Laurent Laroche a recouvré sa liberté
VICTORIAVILLE. Laurent Laroche, l’homme d’affaires de Saint-Christophe-d’Arthabaska, qui avait, de nouveau, été incarcéré en février dernier, a obtenu, le 11 mai, l’annulation de la suspension de sa libération conditionnelle totale par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
Cette suspension avait été imposée le 17 février 2015 à la suite d’informations policières à l’effet qu’à trois occasions, dès janvier 2015, des policiers ont dû escorter des agents de la Commission de la construction du Québec (CCQ) sur un chantier de Laurent Laroche. «Il s’avère, écrit la Commission, que dans le cadre des visites des représentants de la CCQ, vous vous êtes montré réfractaire, avez incité des individus sur le chantier à entraver le travail des représentants de la CCQ et vous avez adopté un comportement intimidant à leur endroit. Toutefois, vous ne faites l’objet d’aucune condamnation.»
Laurent Laroche a cependant nié tout comportement intimidant lors d’une rencontre avec son équipe de gestion de cas lors d’une entrevue à la suite de la suspension.
S’il n’a pas avisé ses surveillants de la visite des policiers sur son chantier, c’est qu’il ignorait devoir le faire, a-t-il souligné.
Mais lors de l’audience de la CLCC, note le commissaire, Laurent Laroche a reconnu qu’il aurait dû faire preuve de plus de transparence concernant ces événements. «Il est évident, signale la Commission, que la réincarcération a suscité une réflexion face à vos obligations de libération conditionnelle.»
Laurent Laroche a adressé une demande à la CLCC pour que sa suspension soit annulée et qu’il puisse retrouver sa libération conditionnelle totale.
Toutefois, son équipe de gestion de cas a recommandé pour la révocation de sa libération conditionnelle totale de Laurent Laroche, faisant valoir son absence de remise en question, sa reconnaissance d’une problématique et son manque de transparence. «Le risque que vous présentez est inacceptable pour la société», a soutenu l’équipe de gestion.
Cependant la Commission dit prendre en considération l’ensemble de son dossier «qui démontre que vous avez effectué des changements importants face aux facteurs contributifs identifiés (dont l’appât du gain facile et rapide, un manque important de conscience sociale et un manque de considération pour autrui). D’ailleurs, une libération conditionnelle totale vous a été accordée (le 31 janvier 2014).
«Vous reconnaissez, souligne la Commission, votre manque de jugement. Toutefois, aucune accusation n’a été portée contre vous. Le retour au pénitencier a suscité une réflexion importante et vous pouvez toujours compter sur de nombreuses ressources dans la collectivité. Dans ce contexte, la Commission annule la suspension de votre libération conditionnelle totale, car elle n’est pas convaincue qu’une récidive de votre part, avant l’expiration légale de votre peine, présentera un risque inacceptable pour la société.»
Le pénitencier
Laurent Laroche, qui faisait face à près de 300 chefs d’accusation, avait été condamné, le 25 novembre 2005, à purger une peine de six ans de pénitencier. À la suite d’un long procès de 116 jours d’audience à Québec au cours duquel quelque 190 témoins ont été entendus, l’homme d’affaires avait été trouvé coupable de 131 chefs de fraude ou d’usage de faux documents et de 38 chefs d’accusation de recel. Un arrêt des procédures avait été ordonné sur 127 autres chefs.
Le 11 octobre 2011, la Cour d’appel a réduit la peine d’emprisonnement imposée par le juge de première instance, la ramenant à 42 mois de détention (trois ans et demi).
Laurent Laroche a tenté un ultime recours devant le plus haut tribunal du pays, mais la Cour suprême, en mai 2012, a rejeté sa requête.
Dans sa décision, la CLCC rappelle que Laurent Laroche, pendant environ trois ans, entre 1997 et 2000, a exploité un commerce de vente de véhicules d’occasion. «Vous avez acheté, maquillé et revendu, rappelle-t-on, des véhicules gravement accidentés en présentant de fausses informations ou des documents incomplets à la SAAQ. Vous avez également revendu des véhicules et des pièces d’auto que vous saviez volés.»
En plus de la peine d’emprisonnement, le résident de Saint-Christophe-d’Arthabaska avait été condamné à payer, ce qu’il a fait, une amende de 786 000 $.
La Commission a soulevé aussi des statistiques montrant que quatre délinquants sur cinq, qui présentent des caractéristiques semblables à celles de Laurent Laroche, ne récidiveront pas après leur libération.
La CLCC a évalué à «élevé» le potentiel de réinsertion sociale de Laurent Laroche et à «faible» son risque de récidive.
Enfin, la Commission a accédé à une autre demande de l’homme d’affaires, celle de modifier la condition spéciale qui lui interdit de fréquenter des individus possédant un casier judiciaire en y ajoutant «sauf dans le cadre du travail avec l’autorisation préalable de l’agent de surveillance».