Karyne Fournier garde le contact avec ses élèves et ses lecteurs
Dans la vie de tous les jours, Karyne Fournier est enseignante à la maternelle et écrivaine. Mais en ces temps de confinement, elle a modifié sa pratique et est devenue livreuse de livres et experte en rencontres par Internet.
Ayant à son actif deux romans jeunesse (destinés aux 8 à 12 ans), «Une lutte à finir» et «Vérité ou mensonge» de la collection «Philippe et Sébio», elle a décidé de proposer la livraison de ses livres à Victoriaville. «Les jeunes ont le temps de lire, mais les bibliothèques sont fermées. Moi aussi je lis beaucoup, alors j’ai décidé de faire la livraison de nourriture pour l’âme», dit-elle en entrevue téléphonique.
Elle propose donc la vente de ses deux livres à ceux qui veulent les découvrir et, lorsque ce n’est pas trop loin, la livraison. «Aujourd’hui par exemple, je vais en livrer à pied dans mon quartier et je vais prendre ma voiture en fin de journée pour aller en livrer d’autres. Je fais ça à temps perdu», explique-t-elle. Cela lui a permis de réaliser qu’elle aurait bien le temps de commencer l’écriture d’un troisième livre qui, lui, pourrait s’adresser aux plus jeunes. «J’ai déjà des idées», confie-t-elle.
Karyne a pensé à la livraison à domicile en voyant sur Facebook qu’un jeune de Montréal l’avait contactée. «Il a trouvé mon livre dans une boîte et voulait lire le deuxième qu’il n’arrivait pas à dénicher. C’est là que je me suis dit que si je pouvais livrer à Montréal (par la poste), je pouvais aussi le faire à Victoriaville, en personne », raconte-t-elle.
C’est ainsi que son projet est né et elle a commencé avec succès ses livraisons (sans contact il va sans dire) qu’elle continuera, tant qu’il y aura des commandes (un livre pour 15 $, deux pour 25$). «Ça me permet de répandre le bonheur», dit-elle en riant.
Mais le bonheur, elle le répand aussi directement avec ses 17 élèves de maternelle de l’école Notre-Dame-des-Bois-Francs. En effet, depuis la fermeture des écoles le 13 mars, elle se fait un devoir (mais un plaisir aussi) de demeurer en contact avec ses élèves par l’entremise d’Internet.
En effet, elle rencontre chacun d’eux virtuellement, une fois par semaine, pendant environ 30 minutes. Des rencontres individuelles qui se font par Messenger ou autre, ou encore par téléphone pour ceux dont l’accès à Internet est plus difficile.
«Je leur parle, leur montre des bricolages, les semis que je fais. Eux aussi me montrent ce qu’ils ont fait, les petits bobos qu’ils ont sur les genoux. Ils ont besoin de jaser», a-t-elle découvert.
Et de son côté, Karyne prend beaucoup de plaisir à garder ce contact avec ses élèves. Bien accompagnée de sa Fafouine, une poubelle transformée en «gobeuse de livres» que les enfants ont appris à connaître dans la classe, ces visites virtuelles lui font beaucoup de bien. «Moi je m’ennuyais et eux et ils sont contents!», apprécie-t-elle.
Les parents sont toujours invités à la rencontre virtuelle, ce qui lui permet également de voir si tout se passe bien dans la maison. «Pour certains, notamment les personnes monoparentales qui font du télétravail, ce n’est parfois pas évident», a-t-elle remarqué.
Et de leur parler lui donne l’occasion de créer un autre lien avec les parents qu’elle n’aurait certainement pas développé dans d’autres circonstances. «Je sens que je peux apporter quelque chose», indique celle qui, malgré ces 17 rencontres virtuelles hebdomadaires, a tout de même du temps pour livrer ses livres, jardiner, cuisiner, jogger, etc. «Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire dans une journée», a-t-elle souligné.
Elle a tout de même bien hâte de se retrouver dans sa classe, avec ses petits élèves dont elle s’ennuie tant.