Expo Rénovation toujours debout grâce à la prévention

Le début d’incendie du 31 août aurait pu prendre une tournure dramatique. Le chef pompier est catégorique : sans la présence des gicleurs, l’usine Expo Rénovation du boulevard Industriel à Princeville aurait été réduite en cendres et 40 travailleurs se seraient retrouvés au chômage.

Pour sensibiliser tous les dirigeants d’entreprises à l’importance de la prévention, le directeur d’usine Réjean Côté et le directeur du Service de sécurité incendie, Christian Chartier, ont accepté d’accorder une entrevue sur les lieux mêmes de l’incident.

Le début d’incendie s’est produit, rappelons-le, vers 21 h 30 le jeudi 31 août. «Une guenille imbibée, placée dans une chaudière qui en contenait d’autres, a pris feu, une combustion spontanée à la suite d’une réaction chimique. Les flammes ont monté le long de l’établi. Heureusement, cela se trouvait au milieu de l’usine, loin des murs, et l’établissement était giclé», souligne Christian Chartier.

Ainsi, le système d’alarme a rapidement détecté le début d’incendie, déclenchant les gicleurs qui ont fait le travail, déversant une bonne quantité d’eau pour éteindre les flammes.

Une alarme générale a été sonnée à la caserne princevilloise. Une vingtaine de pompiers ont répondu à l’appel. À son arrivée, le premier officier a constaté que les gicleurs fonctionnaient.

«On n’a pas hésité à défoncer une porte pour faire irruption dans l’usine. Il y avait beaucoup de fumée. Nous avons effectué des vérifications pour nous assurer qu’il n’y ait aucune propagation et nous nous sommes dépêchés d’aller arrêter les gicleurs. On a pu sauver bien des meubles», relate le directeur du Service de sécurité incendie.

Le directeur d’usine a de bons mots pour les sapeurs. «Leur intervention a été rapide. Ils ont limité les dégâts, car nous aurions pu subir par l’eau davantage de dommages», affirme Réjean Côté.

Dès le vendredi midi, tout avait été remis à jour, dit-il. «Et le lundi matin, les opérations reprenaient à 100%», note-t-il.

La directeur d’usine avoue avoir été secoué par l’événement. «Je travaille pour l’entreprise depuis 25 ans. C’est la première fois que je vis un tel incident. Ça marque sur le coup, confie-t-il, et ça suscite un questionnement.»

Grande collaboration

En matière de prévention incendie, indique Christian Chartier, les pompiers visitent tous les trois ans les entreprises, usines et industries, tout ce qui est considéré, en fait, comme des risques élevés et très élevés.

Et chez Expo Rénovation, la brigade incendie obtient toujours une très grande collaboration.

«Je les félicite. On obtient chaque fois, ici, une excellente collaboration. Ça nous permet de sauver bien du temps, de sauver l’usine. Expo Rénovation a toujours été à l’avant-garde, leur système a toujours été à la hauteur», commente le directeur Chartier.

Pour l’entreprise, la sécurité constitue une priorité. «Les dirigeants y sont très sensibles. Pour nous, il n’y a aucune hésitation pour tout ce qui touche la sécurité, c’est primordial», soutient Réjean Côté.

Tant M. Côté que le chef Chartier espèrent que leur message portera et qu’il éveillera des consciences auprès des dirigeants des autres entreprises. «Oui, il y a  la question de la productivité, mais on ne doit pas mettre de côté la sécurité du personnel. Cela a de l’importance au-delà des profits. Un sinistre met à pied des gens, constitue un casse-tête pour les dirigeants et met même en péril l’avenir de l’entreprise. Il arrive qu’après un incendie, l’entreprise quitte pour reconstruire ailleurs»», indique Christian Chartier.

Une destruction d’Expo Rénovation aurait été bien désolante. L’entreprise fonctionne très bien, employant quelque 80 personnes sur deux plans à Princeville. Elle fabrique des meubles sur mesure pour le secteur commercial, restaurants, banques, édifices à bureau et autres.

Expo Rénovation a récemment terminé un projet à Edmonton et un autre au Reine Élizabeth à Montréal. En 2014, l’entreprise a réalisé un «glorieux contrat» avec le vestiaire du Canadien de Montréal.

Beaucoup de chemin à parcourir

Il est assez long le chemin en matière de prévention incendie, et parfois les préventionnistes se butent à certains.

«J’en discute avec d’autres préventionnistes, et partout au Québec, les pompiers font face à des récalcitrants, signale Christian Chartier. Nous avons la responsabilité de faire respecter  des normes minimales. Oui, il y a un certain coût. Mais ce qu’on applique, ce sont des normes minimales. On pourrait même faire davantage. La prévention a peut-être un coût, mais, ici, on vient d’éviter un drame. Parlez-en aux employés!»

Les pompiers n’ont donc pas droit partout à une bonne collaboration des entreprises. «On dit parfois que nous sommes trop sévères. Mais parlez-en aux employés, ici, qui ont encore leur emploi et qui sont très heureux que le bâtiment soit encore debout. Expo Rénovation représente un exemple à suivre pour les autres usines au Québec», insiste-t-il.

À Princeville, constate le directeur Chartier, certaines usines ne possèdent pas de gicleurs. D’autres en possèdent, mais ils ne sont pas fonctionnels. «Pourtant, un système de gicleurs, c’est comme avoir un pompier en permanence dans l’usine. Encore faut-il qu’il soit relié à un système d’alarme», fait remarquer le chef pompier.

Même chose, par ailleurs, pour les systèmes d’alarme, certains sont conformes, d’autres non, tout comme certains sont reliés à une centrale d’alarme et d’autres ne le sont pas.

«Dans nos visites de prévention, signale Christian Chartier, on s’assure que les systèmes soient conformes pour éviter les problèmes. Il est fort important aussi que les systèmes soient bien entretenus, que la maintenance soit effectuée. On nous trouve parfois zélés, mais la prévention, ça n’a pas de prix.»

Les pompiers en appellent à la bonne volonté, au gros bon sens des gens. «Je sais bien qu’il existe des gens, des non-conformistes, mais il faut bien se le dire, il y a une raison pour la règlementation. On ne demande pas l’installation de systèmes par plaisir et pour faire dépenser de l’argent», rappelle Christian Chartier qui continuera à marteler l’importance de la prévention.

«On continue à miser là-dessus parce que cela porte fruit. Le nombre d’incendies diminue. À ce jour, cette année, nous n’avons pas eu d’incendie important de bâtiment», conclut-il.