La thérapie par les poupées introduite aux CHSLD de Lyster et Plessisville

La thérapie par les poupées est maintenant une approche utilisée aux centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) à Lyster et Plessisville pour aider les personnes atteintes de différentes conditions, dont la maladie d’Alzheimer, à stimuler leur mémoire émotionnelle, favoriser l’expression de leurs émotions et améliorer leur bien-être général.

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) propose de plus en plus cette approche dans ses programmes de soins en CHSLD. Si l’idée peut paraître farfelue pour certains ou déroutante pour d’autres, les poupées utilisées dans la thérapie sont conçues pour avoir un aspect presque réaliste pour susciter des souvenirs émotionnels chez les personnes très malades ou en fin de vie.

Ancienne gestionnaire à la retraite et contractuelle pour le CIUSSS MCQ, Maryse Saucier a suivi la formation d’approche par la poupée et se promène depuis trois mois avec ses poupées dans les deux centres d’hébergement chaque deux semaines pour un atelier d’une heure. « L’objectif de l’approche par la poupée n’est pas d’infantiliser, mais bien de soulager les résidents. Nous leur offrons des activités toutes simples en petits groupes ou dans leur chambre et leur faisons entendre de vieilles comptines qui stimulent leur mémoire. Nous leur offrons, à ce moment, de voir la poupée et de la prendre dans leur bras s’ils en expriment le désir. »

L’efficacité de la thérapie par les poupées peut varier d’une personne à l’autre. « Certains savent qu’il s’agit de poupées, mais d’autres réagissent comme s’il s’agissait de vrais bébés et en profitent pour les cajoler, leur parler. C’est impressionnant de remarquer le bonheur dans leur visage », laisse entendre Mme Saucier.

Jessika Champagne-Bergeron est éducatrice spécialisée pour le CIUSSS MCQ et est responsable des loisirs pour les CHSLD de Lyster et de Plessisville. Elle accompagne Mme Saucier lors de ses visites et participe activement aux séances de thérapie. Elle abonde dans le même sens. « À Lyster (29 résidents) comme à Plessisville (48 résidents), les trois quarts des résidents ont démontré de l’intérêt pour ce type d’approche qui, j’ai été à même de le constater, leur permet de se remémorer divers souvenirs. »

Pour d’autres, la thérapie sert d’accalmie. « C’est le cas de l’une de nos résidentes ici à Lyster qui souffre d’écholalie, c’est-à-dire qu’elle fait des bruits verbaux constants. Cette approche par la poupée lui permet de s’apaiser et lui change les idées. »

L’éducatrice spécialisée reconnaît que cette thérapie a paru curieuse, de prime abord, auprès de certains proches des résidents et qu’il était important de mettre en place un environnement respectueux.

« À Lyster, plusieurs se sont déplacés pour voir de quoi il en retournait et ils ont embarqué dans le projet », souligne-t-elle. « À Plessisville, nous avions présenté le projet au comité des résidents. »

« C’est mon rôle d’expliquer le projet aux familles et aux proches et aussi de faire en sorte de sensibiliser les membres de notre personnel à cette approche thérapeutique. Nous avons d’ailleurs fait l’achat de trois poupées pour la résidence à Lyster et de quatre poupées pour celle de Plessisville », mentionne Mme Champagne-Bergeron.

Une proche aidante se confie

 

Mercèdes Fréchette, une dame de Saint-Ferdinand, visite trois fois par semaine son mari qui demeure au Centre d’hébergement de Lyster. Âgé de 80 ans, celui-ci est atteint de démence cérébrale vasculaire. Ils sont mariés depuis 57 ans et ont eu trois filles, dont l’une est décédée.

« Cette approche est vraiment réconfortante. Tous les centres d’hébergement devraient pouvoir l’offrir à leurs résidents », dit-elle convaincue. « Même nos deux filles ont remarqué que leur père n’avait pas les yeux hagards en présence de la poupée thérapeutique. Il retrouve chaque fois ses yeux normaux comme ceux qu’il avait avant qu’il ne tombe malade », raconte Mme Fréchette.

« Il est content de pouvoir parler à la poupée. Il est toujours heureux quand il la voit. Mon mari a toujours aimé les enfants. Il les prenait dans ses bras, les berçait et leur parlait. Il était aussi pareil avec nos petits-enfants. Ça doit certainement lui rappeler des souvenirs », croit-elle. « J’aime sa réaction et ça me fait du bien à moi aussi de le voir ainsi. C’est comme si je retrouvais mon mari », se console-t-elle.

La thérapie par la poupée (doll therapy) est déjà bien connue aux États-Unis. Elle s’inscrit dans le cadre du projet OPUS (Optimisation de l’usage des antipsychotiques en soins de longue durée) mis en place au Québec et au Canada qui vise à réduire la consommation inappropriée d’antipsychotiques chez les personnes âgées résidant en soins de longue durée au même titre que la zoothérapie ou la musicothérapie par exemple.

Notons que cette approche thérapeutique par la poupée sera aussi offerte au Centre d’hébergement de Warwick à compter des prochains jours et bientôt au Centre d’hébergement de Princeville.