La Chambre de commerce questionne les candidats d’Arthabaska

Mardi, la Chambre de commerce et d’industrie Bois-Francs-Érable (CCIBFE) a publié sur son site Web quatre questions posées aux candidats en lice pour le siège de député d’Arthabaska. Quatre d’entre eux se sont prêtés à l’exercice en rédigeant leurs engagements pour chacune des préoccupations soulevées.

Traditionnellement, la CCIBFE présentait, à la faveur des campagnes électorales provinciales, un débat entre les candidats de la circonscription d’Arthabaska. Cette fois-ci, elle a revu sa formule et a adressé aux six représentants des différents partis (le Parti vert du Québec n’était pas dans la course au moment de l’envoi) quatre questions écrites. Les principaux intéressés disposaient de 10 jours pour y répondre.

Quatre d’entre eux ont fait parvenir leurs réponses à l’organisation. Jean Landry (Alliance provinciale du Québec) et Pierre Poirier (Parti libéral du Québec) ne se sont pas prévalus de cette tribune. Les  sujets soumis sont le fruit d’une consultation menée par un comité auprès des membres de l’association afin de faire valoir leurs préoccupations et ultimement obtenir des engagements concrets de la part des candidats.

Pénurie de main-d’oeuvre

Pour plusieurs entreprises de la région, la solution à la pénurie de main-d’œuvre réside dans l’embauche de travailleurs étrangers. La première question sondait donc les mesures proposées par les candidats afin de combler leurs besoins d’effectif par le biais de la régionalisation de l’immigration.

Pour William Champigny-Fortier de Québec solidaire (QS), le taux d’immigration actuel doit être conservé «tout en travaillant pour une meilleure francisation, pour une meilleure intégration culturelle ainsi que pour la reconnaissance des diplômes étrangers», écrit-il. Pour favoriser la rencontre entre ces travailleurs potentiels et les employeurs, QS mettrait sur pied des Carrefours d’accueil en immigration.

Jacques Daigle, du Parti québécois (PQ), mise sur plusieurs stratégies à mener de concert afin de répondre à cette pénurie. La modernisation technologique des entreprises pour créer des emplois «à valeur ajoutée» en fait partie. La formation adaptée aux besoins des entreprises, en partenariat avec le milieu scolaire et la formation professionnelle et technique, doit aussi s’inclure dans la solution, tout comme la mise en place d’outils favorisant l’intégration des travailleurs étrangers dans la région.

Des baisses d’impôt devraient encourager les travailleurs plus âgés à rester sur le marché, croit Lisette Gaudreault, du Parti conservateur du Québec (PCQ). Quant à l’immigration, elle la voit avant tout arrimée aux besoins de main-d’œuvre du Québec.

Eric Lefebvre écrit constater l’échec des libéraux en la matière, notamment par la faible rétention des immigrants et par leur taux de chômage élevé. Le programme de la Coalition avenir Québec (CAQ) prévoit abaisser «les seuils d’immigration de 20%, soit l’équivalent de 10 000 candidats acceptés au Québec de moins en 2019», précise-t-il. Selon lui, il faut miser sur la régionalisation de l’immigration et la reconnaissance des diplômes et acquis. Aussi, il désire encourager par des incitatifs fiscaux le retour au travail des retraités.

Salaire minimum

Les membres de la CCIBFE, qui s’inquiètent des impacts de la hausse du salaire minimum sur les PME, ont demandé aux différents candidats si leur parti propose de l’augmenter et s’il prévoit des mesures d’atténuation pour les épauler.

William Champigny-Fortier explique que QS désire instaurer le salaire minimum à 15 $ pour mai 2019 et son indexation annuelle. Sa vision est que cela «permettrait de dégager plus de pouvoir d’achat pour les travailleurs», peut-on lire, et que cela profiterait aux entreprises. QS prévoit néanmoins différentes mesures transitoires pour aider les PME.

Du côté de Jacques Daigle et du PQ, on parle d’une augmentation progressive du salaire minimum, une façon d’améliorer «les conditions de travail des gens pour favoriser l’emploi en région», soutient-il. Or, il propose plusieurs stratégies pour appuyer les PME. Entre autres, réduire le fardeau réglementaire qui leur est imposé et mettre fin à la culture du «racket», selon ses propres termes, chez Revenu Québec.

Mme Gaudreault du PCQ explique que son parti n’augmenterait pas le salaire minimum et le rendrait libre d’impôt. «En fait, nous ferons exactement le contraire!», répond-elle. Le PCQ envisage de baisser le fardeau fiscal des compagnies de 40% en diminuant la taxe sur la masse salariale dédiée au Fonds de services de santé (FSS). «Nous allons aussi éliminer le 1% dédié à la formation de la main-d’œuvre», poursuit-elle, en précisant faire confiance aux entrepreneurs à ce titre.

Il n’est pas question d’augmenter le salaire minimum de façon drastique pour Eric Lefebvre et la CAQ, bien que des augmentations ponctuelles soient à prévoir. L’indice de hausse des prix à la consommation demeure le point à considérer pour ces ajustements du salaire de base. Il écrit qu’un gouvernement de la CAQ «instaurera une culture de partenariat avec les entreprises».

Routes

La desserte routière s’avère insatisfaisante pour les gens d’affaires de la région. L’élargissement de l’autoroute 955 et de la route 122 est souhaité. Les membres du la CCIBFE ont demandé aux candidats ce qu’ils en pensaient.

QS croit que les élargissements augmentent la sécurité dans certains cas, mais soutient qu’une plus grande circulation automobile ne peut qu’entraîner d’autres problèmes. William Champigny-Fortier explique que son parti offre un plan audacieux de transport collectif intermunicipal et interrégional, désire mettre sur pied l’Agence de transport interurbain ainsi que développer un réseau ferroviaire haute-vitesse. La réduction de l’étalement urbain représente une vision plus préventive.

Jacques Daigle observe qu’en 2016, son parti faisait de ces projets de réfection une priorité pour la région. Il s’engage, comme candidat, à faire «tout pour que ce dossier aboutisse».

«Un gouvernement du Parti conservateur du Québec réalisera, en PPP, les travaux d’infrastructure nécessaires afin d’améliorer la fluidité de la circulation sur le réseau routier québécois, y compris dans le Centre-du-Québec», écrit Lisette Gaudreault.

Eric Lefebvre rappelle qu’il a déjà soulevé, lors de sa campagne en 2016, l’importance de ces deux projets. Il ajoute à ceux-ci le dossier de la sécurité de la route 116, artère majeure pour Arthabaska et L’Érable.

Bureaucratie

La lenteur du processus d’octroi des certificats d’autorisation par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) est l’objet de la dernière question posée par le gens d’affaires des deux MRC.

William Champigny-Fortier parle d’abord de la transition vers une économie verte et de différentes façons d’y parvenir. Il conclut que les délais d’évaluation des dossiers doivent être plus courts afin de ne pas décourager les entreprises qui veulent participer à l’environnement.

Une meilleure cohésion entre les ministères et la réduction du fardeau réglementaire imposé sont les premières pistes de solutions offertes par Jacques Daigle. «Nous disons oui à des normes environnementales justes, mais non à la lenteur administrative», résume-t-il.

Pour Lisette Gaudreault, la paperasse est un frein à l’esprit d’entreprise. Le PCQ souhaite la réduire au minimum.

Enfin, le député sortant, Eric Lefebvre, explique avoir été sollicité à plusieurs reprises lors de son mandat afin d’accompagner des entrepreneurs dans leurs démarches. Les ministères doivent agir comme des partenaires auprès des entreprises et c’est cet esprit que la CAQ compte établir. Il espère aussi de meilleurs délais d’obtention d’un certificat d’approbation auprès du MDDELCC et estime qu’une augmentation de ses effectifs améliorera la situation.