Jean-Marc Labonté s’inquiète de l’arrivée illégale d’un indésirable

Le président de Miel Labonté, entreprise de Victoriaville, est inquiet de l’arrivée dans la province du petit coléoptère de la ruche, un insecte indésirable présent dans des ruchettes achetées illégalement en Ontario il y a quelques semaines.

Comme si les apiculteurs n’avaient pas assez de soucis avec la décroissance des colonies d’abeilles et l’utilisation des pesticides. Voilà qu’un nouveau sujet d’inquiétude s’ajoute. «Le petit coléoptère existait du côté Américain et ici on l’avait, mais à petite échelle», explique Jean-Marc Labonté en entrevue téléphonique.

Le plus inquiétant, comme il l’indique, c’est qu’on ne sait pas où sont allées ces ruchettes. «Il n’y avait pas de permis et ça a été fait illégalement. Il faut y voir rapidement», ajoute-t-il, soucieux de la situation, lui dont les deux fils possèdent 4000 ruches. «Si le coléoptère entre dans la ruche, le miel est contaminé», déplore-t-il.

Celui qui œuvre dans le domaine depuis de nombreuses années, ayant pris la relève de son père qui avant lui défendait les intérêts des apiculteurs et soutenait l’importance des abeilles dans l’écosystème, est bien déçu que des individus, qui ont probablement fait la transaction pour faire un coup d’argent, mettent en péril le travail des autres.

Il explique que ceux qui achètent ces ruchettes, souvent de jeunes apiculteurs, le font pour augmenter rapidement leur cheptel puisqu’il est impossible d’acheter des abeilles des États-Unis. «Un apiculteur peut faire ses ruches, mais il faut une année ou deux pour cela.»

Ainsi, il espère que ceux qui ont vendu les ruchettes au Québec seront retrouvés et sanctionnés. M. Labonté croit bien que c’est du côté de la Montérégie, sans pouvoir l’affirmer à 100% qu’elles se sont retrouvées.  «Je suis la situation, que je trouve déplorable, de très près», a-t-il encore mentionné.

Il estime qu’il est possible d’éviter la propagation même si la COVID-19 empêche le travail sur place. Et si jamais le petit coléoptère s’incruste dans des ruches saines, il y a toujours des trappes pour les prendre, mais cela amène des coûts supplémentaires et des pertes de miel.

Un autre coup dur pour les apiculteurs, «frappés de toutes parts», comme le souligne M. Labonté. En effet, même s’ils ont déjà eu à faire face à plusieurs situations difficiles, ces producteurs se retrouvent désormais avec des abeilles qui vivent moins longtemps qu’auparavant, notamment à cause des néonicotinoïdes qu’on retrouve dans les graines de semences. «Si elles vivaient quatre ou cinq ans avant, aujourd’hui c’est deux ans maximum», fait-il remarquer. Jean-Marc Labonté déplore le fait que l’apiculture reste, encore aujourd’hui, le parent pauvre de l’agriculture, même si  l’abeille est indispensable à l’écosystème. «Une ruche pollinise 500 000 fleurs par jour. Les agriculteurs en ont besoin et ils comprennent leur importance quand on leur explique», dit-il.

Dans la situation actuelle, le Québec ne produit presque plus de miel. «Il faut aller le chercher dans l’Ouest canadien. L’Alberta produit 55% du miel au pays. J’espère donc qu’on va poursuivre l’individu qui a vendu les ruchettes contaminées», souhaite-t-il.