Jolyanne Ouellette ne voulait pas s’attirer la «pitié»

PHILANTHROPIE. Léandre Ouellette, le grand-père maternel de la jeune Jolyanne qui a fait appel au Banquier par le biais de YouTube afin de garder la maison de sa mère décédée le 17 février, s’est montré terriblement ému par son initiative.

Mardi soir, il n’en revenait pas encore de l’«explosion» qu’elle a provoquée dans les médias traditionnels comme dans les réseaux sociaux.

Quelques heures plus tôt, il avait encore vu sa petite-fille à la télévision. Épaté.

Il était tellement ému qu’il ne savait pas quoi répondre à son grand patron, Johnny Izzi, directeur général de Gaudreau Environnement, entreprise pour laquelle il travaille, comme chauffeur de camion, depuis 21 ans.

«Il m’a appelé dimanche, je ne savais pas quoi lui dire», confie le camionneur de 74 ans.

Une rencontre est prévue avec M. Izzi pour discuter de la situation de Jolyanne et de son frère Jessy, des moyens à prendre pour leur venir en aide.

Une chose est sûre, Léandre Ouellette dit qu’il ne laissera pas tomber ses deux petits-enfants qu’il considère comme ses propres enfants. C’était le cas avant la mort de sa fille, ce l’est toujours.

Une campagne de financement?

Comme des dizaines de milliers d’autres personnes, M. Izzi a été touché par le témoignage de la jeune Victoriavilloise, d’autant qu’il savait qu’elle était la petite-fille d’un employé de longue date de Gaudreau Environnement.

Des gens d’affaires, dont Éric Lefebvre, sont aussi prêts à soutenir les deux jeunes orphelins de leur mère depuis un mois et demi.

Julie Ouellette a été terrassée par un AVC alors qu’elle était au travail au resto Le Relais de Victoriaville. Elle n’avait que 41 ans. Elle venait d’annoncer, sur son compte Facebook, qu’elle était enceinte d’un troisième enfant.

Jolyanne et Jessy réalisent progressivement son absence. Ils n’entendent plus leur mère croquer des glaçons le soir devant son ordinateur, ne voient plus ses souliers dans la maison et ne retrouvent plus son odeur… de restaurant.

«C’était la première fois que je pleurais… mais c’était aussi la première fois que je parlais de ma mère», dit Jolyanne évoquant ses larmes dans la première vidéo qu’elle a mise sur YouTube il y a un peu plus de deux semaines.

En voyant une publicité de l’émission Le Banquier à la télé Jolyanne a eu l’idée de réaliser cette vidéo où elle s’adresse à l’équipe de Julie Snyder dans l’espoir d’être sélectionnée pour participer à l’émission. Mardi soir, elle n’en avait eu aucune nouvelle.

Elle explique qu’elle souhaite garder la maison que sa mère a acquise il y a six ans et pour laquelle elle a travaillé si fort. «Je ne suis pas pour me débarrasser de ce à quoi elle était si attachée. C’est comme si elle avait travaillé pour rien», dit la jeune femme, affairée à préparer le souper, à discipliner les trois chiens qui courent dans la maison et à répondre aux appels.

Compassion et critiques

Sa première vidéo a provoqué beaucoup de réactions et de commentaires. De la compassion certes, des reproches aussi.

Et la deuxième vidéo qu’elle a réalisée visait à répondre aux seconds.

«On me reprochait d’attirer la pitié et de vouloir soutirer de l’argent sans rien faire moi-même. Ma vidéo s’adressait à l’équipe du Banquier… pas à tout le monde. J’estimais qu’en essayant cela, je n’avais rien à perdre, et c’était mieux que de ne rien faire.»

Et de ne rien faire ne colle pas à cette jeune femme qui bouge sans cesse et qui échafaude des projets, comme celui d’ouvrir une garderie dans la maison de sa mère et de reprendre le fil de ses études… à distance. Au fait, dit-elle, les gens ayant des jouets à donner pourraient communiquer avec elle (par son compte Facebook).

Elle espère pouvoir libérer ce qui reste de l’hypothèque (80 000 $) de la maison qui appartenait en copropriété à sa mère et à son grand-père. Elle aurait voulu gagner encore plus d’argent à l’émission de Julie Snyder pour payer un voyage à son grand-père et à son frère afin de les distraire de leur deuil. Elle s’embarquerait aussi, admet-elle.

Présent lors de l’entrevue, Jessy, 17 ans, dit partager le point de vue de sa sœur dont il précise qu’elle lui a toujours prêté sa voix. «Je la soutiens et le meilleur moyen de le faire, c’est de poursuivre mes études.» Lui aussi tient à garder la maison de leur mère. «Je ne veux vraiment pas partir!»

Jessy achève sa formation au CFER et entrevoit la possibilité de fréquenter d’École de la rue nourrissant le projet de suivre le même chemin de camionneur que son grand-père. Il énonce son souhait devant celui qu’il considère tout autant comme un père qu’un modèle.

Au moment de la rencontre, Jolyanne ne pouvait prendre le pouls de la collecte de dons qui s’est organisée sans même qu’elle lève le petit doigt. On peut faire des dons au https://www.gofundme.com/jbw26tx8.