Le Centre-du-Québec a-t-il si peur des immigrants?

IMMIGRATION. Plusieurs raisons pourraient expliquer le très faible taux de rétention des immigrants au Centre-du-Québec, un taux de 9,3%, selon ce qu’a révélé Danièle Henkel lors de son passage à Victoriaville jeudi midi dernier. Anne Dusseault, agente de régionalisation immigration chez Accès travail, en énumère quelques-unes.

Elle admet d’abord que cette statistique l’a étonnée. Elle ose croire que depuis 2011 (date de cette donnée) le taux de rétention a augmenté au cours des dernières années, elle qui travaille depuis 2010 à attirer et à soutenir l’intégration de travailleurs qualifiés.

Mme Dusseault croit que le taux de rétention est influencé par le fait que Victoriaville est une terre d’accueil pour les réfugiés. «Les réfugiés ne choisissent pas leur destination», précise-t-elle.

Ils débarquent à Victoriaville et, pour toutes sortes de motifs bien légitimes, précise-t-elle, décident d’en partir. Pour certains, la langue constitue un «énorme obstacle». Les départs de ces réfugiés pour une autre province, pour rejoindre des membres de leur famille ont une incidence sur les statistiques.

Le niveau de scolarité – souvent plus bas au Centre-du-Québec qu’ailleurs au Québec – un manque d’«ouverture» et de visibilité des histoires à succès d’intégration constitueraient d’autres facteurs contribuant à tirer les statistiques de rétention vers le bas, croit encore l’agent de développement immigration.

Certains employeurs craindraient de s’attirer des reproches en embauchant un travailleur étranger qu’il devrait licencier par la suite parce qu’il ne fait pas le boulot, reconnaît-elle.

Il reste encore du travail à faire pour convaincre les entrepreneurs de s’ouvrir aux travailleurs étrangers, dit Anne Dusseault.

Il y a pourtant des entreprises, comme Cascades, qui ouvrent grand leurs portes à des nouveaux arrivants qualifiés et il y a des MRC, comme à Bécancour, où on est en train de créer des lieux afin d’intégrer de la main-d’œuvre agricole.

Comme ses collègues des autres régions, Mme Dusseault attend de savoir si le ministère de l’Immigration continuera de financer des services d’intégration dans les régions, son mandat prenant fin le 31 mars prochain.