«Le grand gagnant, c’est le ministre!»

ÉDUCATION. «Illusion de démocratie», «risques d’iniquités», «ambiguïtés», «processus alambiqué». Toutes ces expressions, Paulette Simard-Rancourt, présidente de la Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF) les a utilisées pour réagir au projet de loi 86 que le ministre de l’Éducation François Blais a déposé au dernier jour de la session parlementaire.

Et c’est probablement, croit-elle, pour honorer cet engagement du gouvernement libéral à déposer son projet de nouvelle gouvernance qu’il a ainsi présenté son projet à la toute dernière minute.

«Ainsi, personne n’a pu le questionner à l’Assemblée nationale et qu’il nous faudra étudier durant la période des fêtes, savoir quel genre de consultation sera menée, une particulière ou une générale?»

Peu importe la forme de la consultation, Mme Simard-Rancourt dit que la Fédération des commissions scolaires réagira – par un mémoire ou autrement – à ce projet de loi.

Quant à elle, elle l’a lu de la première à la dernière page, en a brièvement parlé au conseil des commissaires de lundi. Une séance d’étude plus approfondie est prévue pour la semaine prochaine.

Selon la perception de la présidente de la CSBF, sous couvert de décentralisation vers les conseils d’établissement des écoles, le ministre Blais concentre plutôt tous les pouvoirs. «Le grand gagnant, c’est le ministre!», a-t-elle déclaré.

C’est lui qui pourrait défaire des décisions du conseil scolaire et qui pourrait congédier le directeur général, confiant d’ailleurs aux directions d’école l’évaluation du D.G., déplore Mme Simard-Rancourt.

Elle dit que l’éventuel conseil scolaire évacue les élus, des gens d’engagement qui peuvent faire contrepoids aux visées politiques.

Elle trouve «ahurissant» et «alambiqué» le processus que le ministre propose aux conseils scolaires qui pourraient élire leurs représentants par scrutin si plus de 15% des parents le demandent. «Cela crée une «illusion» de démocratie et un système à plusieurs vitesses. Et c’est sélectif. Parce que cela ne permet pas aux contribuables sans enfant à l’école de s’exprimer. On les évacue, mais le ministre garde leurs taxes! On n’a pas la même vision de la démocratie.»

La présidente de la CSBF craint que la gouvernance telle que proposée par le projet de loi 86 crée des iniquités entre les écoles, entre les petites et les plus grandes. Qui assurera l’équité dans les services?, demande-t-elle.

Le projet de loi chamboule les valeurs et la culture organisationnelles qu’on a pris tant d’années, précise-t-elle, à instaurer dans le réseau scolaire. Des fonctions sont détournées, notamment celles du directeur général, les élus disparaissent des instances pour inclure des représentants du personnel scolaire, mais pas les cadres, ni le personnel de soutien, observe la présidente. «Cela crée un climat de dissension, de la zizanie larvée», craint-elle.

S’il ne s’est pas exprimé sur les dispositions du projet de loi, le directeur général Daniel Sicotte était tout de même présent au point de presse de la présidente pour rappeler que peu importe ce qu’il en ressortira, on «sera là pour la cause», les élèves et le personnel constituant la priorité des autorités.

Il dit que malgré les incertitudes et l’insécurité, il sent la «loyauté» des commissaires à leur «mission». «Leur engagement à l’égard de la réussite des élèves est toujours là.»

Les coupes, les projets de transformation, tout le «brassage» comme dit la présidente, qui agite le réseau scolaire depuis les dernières années ont provoqué des blessures dans le système. Et le projet de loi déposé vendredi paraît loin de lui apparaître comme un baume. «Cela crée de l’isolement dans la division», a-t-elle dit.

Composition du conseil scolaire

Le conseil scolaire tel que décrit par le projet de loi 86 se compose de six parents élus par le comité de parents. Ces parents ont droit de vote.

Deux directeurs d’école élus par leurs pairs avec droit de vote

Un enseignant élu par ses pairs avec droit de vote

Un professionnel, élu par ses pairs avec droit de vote

Six personnes représentant la communauté avec droit de vote dont quatre proviennent des secteurs suivants : saines habitudes de vie, culture, adéquation formation-emploi et municipal.

Directeur général ou directrice générale sans droit de vote