GMF : le ministre «choque» et «démoralise» les omnis

VICTORIAVILLE. Décidément, le torchon brûle entre les médecins d’ici et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, au sujet des services de consultation que doivent rendre les quatre Groupes de médecine familiale des Bois-Francs. Mais personne n’accepte d’identifier les offres des uns et de circonscrire les attentes de l’autre.

Entre les deux pour ainsi dire, la députée d’Arthabaska, Sylvie Roy dit «sentir réellement un problème d’accessibilité».

«Pas une semaine ne se passe sans que j’entende parler de cas. Et il y en a des pathétiques!» Elle raconte des histoires de gens sans médecin de famille, d’autres qui se font renouveler des prescriptions de médicaments (diabète) pour cinq ans, etc.

Elle précise qu’elle ne peut juger si les quatre GMF respectent ou non l’esprit du contrat qui les lie au ministère.

La députée considère toutefois qu’il est difficile pour la population de savoir où et quand les cliniques sont ouvertes, le soir et les fins de semaine. «La fin de semaine, il n’y a qu’un seul point de service ouvert», note-t-elle. Elle poursuit en disant qu’on s’attend à ce qu’un GMF se compose de huit ou neuf médecins. Mais ce n’est pas le cas ici.

Dans les Bois-Francs, les quatre GMF comptent 14 cliniques sur le territoire des MRC d’Arthabaska et de L’Érable, de Warwick à Lyster, souligne la députée. Ils s’allient entre autres pour offrir des consultations (sur rendez-vous) le vendredi soir, le samedi matin et le dimanche matin, au Centre de prélèvements (boulevard des Bois-Francs Sud à Victoriaville) et une fin de semaine par mois à Plessisville.

Cette «mini-urgence» s’était créée au moment où, il y a trois ans, les GMF des Bois-Francs demandaient un renouvellement de leur accréditation, comme le rappellent les docteurs Pierre-Hugues Blanchard, Sylvain Labbé, Pierre Belle-Isle et Louis Auger, ces médecins étant responsables des quatre GMF du territoire.

Choqués et démoralisés

En réponse à notre demande d’entrevue, ils ont fait parvenir une lettre à La Nouvelle Union (http://www.lanouvelle.net/Opinion/Tribune-libre/2015-01-23/article-4018732/Les-medecins-de-famille-d%26rsquo%3Bici-reagissent/1) où ils disent à quel point ils ont été «surpris puis choqués et, pour beaucoup, finalement démoralisés devant les charges politiques» dont ils ont été la cible au cours des derniers jours.

Depuis avant les fêtes, tant en entrevue avec La Nouvelle Union que par voie de communiqué de presse, le ministre Barrette menace de retirer leur subvention aux GMF qui ne respectent pas les cibles prescrites (nombre de patients, heures travaillées). Avant Noël, il avait visé particulièrement les GMF d’ici en leur reprochant de ne pas ouvrir le soir et les fins de semaine, ce qui avait fait bondir les médecins, répliquant que le ministre ne disposait peut-être pas des informations mises à jour.

Le ministre aurait sévi pour 24 GMF du Québec, ceux d’ici n’en faisant toutefois pas partie. (http://www.lanouvelle.net/Actualites/National/2015-01-24/article-4019622/Le-ministre-Barrette-ecorche-les-medecins-de-famille/1).

Une nouvelle offre

Toujours par leur lettre, les médecins sylvifrancs soutiennent avoir fait, en décembre, une offre «qui comprenait une augmentation du double des heures de sans rendez-vous la fin de semaine». Ils n’ont pas encore eu de réponse à leur proposition.

«Il n’y a pas eu jusqu’à présent de menaces de dissoudre le GMF. Nous laissons ça au ministre», écrivent-ils en réponse à un article paru jeudi dans le Journal de Montréal où le docteur Barrette aurait déclaré qu’il y a «quatre GMF qui menacent de quitter la région si on les oblige à ouvrir les soins et les fins de semaine».

Lorsqu’on demande au bureau du ministre ce que les GMF d’ici devraient ajouter à leur offre pour répondre à ses exigences, on nous répond qu’on ne peut pas commenter le statut d’un ou plusieurs GMF en particulier.

«La situation des quatre GMF de la région des Bois-Francs n’est pas différente de celle des autres au Québec. Pour obtenir le statut de «groupe de médecine familiale» (GMF), une clinique médicale doit s’engager à offrir des heures d’ouverture étendues et à inscrire un certain nombre de patients. En contrepartie, la clinique reçoit une subvention gouvernementale pour soutenir ses opérations, par exemple en embauchant une infirmière. Certains GMF ne respectent pas les conditions de l’entente et s’exposent à des conséquences», écrit l’attachée de presse du ministre.

Les omnipraticiens des Bois-Francs concluent leur lettre en disant qu’ils ne commenteraient pas leur intention si l’accréditation de leur GMF devait leur être refusée. «Nous préférons attendre les voies officielles habituelles et nous déciderons de notre avenir comme nous l’avons toujours fait soit en collaboration harmonieuse entre nos médecins, le centre de santé, l’agente et le ministère», écrivent-ils enfin.