Karine attend, depuis près de trois ans, un cœur et un foie

Février est le mois de l’amour. Pourquoi ne pas profiter de cette période et signer l’autorisation de prélever ses organes après son décès, bref pour donner son coeur? Cela permettrait d’augmenter les chances de Karine Lacharité de trouver un donneur pour la transplantation cœur-foie dont elle a besoin.

Cela fait près de trois ans maintenant que la maman de Florabelle et la conjointe de Jean-Philippe Rheault attend ce cadeau de vie.

En effet, depuis juillet 2018, la femme de 37 ans de Saint-Albert attend, attend, attend, que le téléphone sonne pour qu’elle puisse subir cette transplantation qui lui rendra la santé.

Née en 1983 avec une malformation cardiaque, l’atrésie tricuspide (ventricule droit pas développé), décelée quelques jours après sa naissance, Karine a subi sa première opération à cœur ouvert à l’âge de trois mois. Une autre a suivi à 5 ans (l’intervention de Fontan) puis une troisième à l’âge de 23 ans.

«Entre 5 et 17 ans, j’ai vécu sans aucun problème. J’avais une belle vie et je faisais même de l’éducation physique», se souvient-elle. Mais à 17 ans, sa situation s’est détériorée puisque son cœur battait trop rapidement. Jusqu’à l’âge de 21 ans elle a subi ce qu’elle qualifie de «petites» opérations non invasives puis a fait le protocole pour obtenir une greffe de cœur qu’elle a finalement refusée à cette époque. «J’avais peur, je voulais vivre avec mon cœur», a-t-elle avoué en entrevue téléphonique.

Cette volonté a fait en sorte que deux années plus tard, elle avait repris des forces, suffisamment pour être opérée et continuer sa vie à peu près normalement.

À l’âge de 33 ans, Karine est tombée enceinte. Sa grossesse s’est bien déroulée jusqu’à 31 semaines moment où elle a accouché d’urgence par césarienne de sa fille. Née en catastrophe, comme le dit sa maman, Floribelle est demeurée à l’hôpital 2 mois. Aujourd’hui, âgée de 4 ans elle est en parfaite santé, au grand bonheur de Karine.

De son côté, 4 mois après avoir donné naissance, elle a commencé à s’essouffler rapidement, victime d’insuffisance cardiaque. «La grossesse a peut-être devancé une situation qui serait survenue quand même», croit-elle. À cette époque, sa fonction cardiaque était à 35%.

À cause de cet état, la jeune femme a développé un foie cardiaque, donc a dû être suivie pour cela en plus.

Elle attend

Aujourd’hui, sa fonction cardiaque est à 50% et elle attend une greffe cœur-foie pour continuer à vivre. Elle est tout de même capable d’aller reconduire sa fille à la garderie tous les matins et faire quelques petites tâches à la maison (avec des pauses fréquentes).

Sa valise est prête et elle espère l’appel (son cellulaire est ouvert 24 h par jour) qui lui annoncera qu’un donneur compatible a été trouvé.

Si en temps «normal» l’attente est difficile, elle l’est encore davantage en temps de pandémie. Il semble, selon ce que Karine indique, que les dons d’organes sont à la baisse et c’est la même chose pour les candidats potentiels.  Et bien entendu, elle ne doit surtout pas attraper ce virus dans sa condition. «À un moment donné, les greffes non urgentes ont été interrompues à cause de la COVID-19», explique-t-elle.

En plus, dans son cas, il faut trouver un donneur compatible qui sera en mesure de fournir les deux organes et comme si cela n’était pas suffisant, qui est à peu près de la même stature que la receveuse qui fait 5 pieds 1 pouce.

@ST:Signer pour donner

@R:Karine rappelle donc l’importance de signer son permis de conduire afin d’autoriser le prélèvement de ses organes lors du décès. En fait, quand on y pense, c’est le contraire qui devrait être fait : les gens devraient signer pour interdire le prélèvement d’organes à la mort, comme c’est le cas en Europe. «Mais en plus de signer, il faut en parler avec ses proches puisque ce sont eux qui doivent donner leur accord», insiste-t-elle.

Et même si le décès d’un être cher est difficile et émotif, on peut donner un sens à cette perte immense en permettant à d’autres personnes de vivre.  «L’organisme Chaîne de Vie sensibilise les adolescents à l’importance du don d’organe. Ceux-ci vont ensuite en parler à leurs parents pour changer les choses. Une seule personne peut en sauver 7 avec le don d’organes», ajoute-t-elle.

Karine Lacharité voudrait bien voir sa fille grandir et c’est ce que la double greffe lui permettra. «Bien sûr j’aurai des médicaments à prendre tous les jours, mais je pourrai avoir une vie normale, retourner travailler. Je ne sais pas ce que c’est que d’être en pleine forme. J’ai toujours été essoufflée. J’aimerais avoir cette deuxième vie», espère-t-elle.

La maman ne regrette pas d’avoir refusé la greffe à l’âge de 21 ans. «C’était la meilleure décision à prendre à ce moment-là», croit-elle. Si elle avait été greffée à cette époque, elle n’aurait probablement pas pu avoir d’enfant. Mais aujourd’hui, elle ne peut plus refuser et est rendue à cette étape qu’elle espère.

Karine conserve un bon sens de l’humour et une belle attitude malgré l’attente. «Je demeure à côté de mes parents et près de chez mon frère. Il y a plein de monde autour de moi pour m’aider. Je fais de la peinture et du scrapbooking pour passer le temps. Je suis chanceuse d’être entourée. Mon cœur va quand même bien. C’est mon foie qui est le plus touché», ajoute-t-elle.

Karine lance donc un cri du cœur pour que les gens donnent le leur ainsi que leur autorisation au don d’organe. «J’espère être greffée avant qu’il ne soit trop tard», termine-t-elle.