenté Jean-Baptiste Cavalier, ajoutant que

15% des gens abandonnent leur projet au profit d’une réorientation non agricole, alors que 10% des personnes demeurent intéressées par le monde agricole, mais décident d’être salariés.

Le Rendez-vous annuel se poursuit en après-midi avec les enjeux de la relève agricole et un atelier devant mener à la création d’un guide de démarrage et de développement d’un incubateur d’entreprises agricoles.