Le port du masque : un irritant pour les malentendants

Si le déconfinement passe par le port du masque, cela risque de poser problème pour les personnes malentendantes. Robert Daneau parle par expérience, lui qui éprouve des problèmes d’audition depuis 25 ans.

«Ça va déranger beaucoup s’il faut en porter un. C’est une question de communication, explique-t-il. J’ai suivi un cours de lecture labiale, à un certain moment, pour être en mesure de lire sur les lèvres. Mais il est très important de voir la personne à qui on parle.»

La présence d’un masque rend impossible la lecture labiale. «Même avec quelqu’un arborant une grosse barbe, j’ai de la difficulté à comprendre ce qu’il dit, car je ne peux lire sur ses lèvres. Imagine avec un masque», souligne Robert Daneau, ex-président de l’Association des personnes malentendantes des Bois-Francs qui compte une centaine de membres et dont il fait toujours partie.

La lecture labiale se veut un complément à la capacité d’audition de la personne. «Certains pensent qu’après un cours de lecture labiale, on n’a pas besoin d’entendre ce qui se dit parce qu’on lit sur les lèvres. On ne peut tout lire sur les lèvres. C’est un complément. Ça nous aide beaucoup en regardant les gens», indique le Victoriavillois tout en ajoutant qu’un masque viendrait en plus «étouffer la voix», rendant encore plus difficile la communication.

La coordonnatrice de l’Association des personnes malentendantes des Bois-Francs, Isabelle Michaud, reconnaît aussi que le masque ajouterait une difficulté de plus. «Ce serait handicapant», précise-t-elle, tout en n’entrevoyant que peu de solutions pour le moment, du moins, à l’exception d’un accompagnateur qui pourrait informer la personne de la teneur des discussions.

Reste que si la mesure est imposée, Robert Daneau n’aura d’autre choix que de s’y plier. «C’est certain que si cela peut faire en sorte d’éviter que la pandémie dégénère, on n’aura pas le choix de vivre avec, mais ce serait compliqué», convient-il.

Et qu’en est-il du confinement, lui un aîné actif qui sort beaucoup d’ordinaire? «Honnêtement, c’est long, exprime-t-il, surtout que je n’ai ni enfant, ni famille à Victoriaville.» D’où un sentiment d’une plus grande solitude. «Mais il faut bien s’y faire», conclut-il, peu de temps avant de s’accorder une marche à l’extérieur, chose qu’il n’hésite pas à faire par beau temps.