Le père ne se serait pas lancé sans son fils
CHESTERVILLE. Raynald et Nicholas Bernier. Le père et le fils. Ils viennent de se porter acquéreurs de l’Ébénisterie Chester, une petite entreprise que Rolland Côté a créée et portée à bout de bras pendant 35 ans. Si M. Côté n’est plus propriétaire, il travaille encore dans l’entreprise. Les Bernier le considèrent comme leur «leader». Sa présence, requise, faisait d’ailleurs partie des conditions d’achat… pour faciliter la transition pendant une année.
À 65 ans, le fondateur de l’Ébénisterie Chester a dû se résoudre à vendre… se trouvant sans relève et souhaitant retraiter.
À Warwick, où résident les Bernier, il y a longtemps que Raynald, le père, rêvait de démarrer son entreprise lui qui, jadis, avait étudié en ébénisterie à l’École québécoise du meuble et du bois ouvré. Jusqu’en avril dernier, l’homme de 54 ans travaillait chez Roland Boulanger à Warwick.
Oui, admet-il, quitter son emploi après 34 ans pour se lancer en affaires relève de l’«aventure». «Je ne l’aurais pas fait seul», souligne-t-il en jetant un regard au président d’Ébénisterie Chester, son fils Nicholas.
Le jeune homme de 22 ans sort du Cégep Garneau où il a décroché son diplôme en gestion. Il avait le désir de partir en affaires. Il ne s’y connaît pas autant que son père dans le domaine, mais s’y est toujours senti proche.
Gagnants des deux côtés
Le père dit qu’au fond, les deux associés sont gagnants, ce à quoi le fils acquiesce silencieusement.
C’est à l’avenir que pense le paternel, disant que l’entreprise lui permettra de se retirer progressivement tout en procurant un tremplin professionnel à son fils Nicholas.
La relation père-fils est suffisamment solide, selon M. Bernier pour y inclure le travail. «Il n’est pas difficile à vivre. On s’échange des idées… et on met de l’eau dans notre vin. J’ai toujours été proche de mes fils et j’ai fini par connaître leurs forces et leurs faiblesses», dit le père, parlant aussi de son autre fils, Guillaume, versé dans la réalisation de vidéos.
La répartition des tâches dans l’entreprise se fait plutôt «naturellement», Raynald connaissant tout l’univers des machines-outils de l’usine de fabrication et d’installation d’armoires de cuisine et de salles de bain. Quant à Nicholas, il s’affairera à la gestion et aux ventes.
Les deux veulent toutefois toucher à tout afin de pouvoir se remplacer, puisque, pour le moment, l’entreprise ne dispose pas de personnel.
C’est le jeune président qui a réalisé le plan d’affaires, soutenu par la commissaire Johanne Therrien de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région. «Il fallait nous assurer de la rentabilité de l’affaire», dit Nicholas.
L’avenir est à la réno
Le père et le fils sont pleins d’espérance. Leur créneau a de l’avenir, croient-ils. «Un marché considérable va s’ouvrir, soutient M. Bernier. On prévoit qu’au Québec, en raison de la rareté des terrains, les jeunes vont acheter des maisons usagées qu’ils voudront rénover. On prédit un marché de 5 milliards $ au Québec.» L’ère de l’ébénisterie «pure et dure» ou du «gosseux de bois» est peut-être révolue, soutient M. Bernier, mais pas celle de la fabrication d’armoires sur mesure, en bois ou en tout autre matériau.
Trouvée sur Les PAC en décembre 2012, l’Ébénisterie Chester a attiré les Bernier pour plusieurs raisons. «Pour son emplacement au bord d’une route passante (la 161). Les ébénisteries sont souvent situées au fond d’un rang ou cachées dans un parc industriel. Et la bâtisse était impeccable», décrit Raynald. Rolland Côté avait en effet tout rebâti après l’incendie de 2001.
Et parce qu’elle est située sur la route 161, l’Ébénisterie Chester s’était attirée une clientèle extrarégionale, soutiennent les nouveaux propriétaires. Ils caressent le projet d’investir davantage le marché des Bois-Francs et de L’Érable. Un jour, peut-être, ils s’adjoindront du personnel s’ils ajoutent un département à leur entreprise, de décoration, par exemple.