La Grange Pardue brassera des affaires dès l’été
Stéphane Turcotte y songeait depuis quelques années. Comment donner une nouvelle vocation à la terre agricole familiale tout en contribuant au développement de son village? Une coopérative de travail a vu le jour et ses quatre membres ouvriront bientôt les portes de leur ferme brassicole.
L’ancienne ferme laitière de la famille Turcotte, sise sur la route 216 Ouest à Ham-Nord, a fermé ses livres en 2004, après la vente du quota de lait. Depuis, les terres louées demeurent cultivées. «Je cherchais une production pour la terre. En parlant avec des gens dans des festivals et après des visites de fermes brassicoles, l’idée a germé», raconte Stéphane Turcotte. Dès 2017, il s’entoure de gens pour monter un plan d’affaires. Au final, quatre gars travaillent au projet évalué à plus de 1 M $, basé sur les principes d’économie sociale. Jean-François Caron, attitré aux opérations et à la production, note que l’entreprise aurait pu rester privée, mais que l’option de rassembler a prévalu pour Stéphane Turcotte. Pierre-André Roy y agit à titre de brasseur et Philippe Langlois se charge des communications. En gros, les quatre membres doivent fournir un certain nombre d’heures et respecter les règles dont ils se sont dotés. «L’idée n’est pas de se mettre riches, mais de contribuer au développement économique régional. Ce n’est pas simplement de beaux termes, c’est réel. À Ham-Nord, ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu un projet comme celui-là. La communauté aime ça», témoigne Jean-François Caron. D’ailleurs, plusieurs villageois donnent un coup de main, sur le chantier par exemple.
Nouvel attrait
L’an dernier, 300 plants ont été cultivés avec succès. Dès cette année, on parle plutôt de 1000. Quelque 20 acres destinées à la culture de houblon et d’orge pourraient permettre la production de 45 000 litres de bière, à même la ferme. «Le but, c’est que ce qui se retrouve dans notre verre vient de la terre», explique Jean-François. La Grange Pardue proposera un salon de dégustation, dotée d’une vue exceptionnelle sur Ham-Nord, des terrasses et une salle de réception, qui sera aménagée à l’automne. En outre, la ferme deviendra un lieu d’interprétation, car les visiteurs pourront effectuer une tournée des champs et des installations de brassage. «On veut que les gens se sentent imprégnés du projet, d’un bout à l’autre.»
Le sentier de motoneige, qui passe sur le terrain de l’entreprise, et le mont Ham, où convergent plus de 30 000 visiteurs tous les ans, constituent deux atouts majeurs pour le quatuor. Et les gars espèrent séduire et fidéliser les résidents de l’Estrie comme du Centre-du-Québec. Car La Grange Pardue, au milieu de nulle part, s’avère pourtant au centre de tout.
Jean-François confie que cinq types de bières, offertes en cannette de 471 ml, s’inscriront au menu : lager des cantons, IPA brute, saison fermière, dry stout et lager québécoise. Leurs noms procéderont aussi d’accents québécois, à l’image de celui de l’entreprise. «Il y a un joual qui a été mis de l’avant. Ça fait partie de nous, de nos racines, de notre monde et de notre lieu», rapporte-t-il sans toutefois en dire plus. Les membres désirent conserver quelques surprises pour plus tard. Et d’autres styles s’ajouteront, au gré des opérations.
Soif de réussite
Pour la décoration, des planches de la vieille grange, située non loin, ont été récupérées. Le mélange du bois et de la pierre, autour d’un foyer, participe à cette chaleur campagnarde où l’on veut convier les gens.
Au Québec, il y aurait moins d’une dizaine de fermes brassicoles, alors que les microbrasseries pullulent. Les entrepreneurs espèrent pouvoir ouvrir leurs portes pour la fin juin, mais ils souhaitent s’assurer que tout soit parfait avant. «Les motos, les décapotables, les Spyder, on veut recevoir tout ce beau monde-là chez nous. Mais on demeure réaliste, car l’objectif est d’offrir un produit de qualité», de dire Jean-François, optimiste.
Les bières de La Grange se retrouveront sur les tablettes d’une trentaine de boutiques de la région, à moins que la production soit drainée par un achalandage massif des installations de Ham-Nord. L’un dans l’autre, on tentera de ravir le cœur des consommateurs et d’attirer les regards vers Ham-Nord.