Le ministre Barrette «renie» le Centre-du-Québec

VICTORIAVILLE. En dépit du fait que lui et son homologue de Drummondville viennent de se buter au refus du ministre Gaétan Barrette d’accorder un Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) au Centre-du-Québec, le maire Alain Rayes garde l’espoir d’un revirement. «On continue d’espérer, mais on n’ira pas jusqu’à descendre dans la rue avec des casseroles!», soutient le maire de Victoriaville.

Un peu plus d’une semaine après la rencontre (8 décembre) assoyant ensemble le ministre, les deux maires centricois et les présidents des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens des deux établissements, Gaétan Barrette a répondu «non» à cette demande d’un CISSS propre à la région Centre-du-Québec.

La réaction des deux maires ne s’est pas fait attendre.

Pour la deuxième fois en deux semaines, le maire de Victoriaville utilise le mot «entêtement» en parlant d’un ministre libéral, ce qui n’a rien d’usuel pour lui.

Ainsi, après avoir demandé au ministre des Affaires municipales Pierre Moreau de se «rétracter» à la suite des propos tenus à l’encontre des municipalités, le maire de Victoriaville déplore la «fermeture» du docteur Barrette à l’idée d’implanter un CISSS au Centre-du-Québec comme il y en aura dans toutes les régions administratives du Québec à partir d’avril. «Ça frôle l’entêtement!», ajoute-t-il.

Pas une, mais deux régions!

À l’instar du maire drummondvillois Alexandre Cusson, le maire de Victoriaville estime qu’en mettant le «Centre-du-Québec sous la tutelle de la Mauricie», le ministre «renie» la région. «Et c’est pourtant le gouvernement du Québec, souligne-t-il, qui a créé cette région administrative. Il ne la reconnaît pas! Chaque fois que le ministre évoquait la région Mauricie-Centre-du-Québec, nous le reprenions en disant qu’il s’agissait de deux régions.»

Précisant qu’il ne met aucunement en question le projet de réforme visant à abolir l’Agence régionale et les CSSS, le maire de Victoriaville dit que le moment aurait été tout à fait opportun pour créer enfin une instance au Centre-du-Québec. «On sera la seule région administrative dépendante d’une autre pour les services de santé et de services sociaux. Le ministre ne créerait pas de précédent en nous allouant un CISSS, puisqu’il l’a fait pour la Montérégie et les Iles-de-la-Madeleine. Et on a la masse critique au Centre-du-Québec pour être une région sociosanitaire autonome.»

M. Rayes estime que la position du ministre Barrette est «idéologique» et «philosophique». «Il refuse de nous octroyer un CISSS parce que, dit-il, cela mettrait en péril les investissements à Trois-Rivières, qu’il craint qu’un CISSS au Centre-du-Québec ferme les corridors de soins et de services vers Trois-Rivières. Le ministre a pourtant le pouvoir de nous obliger à maintenir des corridors, il n’a qu’à l’inscrire dans une loi. En nous plaçant sous la tutelle d’une autre région, c’est un peu comme si le gouvernement du Canada demandait au Québec de fusionner avec une autre province afin de la soutenir.»

Il n’en coûterait pas plus cher, selon le maire Rayes, de créer une instance propre au Centre-du-Québec. «La réforme se traduirait par le passage d’une agence à zéro agence, de 1 à 2 régions sociosanitaires, de 12 à 2 CISSS, de 13 à 2 conseils d’administration et de 13 à 2 équipes de direction.»

D’ailleurs, M. Rayes soutient qu’au total, la réforme n’entraînera pas de grandes économies puisque si le CISSS Mauricie-Centre-du-Québec n’a qu’une direction générale, il faudra créer d’innombrables postes d’adjoint qu’il faudra payer plus cher parce qu’ils seront responsables d’une plus grande clientèle (132 points de services).

Aucun des arguments avancés par les deux maires ne semble avoir convaincu le docteur Barrette, pas même ceux que les représentants des conseils professionnels des deux établissements ont présentés, démontrant qu’au plan médical la population serait mieux servie avec un CISSS centricois.

Tout en disant que le ministre détient ultimement le pouvoir… et le dernier mot dans ce dossier, Alain Rayes fait sienne la célèbre citation «ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini». Le projet de loi 10 ne peut être adopté qu’à la prochaine session parlementaire et les députés caquistes continuent de faire pression, observe-t-il. «Mais oui, nos chances d’obtenir un CISSS diminuent», reconnaît-il.