La tournée Enjeux, itinérance et logement a fait une halte à Victo

Initiée au printemps par le député bloquiste de Longueuil-Saint-Hubert, Denis Trudel, porte-parole en matière de solidarité sociale, la tournée nationale Enjeux, itinérance et logement poursuit son chemin. Après avoir visité la Gaspésie, Québec, l’Abitibi, le Lac-Saint-Jean, Joliette, Trois-Rivières et les Laurentides, la tournée s’est arrêtée, mardi avant-midi, à Victoriaville avant de se rendre à Sherbrooke en après-midi.

Dans une salle de l’hôtel Quality Inn à Victo, Denis Trudel a rencontré près d’une dizaine d’intervenants concernés par la problématique, notamment des représentants de l’office municipal d’habitation, de l’Association des locataires Centre-du-Québec et de la Maison La Volte-Face.

L’idée d’une telle tournée lui est venue, en apprenant dans un journal, que l’itinérance devenait maintenant visible dans des villes dans lesquelles la situation n’avait jamais été vécue auparavant.

« J’ai pris conscience que la crise était beaucoup plus grave que ce qu’on en dit.

Je me suis dit que je devais aller sur le terrain, aller à la rencontre des organismes pour parler aux gens et connaître vraiment l’ampleur de la crise », confie l’élu en entrevue avec le www.lanouvelle.net.

Et elle est sérieuse et grave la crise. « C’est criant, on est sur le bord d’une crise humanitaire », souligne-t-il, précisant qu’une famille moyenne, normale, ne peut se payer un logement à 1200 $ par mois.

« En ce moment, il y a des parcs de tentes partout sur le territoire. Des gens vivent dans les tentes, des femmes enceintes accouchent sur le trottoir à Gatineau, Saint-Jean-sur-Richelieu parce qu’elles n’ont pas de logements. Comment peut-on accepter ça? », s’indigne Denis Trudel.

Les aînés aussi sont fragilisés, alors que 40% d’entre eux, constate-t-il, gagnent moins de 20 000 $ par année. « Comment peut-on accepter ça? Avant, ils passaient leur vie dans leur maison avant de se diriger vers une maison de retraite. Aujourd’hui, on en voit qui cognent aux portes des ressources en itinérance. Je ne sais pas comment on peut accepter ça », déplore-t-il.

Le député se désole aussi de voir que beaucoup de gens doivent endurer des situations insupportables. « Ils demeurent dans des logements insalubres, sachant que s’ils déménagent, ils ne trouveront pas mieux. Il n’y en a pas de logements », note-t-il.

Le député Trudel fait remarquer que 250 000 ménages au Québec se trouvent en besoin impérieux de logement. « Soit qu’ils paient plus de 30% de leurs revenus pour se loger, soit qu’ils vivent dans un logement insalubre ou bien à huit dans un trois pièces et demie. C’est l’état de situation. Même qu’il y a 80 000 ménages qui paient plus de 80% de leurs revenus pour se loger. On ne peut accepter ça. »

La situation n’est pas rose non plus pour les femmes victimes de violence conjugale. « Il manque de ressources pour elles. Des femmes doivent rester dans une relation toxique, avec un homme violent, parce qu’elles ont nulle part où aller.

C’est vraiment difficile », observe le député Trudel.

Pourtant, les solutions existent et les organismes qu’il rencontre au cours de sa tournée savent ce qu’il faut faire pour régler la crise. « Encore ce matin, les gens me l’ont dit. Ils ont les capacités de régler la crise. Mais il faut que le politique leur donne les moyens de le faire. Et dans mon cas, rappelle l’élu, c’est le fédéral. Il faut que le fédéral se réveille pour simplifier les programmes, faire des chèques aux organismes pour qu’eux puissent construire des logements dont les gens ont besoin. »

Ce qu’il faut, dit-il, ce sont des logements sociaux. « Parce qu’en ce moment, un des problèmes du fédéral, c’est que plusieurs de leurs programmes visent à construire des logements abordables qui demeurent cependant trop chers pour la majorité des gens », expose Denis Trudel tout en rappelant qu’avant le désengagement gouvernemental, le fédéral, avec le Québec, construisait 10 000 logements sociaux par année avant 1990.

Ottawa, assure-t-il, a les moyens d’agir. « Ils ont acheminé 50 milliards en 2022 à l’industrie pétrolière. Imaginez le nombre de logements sociaux qu’on aurait construit, ça n’a aucun bon sens. »

Le député compte bien envoyer un message fort au gouvernement fédéral cet automne pour l’inviter à simplifier ses programmes et à soutenir financièrement les organismes pour la construction de logements sociaux.

Il lui reste encore sept ou huit régions à visiter, après quoi l’élu produira un rapport qu’il entend présenter au ministre fédéral du logement. Avec des pistes de solution, dont plusieurs relativement connues. « Ça prend un grand chantier de logements sociaux, ça prend un fonds d’acquisition pour acheter des logements privés et les sortir du marché pour qu’ils puissent devenir abordables », expose-t-il.

Et il y a lieu de combattre ce phénomène qu’il appelle la « financiarisation » du logement, observé notamment à Victo. « Des promoteurs d’ailleurs se portent acquéreurs de duplex et triplex et attendent que le prix du marché grimpe pour les revendre. Cela brise le marché. Il faut combattre ça, car le logement est un droit humain fondamental, fait-il valoir. Il faut que ça paraisse et que les gouvernements s’impliquent pour ne pas laisser libre cours aux promoteurs privés. On veut en parler fort. Ce sera un automne chaud à Ottawa. »