«La ruralité, c’est le vivier d’un pays»
Pour une troisième fois en sept ans, la Fromagerie du Presbytère de Sainte-Élizabeth-de-Warwick a été honorée de la plus haute distinction. Son Louis d’or a été sacré meilleur fromage canadien, prix que lui a décerné mercredi le Concours des fromages fins canadiens.
Joint à Toronto jeudi matin où il se trouvait toujours, Jean Morin a dit qu’il s’agissait d’une grande reconnaissance.
Tant dans le discours qu’il a livré sur la scène le mercredi soir qu’au cours de l’entretien téléphonique, il dit que ce prix témoigne des efforts de toute la famille et de toute l’équipe de la Fromagerie qui, au fil des années et des étapes d’expansion de l’entreprise, assuraient stabilité et pérennité aux produits.
Il a rendu hommage aux employés habiles à soutenir les standards de production. Parce que le Louis d’or n’en est pas à ses premiers honneurs. Il avait d’ailleurs remporté ce même grand prix canadien en 2011. Et en 2015, c’est Le Laliberté que le Concours canadien avait élevé sur la première marche du «podium» en 2015.
«Cela prouve que nos produits sont à jour», soutient M. Morin, ajoutant, avec fierté, que les dix juges de la compétition avaient été unanimes à choisir le Louis d’or.
Il dit encore que tous les fromages présentés au Concours sont «gagnants». «Le Concours met le focus sur les fromages canadiens à l’heure où nous arrivent plein de produits des États-Unis et d’Europe. C’est un support important que le Concours vient nous donner.»
Le maître-fromager ne rate pas l’occasion de dire que ce qui est le plus «précieux» dans ce prix, c’est qu’il met la ruralité en évidence. «C’est gros de penser que le monde fromager du village peut monter sur la plus haute marche à Toronto.»
Il aime à dire que «tant vaut le fromage, tant vaut le village», le fromage pouvant maintenir la ruralité, l’économie, l’agriculture et la vitalité d’un village. «La ruralité, c’est le vivier d’un pays», résume-t-il.
Un cinquième agrandissement
L’entreprise de Sainte-Élizabeth qui vient d’achever un quatrième chantier d’agrandissement – en incluant l’acquisition de l’église du village – poussera encore d’un cran son expansion.
C’est que la Fromagerie de la Nouvelle-France a annoncé cette semaine qu’elle construirait un établissement de production à Racine où se trouve d’ailleurs le troupeau de brebis.
Jean Morin explique que depuis sa création il y a près de dix ans, la Fromagerie de la Nouvelle-France était locataire des installations de Sainte-Élizabeth où elle fabriquait ses produits, comme le Zacharie Cloutier, la Madelaine, Le Pionnier pour ne nommer que ceux-là.
En fabriquant ses fromages dans son futur établissement à Racine, la Fromagerie de la Nouvelle-France dégagera de nouvelles aires d’affinage pour ceux de la Fromagerie du Presbytère, explique Jean Morin.
La Fromagerie de la Nouvelle-France, propriété de Marie-France Houde et de son frère Jean-Paul, a connu une belle croissance au cours des années, tant et si bien qu’elle transforme son lait ainsi que celui de huit producteurs de tous les coins du Québec.
La fabrication du fromage Le Pionnier, un produit fait de lait de brebis et de lait de vache, restera toutefois à Sainte-Élizabeth, précise M. Morin puisque c’est là que se trouvent les équipements qu’elle requiert.
En gagnant de nouvelles aires dans son établissement, la Fromagerie de Sainte-Élizabeth pourra affiner davantage de fromages et assurer du coup la pérennité de la ferme familiale Louis d’or – située juste en face -. La ferme approvisionnant la Fromagerie est exploitée par les fils Morin et est appelée à produire davantage de lait.
Cet autre grand prix canadien que vient de recevoir la Fromagerie du Presbytère crée aussi une plus forte pression sur la production, la demande constituant un «heureux problème» pour l’entreprise, dit Jean Morin.